TOUT EST DIT

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dimanche 8 mai 2011

Degüello

Les flonflons du 10-Mai, c'est la gauche qui joue à Sarkozy cette marche morbide de l'armée mexicaine avant l'assaut d'Alamo.

Le goût de cotillon remâché des beaux jours d’antan imprègne ce pays jusqu’à l’écœurement, et c’est petite surprise de voir les socialistes se complaire dans le 10 mai 1981, trente ans après… Et où étais-tu camarade ce jour où les ténèbres cédèrent la place à la lumière ? Et étais-tu heureux ? Et on fera même un concert à la Bastoche, où les espérants d’aujourd’hui enlaceront des sexas claudiquants, cette génération qui découvrit avec Mitterrand que l’assiette au beurre et les apparats de la puissance pouvaient être roses…

L’amour de l’Histoire a peu à voir là-dedans, au contraire : la contemplation des totems, la mythification de soi-même, et oublier ce que furent les manques et ce que seront demain les défis… Il y a aussi, dans ce bruit, quelque chose de cruel et de prématuré : les flonflons du 10-Mai sont un Degüello politique, à l’intention de la droite et de son chef. Le Degüello, du verbe degollar, égorger, c’est cette marche morbide de l’armée mexicaine, jouée devant Alamo avant l’assaut final, annonçant le massacre aux assiégés. Ainsi la gauche gambillante et le peuple commémorant annoncent sa fin à Sarkozy, promis dans un an au sort de Giscard, éparpillé au vent de l’Histoire par le retour du bien ?

Les souvenirs sont des leurres cruels. L’ignoble affaire des quotas du foot aura un seul mérite : retirer sa valeur prophétique à l’immense joie de 1998. Dans une France que travaille la méchanceté identitaire, nos héros se divisent sur les frontières de l’épiderme, et il faut donc être Thuram ou Vieira, ou le vieux Boli, pour s’écœurer sans réserve de la mise à l’index d’adolescents coupables de binationalité. Les Gaulois ne sont pas racistes, il ne s’agit pas de ça. Mais ils ne comprennent pas, simplement, et c’est la tragédie de ce pays, que la discrimination détruira notre société.

En une semaine, malgré Mediapart, le débat public s’est ramené à la défense de l’équipe de France et de son coach, blessé dit-on par les attaques. Comme d’habitude, les médias se trompent de victime ; ce n’est pas Laurent Blanc qui est à plaindre, mais les milliers de mômes qui réalisent soudain que dans le saint des saints du foot français, on glosait sur leurs infidélités possibles, qui comprennent qu’on pouvait les ficher sur leurs trahisons potentielles, que leur différence était inscrite dans leurs gènes : des transfuges prédestinés, petits Dreyfus en crampons au temps futile du sport-roi.

Il faudrait évidemment un geste terrible, une sanction violente venant de l’État contre cette fédération indigne, pour rétablir l’égalité comme valeur primordiale. Il ne viendra pas. La détresse des moins-Français pèse moins que la préservation d’un aimable grand homme ou du XI de France. Cet “allez les bleus” sonne comme le Degüello de la République."

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