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mercredi 11 mai 2011

Pourquoi la Grèce a encore besoin d'aide

Athènes négocierait un nouveau prêt de 60 milliards d'euros auprès de ses partenaires européens et du Fonds monétaire international. Une information, bien que démentie officiellement, qui n'étonne pas les marchés.

Les «hommes en noir», comme les surnomment les Grecs, ont de nouveau débarqué à Athènes. Une équipe conjointe du Fonds monétaire international (FMI), de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne (BCE) est arrivée à Athènes ce mardi. Sa mission: évaluer les progrès réalisés par la Grèce sur le front des finances publiques. Son rapport sera rendu au conseil des ministres des Finances de la zone euro le 12 juin prochain. Les grands argentiers devront alors décider si le pays a mérité le versement suivant du plan d'aide du FMI et de l'Union européenne de 110 milliards d'euros. Soit une enveloppe de 12 milliards d'euros.

Visite cruciale

La visite pourrait être plus cruciale que prévu. Angela Merkel attend le rapport qui en ressortira pour décider quelle solution apporter au problème grec, a-t-elle déclaré en substance. «J'attends les résultats de cette mission (...) je suis d'avis que l'on pourra tirer des conclusions quand on en connaîtra les résultats», a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse ce mardi. Berlin fait face à une opinion publique très hostile à l'aide apportée à la Grèce.
Le rapport de la troïka pourrait provoquer le versement d'une aide financière supplémentaire. D'après un haut responsable gouvernemental grec cité par l'agence Dow Jones ce mardi, le pays compte obtenir 60 milliards d'euros supplémentaires auprès de l'UE et du FMI. Et ce en plus des 110 milliards d'euros promis au printemps dernier.
Le ministère grec des Finances, ainsi qu'un officiel de la zone euro, ont officiellement démenti mardi toute négociation sur une nouvelle aide. «Il n'y a aucune certitude sur ce dont la Grèce aurait besoin dans le cadre d'un éventuel plan supplémentaire, voire s'il est possible d'en mettre un sur pied», a renchéri une source européenne citée par Reuters.
Malgré tout, les 110 milliards d'euros promis -et dont 53 milliards ont déjà été versés à Athènes- semblent insuffisants. En effet, l'aide ne devait s'échelonner que jusqu'à début 2012, la Grèce devant ensuite se débrouiller seule pour lever de l'argent sur les marchés. Cette perspective semble aujourd'hui irréaliste, vu les taux d'intérêt pratiqués aujourd'hui, qui atteignent, à deux ans, plus de 25%! Il faudra donc encore aider la Grèce en 2012.

Trouver au moins 40 milliards

L'ampleur d'un éventuel second plan pour la Grèce dépend de la hauteur des besoins financiers du pays l'année prochaine. BNP Paribas les a estimé à 66,6 milliards d'euros. Sur cette somme, «24 milliards seront couverts par l'enveloppe de 110 milliards déjà consentis par l'UE et le FMI ainsi que par l'argent des privatisations», a calculé Luigi Speranza.
Reste à trouver encore 40 milliards d'euros, au minimum. Si la Grèce n'arrive pas à réduire son déficit autant que prévu, comme le redoutent les marchés, il faudra trouver plus. Certes, le pays a réduit son déficit de 5 points en un an, a diminué le coût de son système de retraite de 12,5% à 2,5% du PIB et s'est lancée dans des réformes du marché du travail sans précédent. Mais «une profonde récession perdure malgré la reprise en zone euro, les déficits n'ont cessé d'être revus à la hausse et les revenus fiscaux restent loin des objectifs», liste Gilles Moec, économiste chez Deutsche Bank.

La faillite partielle

Dans ce contexte, le plan d'aide pourrait être prolongé jusqu'en 2013. Dans ce cas, il faudra octroyer à la Grèce, selon Jean-Pierre Robin, stratège chez Natixis, un prêt supplémentaire de 30 milliards d'euros: «Le Fonds européen de stabilité financière, garanti par les pays les plus solides de la zone, pourrait lever l'argent nécessaire à la place d'Athènes.» Aux yeux des marchés, cela revient à un tour de passe-passe: remplacer progressivement de la dette grecque par de la dette européenne.
Certains responsables allemands proposent un autre plan: organiser la faillite partielle de la Grèce. Avec cette solution, s'est alarmé toutefois mardi Lorenzo Bini Smaghi, membre du directoire de la Banque centrale européenne, «le gouvernement grec n'aurait plus de fonds suffisants pour payer les retraites, les salaires, les dépenses courantes. Un véritable krach économique.» Cela «mettrait le système bancaire à genoux», ajoute-t-il. Y compris en Allemagne.

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