TOUT EST DIT

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lundi 21 novembre 2011

L'Europe d'après

La crise de la dette inquiète. Elle a changé la donne. Il y a désormais l'Europe d'avant. Il y aura l'Europe d'après. Celle d'avant a réussi l'union monétaire mais manqué l'union économique. Elle a marqué la fin du XXe siècle et raté le début du XXIe. Elle est désormais mise en cause, malmenée, objet de défiance parce qu'elle n'offre pas de vision claire pour l'avenir.

Les décisions prises par les chefs d'État et de gouvernement, le 27 octobre, sont importantes car elles organisent la réplique aux défis du moment. Elles ne sauraient suffire et leurs efforts ne doivent pas s'arrêter, comme le montrent les péripéties grecque et italienne.

L'Europe d'après ne peut plus se contenter de n'être qu'un grand marché. Elle doit retrouver ses objectifs premiers - au service de l'homme - et marquer clairement cet engagement dans un monde ultra-compétitif, où la finance l'a emporté sur l'économie réelle, l'argent sur le développement humain. C'est la condition pour que les peuples adhèrent aux efforts qui leur sont demandés.

Certes, une saine gestion des finances publiques s'impose désormais à tous. Nous ne saurions durablement dépenser plus que nos ressources et chacun va devoir se serrer la ceinture, du plus haut sommet de l'État jusque dans nos régions. Mais nous ne réussirons que si nous savons aller au-delà de l'austérité.

L'Europe doit donc se réformer pour être capable de décider vite de politiques économiques communes, destinées à retrouver une croissance et des emplois durables. C'est ainsi qu'elle défendra le mieux son modèle de société libre mais solidaire.

Elle n'échappera donc pas à une profonde évolution, voire une révolution de son mode de gouvernance. Elle doit franchir un seuil supplémentaire dans la mise en commun volontaire des compétences de nos États en matière fiscale et budgétaire et le faire démocratiquement, dans la transparence. Si tous les membres de l'Union ne sont pas d'accord pour cela, l'Europe de demain sera alors à « plusieurs vitesses ».

Chacun doit être libre d'aller plus vite et plus loin vers une intégration plus approfondie. Pour la France et l'Allemagne, c'est là une responsabilité historique. Les deux partenaires sont désormais comptables de l'avenir européen et ils doivent se rapprocher plus encore pour relancer le projet européen. La France doit convaincre son partenaire qu'elle est sérieuse et crédible quand elle prend des engagements financiers, ce qui n'a pas toujours été le cas dans le passé ; l'Allemagne doit confirmer qu'elle souhaite poursuivre l'aventure européenne et qu'elle est prête pour cela à partager sa souveraineté.

En confirmant ces engagements, au besoin par un traité bilatéral ratifié par les deux parlements, nos pays relanceraient avec solennité le processus d'intégration sans lequel l'Union risque le délitement, voire le déclassement. Mais cette relance doit se faire sur de nouvelles bases, exigeant plus de solidarités mais aussi plus de discipline. France et Allemagne formeraient le noyau dur d'une Europe plus efficace qui valoriserait mieux ses atouts de première puissance économique de la planète, en restant ouvertes à ceux qui veulent les rejoindre. Car l'enjeu des débats européens, comme des réunions internationales du G 20, est bien de savoir si l'Europe saura s'unir davantage pour additionner ses forces ou s'effacer devant ceux qui ont déjà la taille d'un continent.

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