TOUT EST DIT

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mercredi 15 juin 2011

La lente sortie du berlusconisme


Des désertions dans son propre camp. Des défaites cuisantes comme celle subie à Milan il y a deux semaines. Un désaveu cinglant et personnel, infligé par 57 % des électeurs lors du référendum de ce week-end... La parabole politique de Silvio Berlusconi a, depuis un an, amplement amorcé sa phase descendante. Reste à écrire sa sortie de scène. Le morceau le plus difficile de la pièce tragi-comique dont il tient le premier rôle.

La réponse des Italiens aux questions référendaires qui leur étaient posées dimanche marque probablement un tournant. Non seulement l'invitation faite par le Cavaliere à déserter les urnes n'a pas été suivie, mais les résultats parlent clair. 95 % et plus des votants ont dit non au nucléaire, contrairement aux désirs du gouvernement. Non à l'ouverture au privé de la gestion des ressources hydriques, contrairement aux projets de privatisation caressés par l'exécutif.

Enfin, et c'est politiquement le plus significatif, vingt-six millions d'Italiens ont demandé l'abrogation d'une des lois faites sur mesure par les avocats-parlementaires de Berlusconi pour renforcer son immunité face aux innombrables procédures judiciaires en cours. L'électorat de gauche ne suffit pas à expliquer ce chiffre. C'est bien un désaveu de ses propres électeurs que Berlusconi doit encaisser. Les scores sans appel enregistrés en Vénétie ou en Lombardie en témoignent.

Plébiscite renversé, ce référendum traduit une envie de participation de la société italienne que l'on disait un peu trop vite lobotomisée par les paillettes du berlusconisme. Le rejet du nucléaire n'est pas nouveau dans la Péninsule, mais il est redit avec une vigueur qui pourrait, après les choix de l'Allemagne, contribuer à relancer le débat en Europe.

En outre, dans un pays fortement individualiste, la demande de service public que dénote le vote sur l'eau est, elle aussi, indicative d'un besoin de changement profond. Enfin, la mobilisation des promoteurs de ce référendum et surtout des jeunes, sur Internet, marque une évolution notable dans la communication politique. Le savant boycottage de cette initiative par les responsables de la télévision publique (et aussi évidemment des chaînes dont Berlusconi est le propriétaire) a été sans effet. La télécommande du pouvoir était sans pile. Le « grand communiquant » dépassé.

Tous ces éléments donnent à réfléchir aux représentants de la Ligue du Nord, soutien vital pour Berlusconi. Ce parti protestataire a fait de son ancrage sur le territoire (du Nord en l'occurrence) sa raison d'être et de durer. Or sa base est en colère. Dans une économie déprimée, les exportateurs lombards ou vénitiens sont las de l'image de l'Italie colportée par le bunga-bunga. Beaucoup d'analystes considèrent la rupture avec la Ligue, tôt ou tard, inévitable. On sera peut-être fixé rapidement, puisqu'un vote de confiance délicat est prévu la semaine prochaine.

Reste la difficulté de faire des prévisions avec Berlusconi. Sa longévité ne tient plus uniquement à l'absence d'alternative crédible à gauche, ou au retour sur investissement que sa conception du fisc garantit à ses électeurs. Elle tient pour beaucoup aux dimensions hors norme de son pouvoir économique, médiatique, politique. Il a tellement occupé l'espace public depuis vingt ans, que sa sortie en est devenue complexe. Comme une armoire encombrante. Très encombrante même. Surtout pour ses alliés. Il vient de perdre plusieurs batailles, mais le bouquet final n'est pas encore écrit.

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