TOUT EST DIT

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lundi 23 janvier 2012

Le spectre de Mitterrand derrière le discours de Hollande

On pourrait appeler cela la querelle du modèle et des anti-modèle. Oui, il y avait bien quelque chose de cet ordre, dimanche 22 janvier, dans la prestation de François Hollande au Bourget. Comme une volonté de se démarquer de ceux qui, les trois dernières fois, ont perdu. Comme un souhait de s'inspirer du seul, qui, jusque-là, a ouvert à la gauche les portes de l'Elysée.

Eux, ce sont Lionel Jospin et Ségolène Royal. Candidat à la présidentielle, M. Jospin avait tenu ses premiers meetings plus tard : en 1995, c'était le 21 mars, à Lille ; en 2002, c'était le 7 mars, à Rennes. M. Hollande sait trop bien que les présidentielles se sont généralement "jouées" entre mi-janvier et fin février pour ne pas avoir retenu la leçon : mieux vaut mobiliser en janvier. Comme Nicolas Sarkozy en 2007.
Ségolène Royal, elle, avait tenu son premier grand meeting à Villepinte (Seine-Saint-Denis), le 11 février 2007. Trop tard, elle aussi : à cette date, le match était plié. De l'entrée en campagne de son ex-compagne – jamais nommée et absente des clips consacrés à sa vie –, M. Hollande ne s'est pas non plus inspiré. Il faut dire que la tonalité avait dérouté. Elle avait dévoilé les 100 propositions de son "pacte présidentiel". Au risque de tomber dans le catalogue.
HOLLANDE N'A QU'UN SEUL MAÎTRE
François Hollande, en réalité, n'a qu'un seul maître : François Mitterrand. A deux jours près, trente et une années séparent leurs deux premiers grands discours de campagne. En 1981, c'est le 24 janvier que le premier secrétaire, tout juste investi candidat, s'était lancé dans la bataille.
Et qu'entendit-on, ce jour-là ? Une dénonciation du pouvoir personnel, de "l'arbitraire des hommes choisis par le chef de l'Etat pour informer et déformer". Une valorisation du Parlement et du premier ministre ("On le voit, mais à quoi sert-il ?"). La noire vision d'une France qui "bat en retraite". Une ode à la République autant qu'au socialisme. Un cri d'amour charnel au pays, à ses "routes", ses "maisons", ses métier
Une déclaration de guerre aux "privilèges des maîtres de l'argent". "Je m'émerveille [à] aimer les gens", disait Mitterrand. "J'aime les gens quand d'autres sont fascinés par l'argent", a assuré M. Hollande.
"Mon véritable adversaire, il n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature. Il ne sera jamais élu et pourtant il gouverne : cet adversaire, c'est le monde de la finance", a aussi lancé M. Hollande. Des propos qui rappellent ceux de Mitterrand, qui prônait la rupture avec "toutes les puissances de l'argent" au congrès d'unification des socialistes à Epinay en juin 1971.


Le député de la Corrèze le dit souvent : M. Sarkozy est dans la situation de M. Giscard en 1981, et lui, dans celle de Mitterrand à l'époque. Pas étonnant, dès lors, que, pour son premier grand meeting, le candidat d'aujourd'hui ait calqué ses mots et ses thèmes sur ceux du candidat d'hier.

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