TOUT EST DIT

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samedi 7 janvier 2012

De la polémique stérile au dialogue fécond

« Dans la crise actuelle, quelle serait, selon vous, la formule de gouvernement la plus efficace après la prochaine élection présidentielle ? » À cette question posée par le journal 20 Minutes, un sondage récent de l'Institut CSA donnait 55 % de réponses favorables à un gouvernement d'union nationale qui réunirait les meilleures personnalités de gauche, de droite ou du centre.

L'idée de coresponsabilité face aux grands problèmes existe donc dans notre démocratie. De là à constituer un gouvernement d'union nationale, il y aurait beaucoup de chemin à parcourir et beaucoup d'embûches à éviter si l'on voulait réellement y parvenir...

Il n'en reste pas moins que, sur un certain nombre de problèmes, des solutions faisant consensus devront être trouvées. De toute manière, elles s'imposeront par nécessité à tous. Cependant, il serait plus constructif qu'elles ne soient pas seulement subies mais, au contraire, qu'elles emportent une adhésion active des citoyens.

C'est cela que signifie, en réalité, la réponse au sondage évoqué ci-dessus. C'est cela qu'il ne faudrait pas rendre plus difficile, voire impossible par des polémiques de bas étage qui dévoieraient le débat démocratique dont nous avons besoin.

Malheureusement, la campagne électorale, qui n'est pas encore légalement commencée, semble déjà bien mal lancée : petites phrases quasi insultantes par-ci, calomnies par-là n'augurent rien de bon. De plus, le système qui personnalise à l'extrême la compétition fait que le respect dû à la personne des candidats peut être rapidement mis en cause. On a déjà constaté un certain nombre de dérapages. On risque alors de voir se développer un débat de plus en plus violent et agressif, entraînant soit une polarisation sur les extrêmes, soit une désaffection, sinon un dégoût, qui multiplierait les abstentions.

Se respecter mutuellement

La langue française est riche en expressions concernant les échanges d'idées entre les groupes et les personnes : « polémique », c'est-à-dire discussion agressive, mot venu du grec signifiant « qui a à voir avec la guerre » ; « controverse » qui étymologiquement évoque un choc ; « confrontation » ; « contestation » ; « discussion » ; « débat », mais aussi « dialogue ». Ce dernier mot évoque le terme « logos », la force de la parole partagée, échangée.

La démocratie est une belle et noble invention qu'il s'agit de pratiquer, de sauvegarder, à laquelle il faut donner vie pour qu'elle s'améliore toujours et permette l'épanouissement de ceux qui en font partie d'une manière ou d'une autre. C'est pour cela qu'il faut éviter d'abaisser le débat et savoir passer de la polémique stérile au dialogue fécond. De toute manière, salir l'adversaire, le démolir, l'écraser ne peut que rendre plus difficile l'avenir et, en particulier, la nécessaire cohésion de la société. Au contraire. C'est en respectant chacun que chacun se sent davantage devenir citoyen, membre effectif de la démocratie. C'est cela que favorise le dialogue, la discussion respectueuse de l'autre. C'est là que réside la fécondité démocratique.

« Entrer authentiquement en dialogue, c'est accepter de faire le plus long chemin possible avec l'interlocuteur. Une discussion véritable permet d'identifier le plus précisément possible la question qui se pose, puis de s'éclairer mutuellement sur les possibilités d'y apporter effectivement réponse... avant qu'on puisse trancher en son âme et conscience, selon ce qu'on estime être juste et vrai, juste et bon ». (1)

Ce texte résume bien la manière dont nous devrions avancer pour éclairer les choix à venir. Pour notre part, c'est dans cet esprit d'écoute, de repérage des enjeux essentiels et d'approfondissement que nous entendons couvrir la campagne présidentielle qui s'engage. Nous débutons cet effort aujourd'hui, en fin de journal, par une série sur ce qui a changé dans la vie quotidienne des Français depuis 2007. Ensuite, nous passerons en revue les nombreux chantiers qui attendent le futur président de la République.



(1) Mgr Joseph Doré, « À cause de Jésus ! Pourquoi je suis demeuré chrétien et reste catholique », Éditions Plon.

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