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dimanche 25 décembre 2011

En Grèce, exporter du naturel pour résister à la crise

CRISE - «La seule chose qui nous fasse peur, c'est le retour à la drachme»...

"La seule chose qui nous fasse peur, c'est le retour à la drachme": Exportatrice et surfant sur la vague verte, l'entreprise grecque de literie Coco-mat se veut un modèle pour la relance de l'économie nationale, à condition que la crise lui en laisse le temps.
Parmi les rares success-story que le pays ait produit ces dernières années, la société au catalogue écolo haut de gamme, incluant blanc et ameublement, vient en pleine récession nationale d'ouvrir une boutique à Paris, de prendre pied au Moyen-Orient, à Jeddah (Arabie saoudite), et d'ajouter trois adresses à son réseau de distribution en Chine.
Le risque d'une sortie de l'euro explique le coup d'accélérateur donné aux exportations
Une expansion qui reflète l'ambition d'une petite entreprise de matelasserie, créée au système-D il y a 20 ans, de devenir un "label mondial" du "100% naturel", souligne son directeur général Costas Maltezos, 35 ans, au siège lumineux tout en bois blanc de la société, dans la banlieue athénienne de Kifissia. Même s'il n'y croit pas vraiment, le risque d'une sortie de l'euro est "une des raisons du coup d'accélérateur donné aux exportations", dans la droite ligne de ce que prône le gouvernement grec pour inverser la tendance suicidaire au tout import de ces dernières années.
"Un retour à la drachme serait très difficile car nous importons beaucoup de matière première d'Europe du nord". Présente dans dix pays, la société "espère en 2012 une hausse de 30 à 40% de son chiffre d'affaire", près de 60 millions pour 2010, mais marqué en 2011 par un recul "d'environ 15%" sur le marché grec, étranglé par la rigueur.
Le groupe, dont le plus gros de la production est assurée à Xanthi, près de la frontière avec la Turquie, réalise en Chine la moitié de son chiffre d'affaires. "Nous profitons des bateaux qui repartent à vide" après avoir convoyé des produits chinois, "l'Europe n'exporte vraiment plus grand chose", avance Maltezos.
Dans un pays surendetté, où les banques n'injectent plus aucune liquidité, Coco-Mat se targue de n'avoir aucun emprunt, résultat d'investissements prudents. Ce qui lui permet désormais de profiter de la déprime de l'immobilier pour acquérir ou louer des surfaces jusqu'à cinq fois moins chers qu'il y a deux ans.
«Plus tu vas au nord plus les choses sont simples, plus tu vas au sud plus tout se complique»
Pour Maltezos, embauché comme vendeur en 2000, la bonne tenue du groupe dans l'actuelle tourmente découle d'une gestion à contre-pied de celle du monde grec de l'entreprise, dont il fustige les "mauvaises habitudes": "depuis 1995 surtout, entre l'afflux de main d'oeuvre immigrée à bas prix et la libéralisation du crédit, c'était devenu une honte de travailler, le must c'était de flamber, et d'utiliser les profits pour jouer en bourse ou investir dans l'immobilier".
Sous la houlette de son fondateur, le quinquagénaire Paul Evmorphidis, qui traverse cet hiver l'Europe en vélo, vit à Amsterdam et parle une demi-douzaine de langues, Coco-mat a au contraire selon Maltezos suivi un modèle mêlant "travail, innovation et éthique sociale", avec notamment quelque 10% d'employés handicapés.
Paul Evmorphidis et son frère et associé Makis, juriste formé en France, "ont beaucoup bourlingué en Europe du nord", relève Maltezos, pour qui "plus tu vas au nord plus les choses sont simples, plus tu vas au sud plus tout se complique".
Mais le fort potentiel de développement vert de la Grèce, allié "à l'espèce d'hédonisme et à la grande ingéniosité" de ses habitants ont aussi compté, selon lui. En atteste le parcours d'autres entreprises nationales érigées en modèle, comme l'enseigne de cosmétiques "naturels" Korrès.
"La Grèce a une liste précise de choses à faire: promouvoir sa nature et son capital humain", insiste Maltezos. On croirait entendre l'ex-Premier ministre socialiste Georges Papandréou, élu en 2009, qui a pourtant du remballer ces ambitions pour le pays quand il a été évincé, en novembre, au profit de l'ex-banquier central Lucas Papademos au vu de l'aggravation de la crise budgétaire.

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