samedi 30 avril 2011
La Fédération française de foot encourage des quotas de blancs dans les équipes de jeunes, accuse le site Mediapart… Odieux, scandaleux, pas de ça chez nous, s’indigne le monde du football. Qui reconnaît cependant un problème avec les jeunes binationaux, formés en France avant d’aller jouer pour leur pays d’origine — entendez, l’histoire de la France étant ce qu’elle est, au Maghreb et en Afrique. La Fédération admet aussi vouloir diversifier le recrutement : moins de grands baraqués, plus de petits techniciens. Ce qui ne voudrait pas dire : moins de Blacks, plus de blancs… Dans le tumulte et la confusion, une certitude : cette querelle des quotas trahit un pays en mal d’égalité. Piégé par la logique de la discrimination positive, pour les blacks et leurs beurs dans les grandes écoles, pour les blancs dans les écoles de foot. Si au moins, ça faisait deux réussites…
Il y a cent ans, le soleil ne se couchait jamais sur l’Empire britannique, avant que les orages du XXe siècle ne ramènent la première puissance mondiale à un rang très ordinaire. Hier, pour un jour, la Grande-Bretagne a rayonné de nouveau sur l’ensemble de la planète par la grâce d’un mariage princier qui a tenu toutes ses promesses. Et au-delà.
Même le monde du Web 2.0, très ironique à la veille de la célébration, n’a pas été insensible, finalement, à l’émotion irrationnelle dégagée par l’événement. Il faut bien le reconnaître : la magie a opéré. L’assemblage réussi de l’apparat d’une autre époque et de la fraîcheur du couple star a su créer un de ces instants de communion dont les Britanniques, mieux que n’importe quel autre peuple, ont le secret.
Les acteurs du spectacle hollywoodien qui a transcendé Londres sont parvenus à donner une touche d’humanité et de rêve à ce qui aurait pu n’être qu’une mascarade costumée. La monarchie britannique en sort revigorée.
Elle qui était apparue à bout de souffle lors des funérailles de Lady Di, en 1997, littéralement épuisée par les frasques des enfants Windsor, le vieillissement de la souveraine, et l’inconséquence d’une famille royale déconnectée de la réalité, a peut-être reconquis sa légitimité évanouie.
La voilà redevenue très nettement majoritaire dans le cœur des sujets de sa majesté. Même un quotidien républicain « par principe » comme le Guardian admet volontiers son utilité et le rôle irremplaçable qu’elle joue dans l’unité aux ressorts complexes de cet État des quatre nations (Anglais, Gallois, Écossais et Irlandais du Nord).
Le symbole de continuité, sécurisant, qu’elle représente — 1 000 ans d’histoire, tout de même — ne peut se passer d’un supplément d’âme qui s’éteignait doucement. C’est précisément lui que William et Kate ont su ressusciter dans une cérémonie ultra-codifiée dont ils ont dépassé, avec autant de simplicité que possible, le protocole de fer et l’inévitable côté compassé.
Malgré le carrosse, les landaus, les Bentley, les toilettes plus ou moins réussies des invitées, les chapeaux extravagants et la présence de Victoria Beckham à Westminster Abbey, ce rendez-vous irréel a évité le pathétique du bling-bling. Ce n’était pas gagné d’avance…
Hormis les dépenses de sécurité, la parenthèse enluminée de ce vendredi qui a offert aux Britanniques une dernière évasion hors du temps avant d’affronter l’austérité programmée par le gouvernement Cameron, n’a presque pas coûté une livre au contribuable. Pas cher, donc, au regard du bénéfice net considérable qu’il rapporte à l’image de la Grande-Bretagne, à ses produits et à son tourisme. God save William and Kate ! L’avenir du mariage-consécration, dans l’air du temps, entre ces deux amants de dix ans — conditionne désormais celui d’une très vieille monarchie. Sauront-ils être ses héros modernes ?
vendredi 29 avril 2011
Les Windsor sont éternels
Le dramaturge George Bernard Shaw voyait dans la monarchie une "hallucination universelle" des peuples qui ne tarderait pas à disparaître. H. G. Wells, romancier progressiste, estimait que la monarchie avait autant de chances de survie que "le Lama du Tibet a de chances de devenir l’empereur de la Terre".
Ces prédictions paraissaient parfaitement raisonnables. A l’aube du XXe siècle, les vieilles monarchies d’Europe étaient féodales, absurdes et totalement coupées de l’esprit démocratique de leur époque. En outre, la suite des événements n’allait pas tarder à confirmer la clairvoyance de ces détracteurs de la monarchie. Quelques années après le couronnement de George V, une bonne partie des grandes dynasties furent balayées. Trois ans plus tard, l’archiduc François-Ferdinand, héritier présomptif de la couronne d’Autriche, était assassiné avec sa femme Sophie à Sarajevo. Le cousin de George V, le Kaiser Guillaume II, fut contraint de s’exiler à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. En Russie, les Romanov furent massacrés.
Une institution qui paraît anachronique
Cependant, la famille royale britannique a survécu au carnage. Il y a certes eu des moments délicats, notamment la crise de l’abdication en 1936 et les convulsions populaires qui ont suivi la mort de Diana, la princesse de Galles, en 1997. Mais la monarchie s’en est sortie — et elle a rarement paru aussi forte que cette semaine, à l’approche du mariage du prince William et de Catherine Middleton. Alors comment expliquer la survie d’une institution qui paraît à première vue si anachronique ? La question mérite d’être posée.Tout d’abord, cette survie est le fruit d’un pragmatisme hautement intelligent. La sagesse populaire tient les Windsor pour des idiots. En fait, ils ont toujours eu un sens très sûr de l’adaptation. Les monarques britanniques modernes ont accepté des compromis: la Reine, cédant aux pressions, a accepté de payer l’impôt sur le revenu à partir de 1993; la semaine dernière, elle a donné son accord à une modification des lois de succession dans le sens d’une plus grande parité (même si une mesure visant à autoriser des catholiques à épouser des membres de la famille royale a été abandonnée, l’Eglise d’Angleterre ayant soulevé des objections).
Toutefois, ces tactiques politiques, si astucieuses soient-elles, ne suffisent pas à expliquer la profonde affection des Britanniques pour la monarchie. Nous sommes un pays attaché au cérémonial, aux coutumes, aux traditions. Nous sommes profondément conscients de notre passé tantôt glorieux, tantôt tragique, parfois honteux. La monarchie est l’expression nationale de notre vénération commune de l’expérience.
L'affection pour la reine enracinée dans l'inconscient collectif
Mais la relation entre la reine et ses sujets va plus loin encore. Car la monarchie ne nous définit pas seulement comme nation, elle nous définit comme individus. Notre respect et notre affection pour la reine s’enracinent dans notre inconscient collectif.C’est irrationnel, c’est sentimental, c’est absurde. Et parfois complètement dingue. Et pourtant, la monarchie fonctionne: elle humanise un Etat qui sans elle pourrait sembler distant et impersonnel. Les gens qui ont beaucoup de mal à se sentir concernés par un loi du parlement, une directive de Bruxelles, un law lord [juge siégeant à la Chambre des Lords] ou un secrétaire permanent [chargé de la bonne marche d’un ministère], tous rouages essentiels de l’Etat, voient très bien quel est le rôle de la famille royale. Nous partageons leurs tragédies, leurs joies et leurs drames familiaux.
Seul un groupe se sent exclu : les intellectuels. Qu’ils soient de gauche ou de droite, ceux-ci ont toujours méprisé l’institution monarchique. Comment pourrait-elle cadrer avec leurs projets grandioses et abstraits de transformation de la société? Tony Benn, le républicain le plus distingué de Grande-Bretagne, se plaît à demander si nous accorderions notre confiance à un pilote de ligne ou à un médecin héréditaires. Il n’y a pas de réponse à cette question. L’institution est illogique.
Mais pour autant, cela ne signifie pas que la monarchie n’ait aucune utilité. Bien au contraire: elle occupe un espace public qui autrement serait capté par les partis politiques. Si le chef d’Etat n’était pas la reine, ce serait une Thatcher ou un Blair, qui l’un comme l’autre diviseraient le pays.
La présence de la famille royale au cœur des affaires nationales est l’une des principales raisons de l’extraordinaire stabilité politique de la Grande-Bretagne depuis deux cents ans. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, l’écrivain socialiste George Orwell a reconnu cet état de fait, observant que la présence de la famille royale avait contribué à sauver la Grande-Bretagne du fascisme pendant la crise des années 30.
La presse anglaise se moque de la famille royale
Les intellectuels de gauche (et d’extrême droite) ne veulent pas entendre ces vérités élémentaires. C’est pourquoi, ces dernières semaines, à l’approche du mariage princier, une partie de la presse — The Guardian et The Independent en tête — a multiplié les insultes et les moqueries à l’encontre de la famille royale.Dans le lot, il y a beaucoup de propos choquants que nous ne nous abaisserons pas à répéter. D’autres étaient d’une suffisance ridicule — je pense en particulier à un article déplaisant, plein de mépris et d’invectives, où Joan Smith de The Independent se plaint amèrement qu’un jour "alors que je venais de lui dire un simple ‘bonjour’ sans lui faire la révérence, la reine a fait comme si elle ne me voyait pas".
Mais certains articles sont carrément sinistres. The Guardian a présenté un projet de cours sur la monarchie à l’intention des enseignants, qui comporte des slides [diapositives] PowerPoint, à utiliser en classe en prévision du grand jour. Il s’agit d’une propagande anti-royaliste éhontée, et l’auteur déclare son objectif sans vergogne : "La présentation PowerPoint donne aux élèves le vocabulaire et l’information, tous les éléments dont ils ont besoin pour se faire leur propre idée sur la question et se préparer au défi final : faut-il abolir la monarchie?"
Le mariage de cette semaine sera un grand jour : le prince William et Catherine Middleton laissent présager une ère nouvelle, plus détendue, pour la famille royale. Mais si la bienveillance nationale a de quoi réjouir, le couple princier ne doit pas pécher par excès de confiance. Ses ennemis les plus intelligents ont compris que la cause républicaine restait sans espoir tant que la reine était en vie. Mais quand elle se sera éteinte, ils vont revenir à la charge. La famille royale va alors devoir puiser dans toutes ses réserves de pragmatisme et de sagesse tranquille si elle veut traverser le XXIe siècle.
Reactions
Une opinion publique confuse
Réformer Schengen, un geste dérisoire
La récente offensive menée contre la convention de Schengen en est un bon exemple. Les gouvernements français et italien veulent temporairement rétablir des contrôles à la frontière entre pays européens au cas où l'Europe serait confrontée à un afflux massif de réfugiés. L’Allemagne approuve.
A la Commission européenne, Rome et Paris – sur le principe – jouent sur du velours. Leur proposition ne soulève concrètement aucune objection. Rien ne laisse penser que cette idée met sérieusement en péril le principe de la liberté de circulation en Europe. Seulement voilà: cette initiative n’a strictement rien à voir avec le véritable problème à propos duquel l’Europe fuit systématiquement ses responsabilités.
La vraie question est la suivante : comment l’Union européenne peut-elle mettre en place une politique d’immigration commune et solidaire ? Il est nécessaire pour les Etats membres de se répartir équitablement le travail entre l’accueil et l’intégration des demandeurs d’asile, ce indépendamment d’évènements ponctuels comme le récent afflux de dizaines de milliers de réfugiés en provenance de Tunisie.
L’Europe échoue toujours lamentablement à répondre à cette question importante. Les principaux obstacles sont l’Allemagne et l’Autriche. Ils ne veulent pas des réfugiés qui traversent la Méditerranée pour fuir la misère. Politiquement, la position de l’Europe est complètement au point mort. Alors l’Europe s’agite. Par principe.
Cible des islamistes marocains : les sites touristiques
Pour ces terroristes, les étrangers qui visitent le pays le “pervertissent”.
Depuis toujours, la stratégie des islamistes marocains (mais aussi tunisiens, égyptiens, etc.) liés à la mouvance « salafiste jihadiste », dont al-Qaida est l’avant-garde, consiste à frapper les zones touristiques, afin de déstabiliser les dirigeants « impies » ou apostats liés aux pays occidentaux, d’où viennent la majorité des touristes qui « pervertissent » les pays musulmans, selon les islamistes.
Rappelons que, le 16 mai 2003, une série d’attaques terroristes visant également des touristes fut perpétrée à Casablanca, la plus grande ville du Maroc. Les attentats, qui firent 45 morts (dont 12 kamikazes) et 100 blessés, visaient un hôtel, des restaurants fréquentés par des étrangers et des établissements juifs de la ville. Entre 2001 et 2011, les autorités marocaines ont régulièrement démantelé des cellules terroristes et arrêté des terroristes plus ou moins liés à la mouvance al-Qaida. Ainsi, le 11 mars 2007, un kamikaze marocain trouva la mort en actionnant une bombe dissimulée sous ses vêtements dans un cybercafé de Sidi Moumen, à Casablanca, et, le 13 août 2007, un autre kamikaze marocain se fit exploser avec une bonbonne de gaz, à Meknès, manquant de peu le bus de touristes qu’il visait.
Parmi les terroristes arrêtés par les services marocains, figure Saad Houssaini, soupçonné de liens avec al-Qaida et d’implication dans les attentats de Casablanca en 2003 et de Madrid en 2004.
Saad Houssaini était le chef de la commission militaire du GICM (Groupe islamique combattant marocain). Depuis août 2006, suite au démantèlement de l’organisation terroriste marocaine Ansar al-Mahdi, les autorités marocaines ont multiplié les mesures de sécurité dans les ports, sur les routes et dans les aéroports. Il est clair que le Maroc est l’un des pays musulmans les plus visés par le terrorisme salafiste djihadiste, en raison de ses liens avec les Etats-Unis et l’Occident, de son islam modéré, du fait qu’il abrite une communauté juive importante liée au pouvoir monarchique, et du fait que ce pays mène une lutte sans merci contre les réseaux islamistes maghrébins liés à al-Qaida, notamment à AQMI (al-Qaida au Maghreb islamique). Dans ce contexte, les autorités marocaines n’ont pas seulement procédé à des arrestations de terroristes, mais elles ont également interdit plusieurs partis politiques islamistes qui se disent opposés au terrorisme mais qui entretiendraient des liens avec certains groupes violents. C’est ainsi que le parti islamiste al-Badil al-Hadari fut interdit en raison de l’implication de ses dirigeants dans l’affaire du réseau terroriste Belliraj : un réseau dirigé par un islamiste marocain résidant en Belgique, dont l’argent provenait des braquages, recels et de contributions diverses. Les arrestations visèrent même des membres du respectable Parti islamiste de la justice et du développement, le PJD, du mouvement al-Badil al-Hadari, ou du Hizb al-Oumma.
En fait, l’islamisme marocain est éclaté en trois grandes mouvances. La composante salafiste violente (« djihadiste »), considère le Maroc comme une société « impie » dont il faut se dissocier en s’exilant ou combattre par le terrorisme. D’où le fait que nombre de salafistes quittent les villes touristiques marocaines « terres du péché » pour s’installer dans le Sahel, le Sahara ou les périphéries marginales, comme les banlieues de Sidi Moumen, dont sont originaires les auteurs des attentats de Casablanca. Ainsi, le Groupe islamique des combattants marocains (GICM), fondé en 1997 par des anciens d’Afghanistan, est affilié à al-Qaida, a pris le Sahara, le sud désertique de l’Algérie et la Mauritanie comme bases arrière. Lié aux mouvements terroristes algériens (GSPC) et à AQMI, qui en est l’émanation, le GICM veut créer un Etat islamique au Maroc. L’un de ses fondateurs, Saad Houssaini, encourt la peine de mort pour sa participation aux attentats de Casablanca et de Madrid.
Lady Di, princesse for ever
Avant… Après…
Evénement royal : Mariage prince Charles et Diana Spencer / Mariage prince William et Kate Middleton
Les chiffres
Qu’elles seront longues les saisons, les heures et les minutes qui séparent encore le PS de la désignation de son candidat à l’élection présidentielle.
Elles comptent double dans la durée politique et l’histoire politique mesurera combien elles auront pesé lourd sur le chemin du retour au pouvoir que la gauche a tracé à l’avance : nous ne sommes qu’au printemps 2011 et les germes de rivalités internes, essaimés par les uns et par les autres dans le vent des ambitions individuelles, commencent déjà à donner des pousses qui pourraient s’avérer empoisonnées pour la moisson 2012.
Le grand Léo — Ferré — n’était pas si prosaïque, mais oui, décidément, avec le temps, va, tout s’en va, et avec lui les promesses d’une primaire apaisée et loyale qui auraient pavé la voie vers une victoire facile.
La montée en puissance de François Hollande dérange manifestement le scénario écrit à l’avance d’un retour triomphal de Dominique Strauss-Kahn. Quel effet de teasing restera-t-il au directeur du Fonds monétaire international quand il finira enfin par se déclarer, sans doute en mai ? Que restera-t-il du désir d’avenir qu’auront attisé, des mois durant, son absence et le mystère sur ses intentions présidentielles ?
La stratégie de la rareté montre toutes ses limites avant même que le champion des sondages revienne en France. Lucide, DSK s’attendait lui-même à perdre des points dès lors que son retour le banaliserait. Mais pas si tôt.
Le concept séduisant du candidat virtuel, sorte de héros providentiel des socialistes, est aujourd’hui doublement battu en brèche. L’appétit vient naturellement en mangeant à la première secrétaire du PS : sa fonction fait d’elle une candidate. L’opiniâtre maire de Lille n’est peut-être plus si sûre de vouloir s’effacer devant l’exilé de Washington.
Quant à son prédécesseur, rue de Solférino, il a privilégié une campagne de terrain de longue haleine et elle a entamé officiellement sa course hier soir à Clichy-la-Garenne. L’éternelle histoire de la tortue qui avance, avance, sans se retourner et finit par battre le lièvre ?
Dans une version optimiste, la division du parti dans ce match à 3, 4, 5 ou 6 — puisque Ségolène Royal ne détellera pas — ne sera qu’un épisode. Et les compétiteurs, quelles que soient les amabilités qu’ils s’échangeront, pourraient tous finir par se retrouver derrière le vainqueur à la manière d’un Obama rassembleur des démocrates américains et des supporters d’Hillary Clinton.
Mais le précédent socialiste français de 2007 n’augure pas forcément du dénouement à l’américaine de 2008.
En faisant bouillonner les exaspérations, le faux suspense DSK ne peut que recuire les jalousies, mitonner les petites phrases assassines et provoquer l’indigestion du grand public devant des recettes de communication aussi pesantes.
jeudi 28 avril 2011
mercredi 27 avril 2011
Mais que fait DSK à Paris ?
Eviter les erreurs de Ségolène Royal en 2007
Pendant que François Hollande tisse patiemment son réseau sur le terrain et tient son premier meeting de campagne mercredi, plusieurs élus verront DSK lors de son passage parisien, notamment le député Pierre Moscovici et le député-maire de Grenoble Michel Destot, président du Conseil national du PS et du cercle "Inventer à gauche". Il faut consolider "la liaison entre le parti et DSK car ce sera l'équation gagnante --on doit éviter l'erreur de 2007 avec Ségolène Royal, d'un côté, la candidate et de l'autre, le parti-- et mettre une dimension politique et populaire", explique à l'AFP M. Destot. et ce dernier d'ajouter : "On voit bien les qualités politiques de l'homme d'Etat mais il est nécessaire pour la campagne présidentielle qu'il acquière une dimension de proximité, de terrain qu'il n'a pas encore, étant à l'extérieur. C'est ce qu'on veut amener, nous".
Leur champion ne peut rien dire, statuts du FMI obligent, mais n'a pas fait objection à leurs initiatives. Pour Michel Destot, il s'agit de "toujours privilégier terrain et élus sur la bureaucratie et la petite cuisine politique". Une pique visant deux autres strauss-kahniens, les députés Jean-Christophe Cambadélis et Jean-Marie Le Guen, spécialistes des petites phrases assassines?
Le réseau de grands élus est distinct du réseau "constitué de manière informelle avec Jean-Christophe Cambadélis, Pierre Moscovici, Claude Bartolone, Jean-Marie Le Guen, Vincent Peillon." précise le député-maire de Grenoble.
DSK peut compter sur le maire de Lyon et le Président de la Région Bourgogne
Le 3 mai, se tiendra à l'Assemblée nationale la première réunion du Conseil politique formé du "collège d'orientation politique d'élus" et du collège d'experts ou "plutôt de référents", poursuit Dominique de Combles de Nayves, un proche de Michel Destot, chargé de l'organiser. Cet ancien secrétaire général de la Cour des Comptes et ancien ambassadeur avait coordonné en 2006 la campagne interne de DSK.
Dans le collège d'experts figurent "une dizaine à une quinzaine" de "poids lourds" qui ont "occupé des fonctions" notamment dans le dernier gouvernement Jospin ou "qui en occupent dans des entreprises ou administrations". Et dans conseil d'orientation politique, on retrouve plusieurs maires de grandes villes. Le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb réunira avec Michel Destot le 2 mai "DSK 2012 Rhône-Alpes". Le Président du Conseil régional de Bourgogne François Patriat, et à Marseille Patrick Mennucci assurent eux aussi des relais, alors que dans les fédérations socialistes se montent des "DSK 2012".
Pour une fois, il faut bien reconnaître que Marine Le Pen a raison sur un point: le sommet franco-italien d’hier «n’a été qu’une perte de temps». Ou plutôt, soyons justes, un aimable divertissement dont les deux comédiens ont orchestré le tempo et les répliques avec la maestria qu’on leur connaît pour enluminer le vide.
Le compromis qu’ils ont trouvé ne changera strictement rien à la réalité de l’afflux d’immigrés légaux et clandestins en provenance de Tunisie. La commission de Bruxelles l’a dit explicitement: le «renforcement» des accords de Schengen, demandé par Silvio Berlusconi et Nicolas Sarkozy ne sera, au mieux, qu’une clarification - allez, un petit ajustement - sur l’interprétation des règles de libre circulation dans l’espace européen.
De la pure communication. Le président français et le premier ministre italien ont voulu faire croire que le rétablissement des frontières intérieures était envisageable pour éviter le déferlement d’étrangers indésirables. Ils savent l’un et l’autre que c’est quasiment impossible techniquement, et politiquement dangereux: ce serait enclencher un engrenage de méfiance difficile à maîtriser. Mais l’essentiel ne tenait pas à la crédibilité de leur appel de Rome. Il s’agissait avant tout de faire passer un message de fermeté à leurs opinions respectives, et à un certain électorat qui souhaitait l’entendre.
C’est en vendant de cette façon le concept séduisant d’une Europe à la carte qu’on acclimate le citoyen à des illusions simplistes et qu’on l’habitue à des solutions qui semblaient inconcevables. C’est en gommant d’une phrase ses complexités, ses contradictions et ses exigences, qu’on tue l’idéal européen. Plus grave: sans même parler de morale - le pape Benoît XVI s’en est chargé ce week-end en rappelant les impératifs d’hospitalité d’un continent «riche» - c’est une démarche intellectuelle qui tente d’accréditer des fausses certitudes.
Toutes les études - toutes! - montrent que non seulement l’immigration n’explose pas en France - l’un des pays européens qui accueillent le moins d’étrangers - mais surtout qu’elle ne pèse pas sur les comptes sociaux (y compris la protection maladie et même en prenant en compte les prises en charge de la CMU). Mieux, elle bénéficie positivement - c’est un fait comptable - au financement de la protection sociale et des retraites. Si la proportion de la population étrangère au chômage est plus importante, c’est vrai, que celle des natifs, les immigrés, qui occupent les emplois les plus pénibles, «ne prennent pas le travail des chômeurs» pour autant. Le plus souvent très mal payés, ils contribuent à la compétitivité de nombreuses entreprises... et à la survie du made in France.
On a toujours le droit de trouver qu’il y a trop d’immigrés en France, mais la justification économique de ce sentiment n’est pas valable.
mardi 26 avril 2011
Il y a vingt-cinq ans, la catastrophe de Tchernobyl avait frappé le monde de stupeur mais n’avait pas remis en question le nucléaire. Si elle avait joué le rôle d’un test d’effroi – grandeur nature, hélas – son souffle n’était pas parvenu à enrayer la progression irrésistible d’une source énergétique dont les promoteurs parvinrent à imposer l’idée qu’elle était finalement bien plus propre que la plupart des autres. La contestation radicale des années 70 au son de «No nukes» avait perdu la bataille sur le terrain idéologique, en même temps qu’elle avait rendu les armes face au dogme supérieur de l’indépendance énergétique. Si une centrale avait explosé en Ukraine, c’était un accident, après tout : la faute aux effets pervers du bureaucratisme soviétique.
Un quart de siècle après l’explosion, les images de la zone interdite délimitée après le funeste 26 avril 1986 sont aussi irréelles que désespérantes, tant elles mettent en évidence la fuite irréversible de la vie. Mais au rythme des tours opérateurs qui le font désormais visiter, le site fait presque figure de curiosité de la planète.
Le désastre de Fukushima, lui, va frapper l’imaginaire du monde bien plus profondément, instillant le doute jusque parmi les peuples dont les dirigeants rêvaient de posséder la précieuse technologie atomique. Un peu partout, la côte de popularité du nucléaire a perdu des points. Si elle reste globalement majoritaire, c’est désormais de très peu. Même la France, qui l’a toujours approuvée, est en proie au doute.
Cette fois, quelque chose s’est bel et bien cassé dans la confiance que le lobby mondial du nucléaire avait patiemment réussi à imposer dans les esprits. Promettre de «dire la vérité» – comme le réclame en guise d’acte de contrition le président russe Medvedev – ne suffira même plus, maintenant qu’un pays aussi développé que le Japon était incapable de maîtriser un incident.
Au moment même où, de l’autre côté du Rhin, le gouvernement d’Angela Merkel arrête, sans état d’âme, les réacteurs allemands les plus anciens, l’arrogance avec laquelle EDF continue de prétendre qu’une vieille centrale comme Fessenheim est «aussi sûre qu’une neuve», insulte non seulement les promesses faites à plusieurs reprises par l’État, mais aussi le discernement de l’opinion.
Plus qu’une stratégie de rapprochement avec les Verts, le revirement de Nicolas Hulot en faveur d’une sortie progressive du nucléaire est emblématique de l’évolution, encore floue, des mentalités dans une catégorie charnière de la population française. Le discours sécuritaire de l’industrie nucléaire aura désormais d’autant plus de mal à convaincre que le risque n’est plus un fantasme mais une réalité vécue en direct et au jour le jour. Alors qu’importe qu’il soit plus ou moins faible puisqu’il est de toute façon monstrueux.
lundi 25 avril 2011
Il faudra bien profiter de ce lundi de Pâques car il y a de fortes chances qu’il soit le dernier jour de congé à peu près tranquille avant longtemps. Chacun a bien compris, en effet, que la campagne électorale allait maintenant s’emballer. Désormais tout sera politique, même la météo, promise à la confiscation. Vent, chaleur, tempête, orage… la métaphore climatique est vorace quand elle chasse sur les territoires des acteurs du pouvoir et qu’elle survole les champs de bataille de leurs conquêtes.
Il ne manquerait plus que la sécheresse qui frappe le nord du pays en ce printemps 2011 s’accentue pour que le premier degré rattrape le second sur le thermomètre des passions françaises. L’inquiétude des agriculteurs et le courage dont ils font preuve pour affronter les âpres défis des lois arides du marché ne devraient pas être le moindre des germes d’interrogation sur cette identité française qui balisera le chemin de l’actualité jusqu’au 22 avril 2012.
Puisqu’une partie de la France urbaine passera ce jour de retour de week-end sur les routes, et parfois à faible allure, la contemplation obligatoire du paysage l’invitera à méditer sur ce monde rural devenu négligeable sur les tablettes démographiques mais qui reste le maître des paysages, ces constructions humaines par définition. Comment préserver son rôle irremplaçable ?
Comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir, l’automobiliste fera donc de la sociologie sans le vouloir. Un peu de philosophie, aussi, sur la jouissance de la vitesse que freine forcément l’installation de radars de plus en plus nombreux et de plus en plus sophistiqués. Faut-il accepter avec sagesse cette bride sur le cou de nos désirs instinctifs qui peuvent aussi véhiculer des dangers mortels ? Et si oui, comment dépasser cet obstacle au plaisir du vertige?
L’habitacle confiné de nos autos est plus aérien qu’on ne le croit. Au volant, on peut s’envoler aussi vers la sphère internationale. L’espace français – heureux soit ce pays vaste et varié qui a la plus faible densité de population de tous les grands pays industriels européens ! – pose la question de sa place dans le monde. Son ouverture géographique sur l’océan Atlantique à l’Ouest, sur tout le continent à l’Est et au Nord, sur la Méditerranée et l’Afrique au sud, est une chance qui lui impose à la fois des réalités et des devoirs. Sujet de bac et cas de conscience…
Ce qui nous amène à rouler vers le sport avec le match France-Italie programmé ce mardi et la rencontre Sarkozy-Berlusconi, qui s’annonce musclée. «Silvio» et «Nicolas», deux «amis», disent-ils, aux tempéraments ressemblants. D’ordinaire, ils s’apprécient. Là, ils sont prêts à se lancer les traités européens à la figure ! L’intérêt de l’un, le transalpin, est d’être généreux avec les immigrés tunisiens, l’intérêt de l’autre est de ne pas l’être. Aïe, de la psycho maintenant ! Ca attendra demain…
Pour Hulot, sortir du nucléaire est "un objectif prioritaire"
Le candidat écologiste à la présidentielle Nicolas Hulot a déclaré lundi que la sortie du nucléaire était désormais "un objectif prioritaire", soulignant que la catastrophe de Fukushima avait achevé de le convaincre. "Fukushima est une démonstration qui achève de me convaincre que le nucléaire ne peut plus être la réponse à l'avenir énergétique de la planète", a déclaré à des journalistes M. Hulot, qui devait participer à Strasbourg à une manifestation pour réclamer la fermeture de la centrale de Fessenheim.
Nicolas Hulot, à qui sa rivale d'EELV Eva Joly avait reproché de ne pas avoir mentionné la question du nucléaire dans sa déclaration de candidature, s'est défendu de prendre position pour faire plaisir à son camp. "Je n'affûte pas mes convictions à l'aune de ce que les militants écologistes ont envie d'entendre. (...) La réalité a fait une démonstration implacable qu'on s'est trompés", a-t-il dit. Il a estimé "envisageable" de sortir du nucléaire en "quelques décennies", tout en mettant en garde contre toute "précipitation" et en plaidant pour le "pragmatisme". "Il faut faire jaillir un mix énergétique digne de ce nom, orienter les investissements en termes de recherche et de développement des énergies renouvelables, favoriser l'efficacité énergétique", a-t-il souligné.
«Le régime syrien ne veut pas de témoins»
Malgré la répression des manifestations et en dépit de l'absence de journalistes étrangers sur place, Damas ne peut empêcher la diffusion d'informations, notamment via internet.
Dimanche, quatre personnes ont été tuées par les forces de l'ordre à Jableh, près de Lattaquié, dans le nord-ouest du pays. Plusieurs autres ont été blessées. Peu après, environ 3000 habitants de Banias, une ville située à une cinquantaine de kilomètres de Lattaquié, ont organisé par solidarité un sit-in sur l'autoroute reliant Lattaquié à Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, dont le siège est à Londres. Les manifestants ont affirmé qu'ils ne lèveraient pas le blocage de l'autoroute tant que les forces de sécurité ne cesseraient pas leurs tirs à Jableh. Ces quatre nouveaux décès portent à au moins 352 le nombre de personnes ayant péri depuis le début, le 15 mars, du mouvement de rébellion, selon des chiffres compilés par l'Agence France-Presse.
Des milliers d'habitants de la province de Deraa, où est né le mouvement de révolte dans le sud du pays, ont par ailleurs enterré dimanche plusieurs victimes de la répression, après la prière. Une manifestation a suivi sans que les forces de sécurité n'interviennent, a raconté un militant. Les protestataires ont brandi des drapeaux syriens et des pancartes appelant «à la suppression de l'article 8 de la Constitution» sur la suprématie du parti unique Baas, a-t-il ajouté sous couvert de l'anonymat. La majorité des commerces étaient fermés en signe de deuil.
Arrestations d'opposants
Ces derniers jours, les services de sécurité ont fait des descentes dans plusieurs villes, arrêtant des militants hostiles au régime, ont indiqué des témoins et l'opposition. Dimanche, selon des militants des droits de l'homme, une dizaine de personnes ont été arrêtées dans plusieurs villes dont Damas, Homs, Deraa, Lattaquié et Alep. Dans un communiqué, 102 intellectuels et journalistes ont condamné «la pression des autorités syriennes» et ont appelé les journalistes travaillant dans les médias officiels à démissionner.Des «dizaines d'arrestations» ont eu lieu vendredi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, qui a donné le nom de 15 militants dans l'est du pays. Il a dénoncé «la poursuite de la politique des arrestations arbitraires malgré la levée de l'état d'urgence» et appelé «à une enquête indépendante sur les meurtres commis lors des manifestations».
Des témoins ont indiqué que les routes menant aux «secteurs chauds» proches de la capitale étaient fermées la nuit. Des points de contrôle sont établis pour vérifier les cartes d'identité et n'autoriser que les résidents à entrer dans ces localités théâtre de protestations.
Pour leur part, les autorités syriennes continuent à faire état de morts dans les rangs de la police ou l'armée, tués par «des gangs armés» à qui elles imputent le mouvement de contestation.