TOUT EST DIT

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mercredi 9 novembre 2011

Berlusconi va démissionner

Ce n'est pas un mystère, Silvio Berlusconi a toujours été en délicatesse avec les règles du jeu. Dans les affaires, les médias, la politique. Les règles, le Cavaliere préfère les dicter que les respecter. On estime d'ailleurs à une quarantaine le nombre de lois « sur mesure » adoptées par sa majorité depuis qu'il gouverne.

Les règles du jeu parlementaire italien, aussi brumeuses qu'elles puissent être parfois, imposent pourtant, depuis plus de soixante ans, que le président du Conseil, lorsqu'il ne dispose plus d'une majorité au Parlement, remette son mandat au président de la République.

Du temps de la Démocratie chrétienne, c'était même souvent le plus sûr moyen d'être reconduit. Depuis hier, Berlusconi ne dispose plus d'une majorité absolue. Il a eu beau s'accrocher à son poste ces derniers jours, il a dû l'admettre. Et promettre au président Napolitano que cette fois, c'est promis.

Après le vote de confiance dans les prochains jours sur le paquet de mesures économiques exigées par Bruxelles, il démissionnera.

Depuis l'été, l'étau se resserrait de jour en jour. Les marchés financiers, la City, Obama, Merkel, Sarkozy, le patronat italien, des voix dissidentes au sein de son parti, même Umberto Bossi, l'allié de la Ligue du Nord, tout le monde n'a cessé d'envoyer un seul message : le temps de Berlusconi est fini.

Son inaction à la tête du gouvernement devenait non seulement embarrassante pour ses partenaires durant les sommets, mais avec l'agravation de la crise financière, elle pouvait se révéler mortelle pour toute la zone euro compte tenu de l'ampleur de la dette italienne. Avec un taux de près de 7 % pratiqué sur les marchés pour le refinancement de cette dette, un cap a été franchi ces derniers jours, un point de non retour, fatal au Cavaliere.

Le Cavaliere veut des garanties

Le départ désormais annoncé de Berlusconi va poser une question centrale. Qui occupera l'espace politique du centre-droit dont il s'était emparé, à la hussarde, en 1994 ? Il avait alors comblé le vide laissé par la Démocratie chrétienne, laminée par les grandes enquêtes judiciaires.

Compte tenu du fonctionnement très personnalisé de son parti, ce même vide risque de se représenter. Les grandes manoeuvres ont déjà commencé au centre de l'échiquier. Les marchés sont aujourd'hui catégoriques dans leur demande de changement, ils pourraient demain rester très circonspects si une nouvelle instabilité parlementaire devait succéder à l'inertie décadente du berlusconisme.

Toutefois, si Berlusconi a autant résisté, depuis des mois, à l'évidence de son échec politique, c'est pour d'autres raisons. Personnelles, surtout. Objet de nombreux procès toujours en cours, il veut des garanties. Pour cela, il a longtemps disposé d'un levier redoutable : la loi électorale. Concoctée par ses ministres - qualifiée par eux-mêmes d'authentique « saloperie » - elle fonctionne sur un vote de liste à la proportionnelle.

Autrement dit, 80 % des élus du parti majoritaire l'ont été non pas en raison de leur mérite dans telle ou telle circonscription, mais grâce au bon vouloir du « patron » lorsqu'il a composé les listes des candidats. Ils ne sont pas redevables aux électeurs, mais à Berlusconi. Ceci explique la lenteur de son agonie politique, pourtant annoncée depuis plus d'un an.

Généreux avec ses « amis », Berlusconi l'aura été beaucoup moins avec son pays. L'Italie devra non seulement faire bientôt l'inventaire - éthiquement affligeant - du berlusconisme, elle devra avant dresser l'addition d'une crise financière que le Cavaliere, après en avoir nié les effets, vient de contribuer à alourdir.

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