TOUT EST DIT

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jeudi 20 octobre 2011

Danse politique sur une poudrière

On ne nous dit pas tout ! Ni la droite qui nous embrume l'esprit avec des mesurettes sans rapport avec la gravité de la situation. Ni la gauche qui prétend financer une partie de ses promesses avec les fruits fiscaux d'une utopique croissance à 2,5 %.

De quoi parle-t-on sur les bancs du Parlement ? D'une taxe sur les sodas, d'un prélèvement sur le transfert des joueurs de foot, d'une légère surimposition des très hauts revenus... Ensemble, ils rapporteraient quelques centaines de millions. La belle affaire ! Le plan Fillon, malgré ses douze milliards de recettes en plus et de dépenses en moins, n'est déjà pas à la hauteur.

Regardons la réalité en face : en 2012, à côté des dépenses utiles, la France doit trouver plus de 200 milliards. La moitié pour combler les déficits du budget et de la Sécu, l'autre moitié pour payer l'annuité de sa dette.

Deux cents milliards - un milliard par jour ouvré ! - à condition que la croissance ne plonge pas. Que les taux d'intérêts n'augmentent pas sous la menace des agences de notation. Et que les déficits n'explosent pas pour cause de soutien aux banques et de solidarité européenne.

La conséquence est que le budget en débat à l'Assemblée risque d'être caduque avant d'être voté. Et qu'il faudra des décisions drastiques, dès dimanche à Bruxelles, pour sauver l'euro et l'Europe. Et dans les mois qui viennent pour éviter à la France de se faire taper sur les doigts par les agences de notation et de se laisser aspirer par une spirale récessionniste, en pleine présidentielle.

Les candidats dansent sur cette poudrière. La moindre promesse non financée de l'opposition ou l'affirmation par la majorité que les impôts n'augmenteront pas sont autant d'allumettes jetées sur les marchés financiers. Qui se fichent pas mal que la rigueur ou le laxisme soient de droite ou de gauche.

Et la moindre annonce qu'il faudra se serrer très fort la ceinture ferait courir à celui qui la prononcerait le risque d'une indignation sociale généralisée et d'une défaite politique.

Le résultat du 6 mai 2012, quoi que laissent penser les sondages qui placent François Hollande en apesanteur, n'est pas encore écrit. Une accélération de la crise, à deux mois de l'échéance - le scénario cynique qui prévaut à droite - pourrait profiter à Nicolas Sarkozy. N'a-t-il pas fait de sa réactivité de pompier international son meilleur atout électoral ?

À l'inverse, un plan de rigueur frappant davantage les classes moyennes que les riches, ou obligeant la droite à renier sa politique fiscale, donnerait raison à François Hollande, voire à François Bayrou. À défaut d'offrir la lune, ils pourraient toujours promettre plus de justice et plus de morale.

Pour l'instant, le pouvoir fait encore le pari de la méthode douce. Elle consiste à assainir lentement les comptes pour préserver le peu de croissance qui reste. Mais le spectre de la tour infernale interdit d'exclure une stratégie plus violente.

La manière dont la France, l'Allemagne et l'Europe s'extirperont de la dette déterminera largement la forme de la campagne et l'ambition des programmes. L'adaptation des projets vaut autant pour François Hollande, qui devra être très imaginatif pour réenchanter le rêve français, que pour Nicolas Sarkozy, de plus en plus le dos au mur.

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