TOUT EST DIT

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jeudi 15 septembre 2011

 Des mesures, pas de mesurettes

Des accents dramatiques au Parlement de Strasbourg, une téléconférence Sarkozy-Merkel-Papandréou, des pays émergents et la Chine proposant leur aide, les États-Unis qui s’affolent jusqu’à dépêcher leur secrétaire d’État au Trésor à la prochaine réunion des ministres des Finances de l’UE... Mais où en est arrivée l’Europe, et particulièrement la zone euro? Au point de devoir accepter les mains secourables du Brésil et de l’Inde, des pays auxquels les Européens n’ont cessé de donner des leçons de développement ?
Hormis le provisoire effet placebo d’une méthode Coué appliquée par téléconférence, rien ne semble convaincre, faute d’un vrai leadership politique. Même les annonces drastiques comme le plan de rigueur de 54 milliards adopté par Rome font flop sur les marchés : les taux  des émissions italiennes n’ont pas baissé. Peut-être par manque de confiance, en subodorant un de ces coups de bluff dont Berlusconi est coutumier. Peut-être parce que l’austérité à l’italienne risque d’entraîner la troisième économie de la zone euro dans la récession, avec contamination assurée.
Tout ce marasme à cause de la Grèce ? Allons, Athènes touchera les huit milliards promis depuis le plan de 2010 pour encore assurer une fin de mois. Et les aides annoncées le 21 juillet dernier seront également versées. Non pas pour sauver la Grèce de la faillite mais pour secourir le secteur bancaire européen. C’est la vraie raison de tant de « sollicitude » car un « défaut » de la Grèce ferait tache d’huile : toutes les grandes banques européennes, et pas seulement la Société Générale et le Crédit Agricole, regorgent de dettes souveraines italiennes, espagnoles ou portugaises.
Bien que ces perfusions en milliards calment les symptômes (pour combien de temps?), elles ne guérissent pas le mal  dont souffre la zone euro. Une thérapie de choc est nécessaire. Mais qui l’appliquera, qui mettra de l’ « ordre dans la maison », selon le conseil donné (avec raison) par la Chine ? Seules la France (en campagne électorale) et l’Allemagne (en proie à des problèmes politiques internes) prennent ostensiblement la question à cœur, les quinze autres de l’euro se taisant prudemment. Et jusqu’à hier devant les eurodéputés, la Commission de Bruxelles ne faisait guère plus que tirer la sonnette d’alarme. Désormais, pour son président Barroso, les euro-obligations ne sont plus un tabou, à la grande satisfaction des bourses, et il verrait bien son collège de commissaires se pencher à son tour au chevet du malade. Avec une arrière-pensée : que le « gouvernement économique de la zone euro » proposé par Paris et Berlin ne se limite pas aux 17 de la monnaie unique, qu’il ne relègue pas la Commission au second plan...
Mais l’heure est à l’urgence, jusque, si cela est nécessaire, dans la refonte des traités régissant la monnaie unique et la BCE. Malheureusement, «urgence» et «Europe» semblent à jamais antinomiques. Or, la crise exige cette réponse rapide et pérenne. À défaut, les marchés s’en chargeront à leur manière. En continuant leur frénésie cyclothymique à l’écoute de la moindre rumeur. En mettant l’euro et l’Europe en péril.

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