TOUT EST DIT

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lundi 21 novembre 2011

La France des réseaux et des copains

On connaissait un DSK brillant, compétent et séducteur. Le portrait était net. Suspicion d'agression sexuelle, certitude d'un rapport à la hussarde, le coup de tonnerre de la suite 2806 du Sofitel de New York avait voilé l'image. L'affaire du Carlton a fait tomber le cadre. L'image a explosé, façon cubisme. Dominique Strauss-Kahn est aujourd'hui méconnaissable.

L'enquête démontrera si le président du FMI gérait le sort du monde depuis un portable, et sa vie privée, plus compliquée encore, à partir d'un autre.

Journaux et magazines auscultent les rapports entre politique et sexe, puissance et séduction. Peut-on se faire élire, gouverner une nation et la représenter, asseoir une légitimité, mobiliser un pays, exiger des efforts, décider d'envoyer des hommes à la guerre, et partouzer ?

Cette question légitime a une tendance fâcheuse à prendre toute la place et à occulter un phénomène. Une couche de la société française fonctionne de façon tribale. C'est un ensemble de réseaux qui s'entrecroisent et se concurrencent. Une usine à gaz de l'influence. C'est une République de copains qui s'aident, se rassurent, se promeuvent et protègent les coquins.

Si les récits lus dans la presse sont avérés, l'affaire du Carlton montrera, après d'autres, que pour devenir puissant, ou riche, ou célèbre, ou tout à la fois, au lieu de miser sur le talent, la légitimité et le travail - ce qui est une rare conjonction -, on peut se contenter d'approcher un puissant, riche et célèbre. Et pour l'approcher, il est souhaitable et souvent suffisant d'être un ami d'un de ses amis.

Alors les portes s'ouvrent, les langues se délient, les contrats se signent, les affaires se font, les nominations tombent. Et parfois même pleuvent les distinctions, les palmes, les insignes et les rosettes.

Le fait n'est pas nouveau, ni purement national, mais il est très français. Et surtout, il inquiète dans une période de crise où la société se radicalise aux extrêmes et se dépolitise au milieu.

Ces réseaux clandestins se fixent comme des parasites sur des partis politiques, des associations, des entreprises, des sociétés à vocation philosophique, des administrations, des clubs service, se nourrissent de leur substance et les détournent de leur objet.

La montée en puissance de ces réseaux, leur efficacité croissante minent la démocratie et sont en même temps le résultat de son affaiblissement.

Quand les militants désertent les partis, les intrigants se déploient. Quand les organes de contrôle, parlementaire ou judiciaire, n'ont pas la volonté ou pas les moyens d'enquêter et de corriger, les circuits de décision sont déviés, les légitimités bafouées, les impostures autorisées. Et quand le copinage envahit ces instances mêmes, on frémit.

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