TOUT EST DIT

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jeudi 22 décembre 2011

Dégradations

Si l'heure n'était pas aussi grave, si l'euro, dix ans après sa création, n'était pas menacé, on pourrait s'amuser du contorsionnisme politique.

Ne voulait-on pas nous faire croire, il y a deux mois, à la sincérité d'une loi de finances bâtie sur une croissance de 1,75 % ? Il a fallu ramener vite la prévision à 1 %, tailler dans la dépense et relever les impôts. Et, alors que budget et plan de rigueur se croisent au Parlement pour un vote ultime, l'Insee déclare la récession.

La dégradation de notre note n'était-elle pas une catastrophe, selon Nicolas Sarkozy ? Opération déminage : depuis que la digue de la confiance cède sous les assauts des agences de notation, elle devient un obstacle presque banal.

N'avait-on pas trouvé, le 9 décembre à Bruxelles, la solution pour restaurer la confiance ? En dépit de son intérêt à long terme, le projet de traité ne règle en rien la dette qui continue d'enfler. Ce n'est pas en prêtant aux banques - qui ne prêtent plus aux États - que la BCE va sauver les pays en difficulté.

Le gouvernement ne nous assure-t-il pas que notre système bancaire est invulnérable ? Faute de dépôts publics suffisants, voici qu'il ne parvient pas à prendre totalement le relais de feu Dexia. C'est une autre bombe à retardement : il risque de manquer des milliards de liquidités pour financer les collectivités et les hôpitaux.

Il faut dire que la menace dégradante des agences de notation rend l'exercice politique infernal. Si le pouvoir l'ignore, il est soupçonné d'irresponsabilité. S'il dit la vérité, il déclenche la panique. S'il anticipe la récession, il l'accroît. Ce qu'on appelle un processus autoréalisateur.

Gros dos

La multiplication des plans de rigueur et des sommets - tous de la dernière chance - achève de miner la confiance. Les Français voient bien que l'austérité décrétée partout en Europe ralentit les exportations, freine l'investissement et la consommation - les épargnants doivent piocher dans leur assurance-vie ! - et propulse le chômage vers les 10 %.

Devant cette spirale infernale, présidentielle oblige, le pouvoir feint la sérénité. L'opposition la lucidité.

En réalité, la majorité a décidé de faire le gros dos et de n'admettre la récession que lorsqu'elle aura eu lieu, après deux trimestres dans le rouge. Elle espère, sans trop y croire, que la réserve budgétaire de six milliards permettra d'atteindre mai, malgré plus de dépenses sociales, moins de recettes et des emprunts plus chers. Nicolas Sarkozy, sous le prétexte opportun qu'il ne peut pas quitter le pont, retardera autant que possible sa candidature.

L'opposition poursuivra son offensive antisarkozyste. Mais la critique d'une politique prise à contre-pied par la crise masque mal son embarras programmatique et ses divisions. Sans le clamer, François Hollande va s'éloigner du programme socialiste et de ses « amis » de gauche pour annoncer, le plus tard possible lui aussi, un projet étalé dans le temps et centré sur des orientations plus que sur des propositions.

On ignore à qui profitera la crise. Le verdict des urnes sera peut-être différent de la photographie des sondages. En revanche, on sait qu'il faudra payer. Car d'autres plans sont prévus dont la facture tombera... après le 6 mai.

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