TOUT EST DIT

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vendredi 6 mai 2011

Style fatal

L’Histoire immédiate nargue l’analyse et s’y dérobe. Depuis le « bilan globalement positif» dressé par Georges Marchais sur les démocraties populaires de l’Europe de l’Est, l’appréciation d’une forme de pouvoir est définitivement sujette à caution.

Le manque de recul, l’esprit partisan, les rancœurs, les rivalités, les stratégies et l’infernale complexité de l’époque se liguent pour rendre tout jugement de ce genre parfaitement artificiel.

C’est ainsi : l’ingratitude exigeante des démocraties porte les peuples à regarder délibérément devant eux. S’il est parfaitement naturel pour un président de la République de chercher à convaincre l’opinion de l’importance de son œuvre, la démarche n’en est pas moins vaine.

Toutes les tonnes de papier glacé, toute l’encre d’une promotion valorisante et tous les séminaires d’autopersuasion n’y changeront rien : le pouvoir est mal placé pour évaluer le pouvoir. Presque illégitime pour s’autocongratuler, ce qu’il manque rarement de faire, pourtant.

On peut comprendre l’ardeur du Premier ministre à défendre l’action de celui qui l’a désigné et les résultats de l’équipe qu’il a nommée. Mais le fossé entre les dirigeants du pays et le peuple se serait-il à ce point creusé pour que le très faible pourcentage des Français (17 % à 27 %) trouvant satisfaisant le bilan de M. Sarkozy soit en décalage avec le satisfecit adressé par François Fillon au chef de l’État ?

A la cécité volontaire empêchant de voir le malaise français fait face un antisarkozysme aveugle qui refuse d’admettre les incontestables avancées de ce quinquennat. Il y en a, en effet. La réforme constitutionnelle, l’autonomie des universités et le Grenelle de l’environnement, par exemple, sont autant de jalons fondateurs pour la France de demain.

En revanche, les échecs de la politique sécuritaire, les banlieues largement abandonnées, une réforme de l’État comptable et castratrice qui pense surtout à faire des soustractions de fonctionnaires, le naufrage du travailler plus pour gagner plus, ne sont pas de simples accidents de parcours. Ils sont les marqueurs d’une promesse impossible : celle d’une France où tout serait possible.

La crise a sans cesse contrarié les envolées présidentielles. Mais dans une France qui s’est largement droitisée depuis 2007, le président a plongé seul dans les sondages quand le chef de gouvernement se maintenait, lui, à un niveau assez élevé.

Comment mieux mettre en évidence le rejet d’un homme plutôt que celui de sa politique ? Car c’est d’abord le style de l’omniprésident qui est en question. La conception d’une gouvernance qui est remise en question. La prétention de l’omniscience et l’égotisme forcené qui sont en cause.

Le coup par coup opportuniste de l’Élysée a ruiné l’ambition de 2007 et fragilisé un peu plus une France qui n’allait déjà pas très bien. Mais chacun sait qu’une élection ne se joue pas sur un bilan, bon ou mauvais.

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