TOUT EST DIT

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jeudi 7 juillet 2011

Socialistes, oubliez DSK !

Hervé Gattegno, rédacteur en chef au "Point", intervient sur les ondes de RMC du lundi au vendredi à 7 h 50 pour sa chronique politique "Le parti pris". 

Vous revenez sur l'interminable feuilleton de l'affaire Strauss-Kahn. Le procureur de New York a annoncé hier soir que la procédure n'était pas close. Votre parti pris : socialistes, oubliez DSK ! Vous voulez dire qu'il ne peut plus revenir en politique ?
À ce stade, j'espère pour lui qu'il ne se pose plus la question. En théorie, il peut encore avoir le choix : il est présumé innocent - et même un peu plus depuis qu'on sait que son accusatrice a énormément menti. Mais la journée d'hier montre bien l'extrême fragilité de sa situation. DSK n'a plus de bracelet électronique, mais il reste entravé, enchaîné à la procédure américaine. Personne ne sait combien de temps ça va durer, mais tout le monde sait que ça va laisser des traces : sur sa réputation, sur son moral, sa psychologie. Avec en plus la menace permanente d'autres accusations - comme cette plainte de Tristane Banon, qui laisse une impression étrange, huit ans après les faits qu'elle décrit. Pas grand monde y croit, mais ça oblige le parquet à ouvrir aussi une enquête en France. Rien de tout cela ne prédispose à être candidat à la présidence de la République.
Autrement dit : pour vous, c'est sûr, il a renoncé.
C'est un homme trop intelligent pour ne pas l'avoir compris. Il est capable d'une grande légèreté - il l'a déjà montré, hélas pour lui -, mais il n'est pas dans l'irrationnel. C'est un mathématicien, un joueur d'échecs. Il sait forcément que son avenir politique est plus que compromis. En fait, il est condamné à renoncer, comme le procureur de New York est condamné à abandonner les charges contre lui. Parce que dans un cas comme dans l'autre, c'est la confiance qui va faire défaut. Les jurés américains ne croiront plus la femme de chambre - même si la justice ne retient plus que des délits mineurs. Et l'opinion française ne pourra plus voir en DSK un homme capable de diriger le pays. C'est peut-être injuste, cruel, triste, mais c'est ainsi.
C'est cruel aussi pour les socialistes. Ils n'en peuvent plus de voir les primaires gâchées par les rebondissements de l'affaire...
On peut les comprendre ! Pour eux, le feuilleton américain tourne au supplice chinois. Déjà que la désintégration du favori a causé un choc et que leur campagne n'est pas passionnante, ce sont les soubresauts de la procédure de New York qui focalisent l'attention. Ce n'est pas l'idéal pour donner envie d'aller voter aux primaires. Ni pour faire valoir des idées, des projets. Quand la télévision diffuse une série policière américaine en même temps qu'un débat de fond sur la fiscalité des entreprises ou l'avenir des universités, on sait très bien ce qui fait le plus d'audience...
Pour en finir, est-ce que DSK ne devrait pas annoncer très vite qu'il n'est plus dans la course ?
Certainement. On voit bien que ses partisans ont brièvement repris espoir et que, maintenant, ils anticipent son retrait. Ils se répartissent peu à peu entre le camp Hollande et le camp Aubry. La page se tourne. DSK lui-même sortira de l'ambiguïté dès qu'il le pourra - aussitôt que le dossier américain sera refermé. Il ne dira rien avant, parce qu'il ne veut pas que ce soit interprété comme un aveu de culpabilité ni même comme le signe qu'il est prêt à une procédure longue. Mais je suis sûr qu'il aura à coeur de montrer qu'il a le sens des responsabilités. Et que, s'il ne peut pas faire gagner son camp en 2012 - comme il en avait vraiment le désir -, il ne veut pas risquer de le faire perdre.

 

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