TOUT EST DIT

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lundi 13 juin 2011

Présidentielle : évitons la grande illusion

Dans moins d'un an, un nouveau mandat présidentiel aura commencé et nous nous apprêterons à désigner les députés de la 14e législature. Un an, ce n'est rien de trop pour obtenir des différents candidats un exposé détaillé de leur programme et pas seulement des slogans ou des formules simplistes. Le prochain mandat sera en effet déterminant pour l'avenir de notre pays car il y a longtemps qu'il ne s'est trouvé dans une situation si critique.

Dette souveraine au-delà de 85 % du PIB, manque de compétitivité, désagrégation du tissu social, état lamentable de l'éducation... et même production intellectuelle éteinte, influence en régression : aux yeux du monde, notre pays ne produit plus de concepts éclairants ni même d'utopies fécondes, mais des illusions fondées sur le déni de réalité, le rejet du changement et de ce qui est « autre ». Préférera-t-on s'écharper encore sur le temps de travail, avec une droite rivée dans sa posture multiséculaire (elle annonçait déjà la catastrophe lorsqu'on décida de limiter la durée quotidienne à 12 heures dans les années 1840) et une gauche qui prétend toujours que le travail se divise comme les parts d'un gâteau (contrairement à ce que toutes les recherches modernes démontrent) ? Feindrons-nous d'ignorer les mutations profondes du vaste monde qui nous entoure - et dont nous représentons moins de 1 % de la population et 3 % du PIB - comme si nous pouvions nous en affranchir ou décider pour les 7 autres milliards d'êtres humains ?

Probable candidat à droite, Nicolas Sarkozy vantera sa capacité de mise en mouvement. Elle est indéniable, mais à tout mouvement, il faut un cap. Or, ses choix économiques sont flous - on l'a vu passer sans transition du libéralisme à des tentations dirigistes - et son modèle de société hésitant, quoiqu'on imagine qu'il incline vers le type anglo-américain. Vouloir réformer au pas de charge une société inquiète et dépressive sans démontrer l'intention d'en préserver les fondements (autrement que par du Guaino), c'est risquer le blocage. À l'inverse, à gauche, on maintient le cap de l'infantilisation, avec un programme socialiste qui fleure bon « L'île aux enfants » et les années 1980 : retour aux emplois-jeunes, à la retraite à 60 ans, intervention tous azimuts de l'État, un zeste de protectionnisme...

Sans parler du tour de passe-passe sur la dette : on fixe tout bonnement le taux de croissance à un niveau qui la rend supportable (on peut aussi espérer gagner au Loto). Ce que l'on ferait si cette lettre au Père Noël n'était pas exaucée, surtout n'en parlons pas. Nulle part, il n'est question d'efforts. Bref, entre la figure du père agité et autoritaire, et celle de la mère exagérément protectrice, on aimerait ne pas devoir choisir.

On est loin d'un discours raisonné sur les forces et faiblesses de la France vis-à-vis du monde qui l'entoure. Oublié le progrès considérable qu'ont été, après des siècles de guerre, la construction européenne et la création de l'euro, qu'il faut maintenant parfaire par une intégration plus poussée. Pas évoquée, la réduction des multiples rentes et inefficiences qui grèvent notre pays et le font ressembler par certains aspects à ses cousins du sud de l'Europe. Omis, le score accablant des élèves de CM2, dont 70 % ne savent pas répondre à la question : « J'ai payé 22 euros pour 10 objets, combien devrais-je payer si j'en achète 15 ? »

Saura-t-on énoncer une proposition qui distingue les questions de la création de richesse (productivité et compétitivité) et de leur redistribution ? Osera-t-on dire aux Français qu'ils devront, comme nos voisins allemands, accomplir des efforts considérables pour défendre un modèle de société qui protège les plus faibles, faute de quoi les créanciers finiront par nous obliger, comme ailleurs, à procéder à des coupes drastiques ? Chassons les illusions pour éviter les désillusions.

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