TOUT EST DIT

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jeudi 2 février 2012

Bayrou fait le pari de la vérité

Et de deux. Après François Hollande et en attendant Nicolas Sarkozy, le troisième présidentiable de cette campagne, François Bayrou, a présenté, hier, son projet économique. L'un et l'autre ont le mérite de jouer cartes sur table et d'alimenter deux mois et demi de débats et de comparaisons.

Pour François Bayrou, qui ambitionne de figurer au second tour en lieu et place de Nicolas Sarkozy, il fallait accélérer le pas pour tenter de dégeler les sondages. Depuis le discours du Bourget, François Hollande a élargi son espace, contraignant le candidat centriste à faire entendre haut et fort sa différence.

Son projet retient d'abord l'attention par le fait que les masses budgétaires qu'il mettrait en oeuvre s'il était élu sont à la hauteur des déficits. À la différence du Parti socialiste, qui ne tarit pas la dépense publique et qui finance son projet par les seuls prélèvements nouveaux, François Bayrou propose les deux.

Le seul gel des engagements de l'État pendant deux ans revient à faire financer les économies par l'inflation, sans qu'il ne soit plus besoin d'emprunter pour boucler les fins de mois.

Seconde remarque qui renforce la crédibilité de son programme : les recettes - souvent des prélèvements nouveaux - sont fondées sur une croissance modeste, comprise entre 0,2 et 1,5 %, moitié moins que la prévision de l'UMP ou du PS. Autrement dit, tout surcroît d'activité dégagerait autant de marge de manoeuvre supplémentaire pour désendetter le pays et pour financer les priorités.

Troisième observation, le dosage retenu par François Bayrou rend difficile la classification de son programme. La droite lui reprochera d'imposer trop lourdement les hauts revenus. De revenir sur la défiscalisation des heures supplémentaires et sur la TVA sociale qu'il juge inefficace. De donner trop de pouvoir aux salariés dans l'entreprise.

La gauche, elle, dénoncera un plan d'austérité à cause de la remise en ordre - assez sévère - des finances publiques et d'une hausse - modeste - de la TVA.

Se voulant plus juste et plus cohérent que le bilan de la droite, plus réaliste et plus ambitieux que la gauche, plutôt flottante sur le retour à l'équilibre des comptes, François Bayrou reste ferme dans son « ni droite ni gauche ». Exemple : les effectifs de fonctionnaires diminueraient, mais plus selon le « un sur deux » jugé trop systématique de Nicolas Sarkozy. Et pas dans l'Éducation nationale, son autre investissement d'avenir, avec l'industrie.

Au-delà du fait qu'il sera jugé trop timoré par les uns, et trop sévère par les autres, le projet Bayrou, par son ampleur, pose tout de même la question de son impact sur la croissance. Injecter 50 milliards de moins dans l'économie et prélever 50 autres milliards de plus ne serait pas neutre. Mais existe-il d'autres traitements pour tirer le pays de l'anesthésie de la dette ?

La seconde et éternelle question est de savoir avec quels moyens politiques un président Bayrou ferait adopter son projet. Là, on est dans la politique-fiction. Lui, dirait dans l'espoir raisonnable. Mais face à une gauche dont la dynamique neutralise les velléités de dissidence, le candidat béarnais ne peut compter que sur un effondrement suivi d'un éclatement de la droite. En politique, un bon projet sans les bonnes alliances n'est que papier.

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