TOUT EST DIT

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lundi 6 février 2012

Complotite aiguë  

ça ressemble à une nouveauté. Ca brille comme une nouveauté. C’est séduisant comme une nouveauté. Mais c’est un produit recyclé…. La théorie du complot ne date pas d’hier mais en ces temps de crise elle connaît un succès français aussi inquiétant qu’inattendu, et d’autant plus spectaculaire qu’elle répond à des interrogations sans réponse. Un film si puissamment anxiogène qu’il parvient à noyer les vraies questions sur la situation du pays. Ça marche toujours : plus la menace est vague, et plus elle est efficace. Les politiques, effrayés par leur impuissance à peser sur les grands équilibres économiques, ont, les premiers, brandi le glaive contre l’ennemi invisible. François Hollande n’a-t-il pas théâtralement déclaré la guerre à « la finance internationale. » Avant lui, Nicolas Sarkozy avait depuis longtemps promis de tordre le cou aux pirates des paradis fiscaux. On a vu le résultat. Et voilà que les journalistes s’y mettent. Avec circus politicus, qui a fait le buzz cette semaine, deux d’entre eux dénoncent les réseaux occultes qui manipuleraient les démocraties du monde. Les dirigeants de nos pays ne seraient que des marionnettes de quelques officines cosmopolites déterminées à profiter de la faiblesse du reste de l’humanité. Comme toujours, ces démonstrations sont à première vue convaincantes, reposant invariablement sur des enquêtes « fouillées » et menées aux quatre coins du monde. Les éléments de preuves, il y en a, sont presque trop bien ficelés, cependant, pour ne pas inspirer la méfiance. C’est toujours la même histoire : quand on pose un postulat, il est assez aisé de trouver les éléments qui le rendent cohérent. Les illuminati seraient donc toujours à l’œuvre à moins que les scénaristes avec cartes de presse n’aient trop regardé la série « The Event ». Cette façon de mettre nos sociétés sous tension est une de ces manipulations, officiellement pour la bonne cause, mais non sans visées commerciales, qui n’est pas sans risque. De la mise en cause des élites souterraines à l’ostracisation d’un groupe ou d’une communauté, il n’y a qu’une frontière mince qu’en d’autres temps certains ont franchie en véhiculant le pire. Instrumentaliser certaines vérités pour achever de déconsidérer la démocratie représentative n’est assurément pas recommandable.

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