TOUT EST DIT

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mardi 27 décembre 2011

Combattre le chômage sans fatalisme ni tabous

Les conséquences de la crise économique sont, hélas !, implacables. Chaque jour depuis trois mois, la France compte un millier de chômeurs supplémentaires. En un an, quelles que soient les catégories retenues, le chômage a progressé de plus de 5 %. Selon les derniers chiffres, l'on comptait, en novembre, 2 844 800 demandeurs d'emploi, soit le plus mauvais résultat depuis douze ans.

Pour la France entière, départements d'outre-mer compris, deux seuils symboliques ont été franchis : plus de 3 millions de chômeurs de catégorie A et plus de 5 millions d'inscrits à Pôle emploi, toutes catégories confondues. La dégradation est encore plus forte pour les plus de 50 ans (+ 15 %), pour les femmes (+ 7 %) et pour les chômeurs de longue durée (+ 7 %).
L'espoir exprimé par Nicolas Sarkozy de ramener le chômage sous le seuil de 9 % de la population active avant la fin de son mandat ne se réalisera donc pas. Avec la récession annoncée, c'est au contraire la barre des 10 % qui sera franchie en 2012 contre à peine 6 % en Allemagne.
Le chef de l'Etat ne pouvait imaginer pire contexte pour briguer un second mandat. Il a été d'autant mieux avisé, le 1er décembre à Toulon, d'inviter les partenaires sociaux à un sommet sur l'emploi, le 18 janvier, afin que "chacun puisse apporter des solutions, faire des propositions". "La crise ne doit pas nous faire baisser les bras", avait ajouté M. Sarkozy. Mieux vaut tard que jamais. Mais c'est bien tard, et pour deux raisons qui ne permettent guère d'espérer des miracles de ce prochain rendez-vous. La première tient à l'état des relations entre l'Elysée et les centrales syndicales.
Nicolas Sarkozy avait pourtant marqué des points au début de son mandat. En 2007, il avait négocié avec pragmatisme la loi sur le service minimum dans les transports, puis la réforme des régimes spéciaux de retraite. Il avait ensuite eu le courage de réformer les règles archaïques de la représentativité, afin de rendre les syndicats plus légitimes et de faire progresser la démocratie sociale. Mais, depuis deux ans, la réforme des retraites menée au pas de charge, sans réelle concertation, a installé un climat de défiance qu'il sera bien difficile de dissiper à trois mois de l'élection présidentielle.
La seconde raison est plus profonde : le chômage de masse qui gangrène la société française signe l'échec des politiques de l'emploi menées par la gauche et par la droite depuis quarante ans. Or, au-delà de l'amortisseur des emplois aidés, autrefois brocardé par M. Sarkozy et aujourd'hui réactivé, bien des pistes méritent d'être explorées : de l'élargissement du chômage partiel (à l'Allemande) à la "flexisécurité" (à la scandinave), de la "sécurité sociale professionnelle" prônée par la CGT et la CFDT au "contrat de génération" préconisé par M. Hollande ou à l'allégement des charges sociales sur le travail souhaité par le patronat.
A défaut d'amorcer la décrue du chômage, souhaitons au moins que le sommet de janvier, puis la campagne électorale permettent d'affronter le problème sans fatalisme, ni tabous.

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