TOUT EST DIT

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mercredi 3 août 2011

Le bras de fer se poursuit autour de la Joconde

L'Italie demande au Louvre de lui prêter l'oeuvre en 2013. Le musée lui oppose un refus catégorique.

Silvano Vincenti n'en démord pas. Il en a vu d'autres, c'est vrai. Ancien journaliste et président du Comité national pour la valorisation des biens historiques, culturels et environnementaux, l'homme s'est fait une spécialité des découvertes contestées sur Léonard de Vinci : après avoir clamé que les yeux de La Joconde comprenaient les initiales LS (comme Leonardo et Salai, l'amant supposé du peintre), il a entamé un travail de fouilles dans le couvent florentin de Sant'Orsola afin d'exhumer le squelette de Lisa Gherardini, modèle supposé de Vinci, et de le comparer au célébrissime portrait. Fin juin, il entamait l'acte III de son drame médiatico-historique en demandant par voie de pétition que La Joconde soit prêtée à Florence en 2013. Une réclamation relancée il y a quelques jours dans une série de tables rondes et réitérée mardi dans le quotidien La Stampa, malgré la fin de non-recevoir du Louvre.
"La Joconde à Florence, voilà pourquoi c'est possible", tel est le titre de la tribune publiée le 2 août. Silvano Vincenti y réaffirme son but : soutenir le "projet itinérant" du comité consacré aux lieux où Léonard de Vinci a vécu et travaillé - un événement visant, selon lui, à développer une nouvelle forme de tourisme culturel dans la province de Florence. Il souligne, en outre, le soutien que cette dernière lui a accordé en autorisant les fouilles de Sant'Orsola. Surtout, il s'applique à défaire les arguments du Louvre pour refuser le prêt. Vincent Pomarède, conservateur en chef du département des peintures, avait en effet affirmé à plusieurs reprises que le tableau ne pouvait quitter le musée sans risquer d'irréparables dommages. "Il est sorti de France par trois fois, réplique Silvano Vincenti. Une fois, il a été exposé aux États-Unis, une autre fois en Russie et au Japon, à une époque où les techniques de transport des oeuvres étaient primitives si on les compare avec celles dont nous disposons aujourd'hui". Soit en 1963 pour la première, en 1974 pour les deux autres.
Centenaires croisés
Au Louvre, on balaye ces contre-arguments d'un revers de main. "La Joconde est peinte sur un panneau de peuplier qui s'est légèrement bombé avec le temps, explique le musée. Dans les années quatre-vingt, nous y avons découvert une fente qui rend un nouveau déplacement beaucoup trop risqué, quelles que soient les conditions de transport." Un des voyages de 1974 aurait causé cette dégradation : un nouveau déplacement l'aggraverait. Le Louvre conserve aujourd'hui son joyau dans une vitrine spéciale, protégée non seulement des variations de lumière, de température et d'humidité, mais aussi des vibrations de la salle. La Joconde n'est décrochée qu'une fois par an pour que les spécialistes observent son état. Hors de question donc qu'elle quitte les salles. A fortiori si, comme ici, aucune demande officielle de prêt n'a été déposée. "Il s'agit de démarches très précises, souligne le musée. Qui s'organisent, pour de tels chefs-d'oeuvre, jusqu'à six ans avant la date d'exposition."
En l'espèce, le comité s'y prend un peu tard, puisque c'est en 2013 que l'Italie veut revoir sa Monna Lisa : pour fêter les 100 ans de son dernier passage dans la capitale de Toscane. Volé en août 1911 au Louvre par un ouvrier en bâtiment, Vincenzo Peruggia, dont on apprit plus tard qu'il avait travaillé au musée (et qu'il avait même fixé la boîte vitrée qui protégeait l'oeuvre !), le tableau y était en effet réapparu deux ans plus tard. Arrêté, Vincenzo Peruggia avait dit qu'il voulait réparer une injustice : commencé en Italie, le tableau devait y demeurer. Depuis, un léger parfum de bisbilles diplomatiques plane autour de Monna Lisa. Et Silvano Vincenti a beau se défendre en disant qu'il n'a pas voulu "déclarer la guerre", sa véhémence n'est pas faite pour le dissiper.

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