TOUT EST DIT

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mercredi 30 novembre 2011

Campagne de crise

Le silence pèse aussi lourd qu'à la veille d'une guerre. Impressionnant et vertigineux : personne, jusqu'au plus haut de l'État, ne sait ce qui va se passer demain matin, avant Noël, avant la présidentielle. Personne n'ose même confier qu'il travaille sur un scénario noir, de peur que le seul fait de l'évoquer ne le déclenche. On marche au bord du précipice en croisant les doigts...

Au-delà des accusations ressassées contre les fauteurs de dette, la crise chahute le débat présidentiel. Elle permet au Président de garder l'initiative et de faire de chaque sommet et de chaque discours - le prochain, demain, à Toulon - le théâtre d'un nouveau suspense. C'est son seul mérite.

Pour la gauche, elle est un vrai casse-tête. Une récession ou une hausse des taux d'intérêts, du seul fait qu'elles sont possibles, obligent à revoir le projet. Un petit point en plus ou en moins se chiffrerait en dizaines de milliards.

François Hollande ne peut pas l'ignorer. Il le peut d'autant moins qu'il n'y a ni inflation ni dévaluation pour retrouver des marges de manoeuvres. Son principal levier pour trouver quelques moyens supplémentaires reste la justice sociale et fiscale.

Il n'est donc pas étonnant qu'il prenne ses distances avec le projet socialiste ou avec l'accord avec les écologistes, dont l'encre sèche encore. Ce faisant, il distille une sorte de message subliminal selon lequel il ne tiendra pas ses promesses. Il subit les débats plus qu'il ne les initie, comme sur l'énergie.

François Hollande va devoir dire vite ce qu'il veut et peut faire, autrement qu'en corrigeant ce qu'il a signé la veille ou qu'en réagissant aux critiques de ses alliés !

Union sacrée ?

Pour la droite, le fait que tous les pays, y compris l'Allemagne, pourraient perdre leur note n'est pas une consolation. Victime de la crise et de sa politique fiscale, elle ne peut plus réduire beaucoup la dépense publique sans prendre le risque d'accélérer la récession et de tarir la ressource fiscale. Elle ne peut pas davantage relancer l'économie et combattre le chômage par le déficit.

Pour Nicolas Sarkozy, l'autre difficulté tient à l'Europe. Les peurs qu'inspire la crise, et pas seulement en France, poussent au repli, au protectionnisme, voire à la sortie de l'euro. Or, la seule solution consiste à abandonner une part de souveraineté pour mutualiser nos politiques et porter nos fardeaux entre Européens. Même si l'opinion témoigne d'une conscience aiguë de la crise, cette contradiction sera difficile à dépasser dans l'isoloir.

Entre les deux, François Bayrou, dès ce midi, va proposer un chemin, le même qu'il y a cinq ans, lorsqu'il diagnostiquait avant tout le monde la malignité du cancer de la dette. Moins pris au dépourvu lorsque la crise est venue, il rêve d'une union des bonnes volontés au moment où la gauche est rappelée à l'ordre par son extrême gauche et la droite par son extrême droite. En témoigne le retour de thèmes - l'immigration, la délinquance... - qui détournent de l'enjeu central.

Faut-il rêver d'une union sacrée regroupant les modérés de tous bords ? La crise y pousse. Mais il faut mesurer le risque d'un front impopulaire : son échec signifierait qu'il ne reste comme solution que les extrêmes.

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