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mardi 19 juillet 2011

Bernadette Ségol: "La Grèce ne pourra pas rembourser sa dette"

Les Bourses font grise mine à cause de la dette grecque. Elles attendent surtout le sommet européen de ce jeudi. Bernadette Ségol est la secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats. Elle est l'invitée de Bertrand Henne ce mardi matin dans Matin Première.
Ce lundi a été une journée très mauvaise sur les marchés financiers. La méfiance s'est installée, les taux d'intérêts d'une série de pays ont continué d'augmenter. L'Italie est proche des 6% tandis que la Grèce est à 18%, ce qui est excessif. Le taux d'intérêt de la Belgique est, lui, monté à 4,3%. Un record, dit-on. On paye donc de plus en plus cher notre dette.

Bernadette Ségol estime qu'il est possible de "chasser cette méfiance en ayant un leadership politique et en montrant que l'Europe est là et peut prendre les décisions nécessaires pour calmer les marchés". Elle relève donc une question politique: "les dirigeants ont le devoir de prendre les décisions qui s'imposent". La secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats tient à rappeler qu'en absence de solution, des millions d'européens vont risquer "de gros problèmes dans leur travail". 

Cela fait pourtant des mois que le dossier grec se trouve sur la table des dirigeants européens. Et il y a toujours des difficultés de se mettre d'accord sur un second plan de sauvetage et sur la participation du secteur privé. Bernadette Ségol espère que l'intérêt général va dépasser l'intérêt particulier des États. "Je pense que nous sommes à un point où les leaders politiques se rendent compte qu'un deuxième plan de sauvetage ne va pas faire l'affaire", dit-elle.

Ne serait-il désormais pas temps d'accepter d'abandonner une partie de la dette grecque ? "Peut-être bien que si", estime l'invitée de Bertrand Henne. "Beaucoup de monde sait que la Grèce ne pourra pas rembourser toute sa dette", continue-t-elle. "Nous savons que les coupes dans les salaires et les pensions font que l'économie se restreint". "On voit mal comment cette vérité ne va pas arriver aux yeux et aux oreilles des décideurs".

Un second plan d'aide à la Grèce serait utile mais ne suffira pas

Elle en appelle à une vision "claire et à long terme pour l'Europe et la Zone euro afin de trouver les solutions économiques". Un deuxième plan de sauvetage ? "Il en faut sans doute un", estime Bernadette Ségol. "Mais c'est clair que sans conditions additionnelles, cela ne fonctionnera pas mieux que pour le premier plan".  

En plus que de l'argent pour la Grèce, "d'abord il faut essayer par tous les moyens possibles de faire baisser les intérêts que les Grecs doivent payer", estime la secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats. Selon elle, avec l'austérité qu'ils subissent et les coupes dans les salaires, "il leur sera impossible de rembourser ce qu'ils leur demandent". 

"Si on n'arrive pas à faire baisser les intérêts qu'on demande aux Grecs, ils ne pourront pas rembourser" prévient-elle. Pour ce faire, une "européanisation de la dette" serait envisageable, sous forme d'obligations européennes, par exemple. Un mécanisme complexe refusé depuis le début par l'Allemagne. "Mais même l'Allemagne doit commencer à se poser des questions sur les solutions qui s'imposent", martèle-t-elle dans le studio de Matin Première. 

Faire attention à un défaut de paiement

La restructuration de la dette, "évidemment c'est normal qu'on dise que ceux qui ont pris des risques payent". Cependant, Bernadette Ségol en appelle à la prudence: "une restructuration de la dette risquerait d'amener de grosses difficultés financières comme en 2008". Le risque est bien présent, "mais personne ne sait exactement où est le risque", dit-elle. "Est-il dans les banques ? Dans les assurances ?". Selon elle, ce manque de transparence du secteur financier est un réel problème. C'est cela qui "empêche de prendre les décisions qui s'imposent". 

On évoque une taxe bancaire pour financer une partie du second plan d'aide à la Grèce. "Que les banques doivent financer un plan d'aide alors qu'elles ont pris des risques, je pense que c'est quelque chose à accueillir favorablement", explique Bernadette Ségol. "Mais la taxe sur les banques ne remplace pas pour nous la taxe sur les transactions financières qui sert à arrêter ou en tout cas à ralentir la spéculation". 

Faut-il craindre un certain effet de contagion ? "Nous envisageons tous les scénarios", répond Bernadette Ségol. Le scénario de la contagion existe donc et il est "très dangereux". "Il faut faire attention parce que les choses peuvent aller très vite", prévient-elle. 

La question des agences de notation a également été évoquée dans Matin Première. Bernadette Ségol ne se prononce pas vraiment pour la création d'une agence de notation européenne: "Pourquoi pas ? Mais selon certaines conditions", dit-elle. "Le problème des agences de notation, c'est qu'elles sont écoutées politiquement", estime la patronne des syndicats européens. "Il faut que ce soit le politique qui ait le dessus sur les questions financières". Ces agences de notation n'ont "pas le droit de faire basculer un pays ou de décider que ce pays est économiquement ingérable", prévient-elle.

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