TOUT EST DIT

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vendredi 29 avril 2011

La monarchie britannique résiste bien

Si l'on en croit les sondages, 70 % des Britanniques se déclarent indifférents au mariage royal de William et Kate. Or la cérémonie devrait être regardée par deux milliards de téléspectateurs dans le monde. Comment ce qui passionne la planète peut-il laisser de marbre les Anglais eux-mêmes ? Ou la réalité est-elle autre ?

Une majorité de Britanniques a beau prendre ses distances avec les festivités d'aujourd'hui, elle n'en déclare pas moins - à plus de 60 % - son adhésion à l'institution monarchique. La reine elle-même n'a jamais été plus populaire auprès de ses sujets.

La monarchie est, pour la Grande-Bretagne, l'équivalent de ce qu'est la République pour la France et la Constitution pour les États-Unis : l'incarnation de l'identité nationale. Et, à l'heure de la mondialisation, l'institution fait mieux que résister. Ce ne sont pas seulement les « vieux Britanniques » qui se reconnaissent en elle. Plus le monde est transparent et interdépendant, plus la volonté de se sentir membre d'une grande famille collective peut apparaître comme une forme de protection.

Les traditions créent un sentiment de continuité rassurante. Elles donnent aussi, parfois, une force plus grande. En 1940, Winston Churchill a pu mobiliser toutes les énergies britanniques pour résister à l'Allemagne d'Hitler parce qu'il bénéficiait du soutien d'une famille royale qui, sous les bombes, avait choisi de rester à Londres. Le protocole et ses rituels d'une autre époque réaffirment à leur façon un lien entre passé et présent, qui reste une des clés de la « démocratie à l'anglaise ».

Rêve ou sagesse ?

Sur le plan démocratique, la monarchie constitutionnelle, parce qu'elle distingue entre le symbole du pouvoir - le souverain - et la réalité du pouvoir - le Premier ministre -, peut apparaître comme un système plus équilibré que la « monarchie républicaine » à la française où tous les pouvoirs sont concentrés sur la présidence de la République.

En l'espace de dix -huit mois, les Britanniques auront ainsi un mariage royal et les Jeux olympiques. L'état de leur économie n'est pas meilleur que celui de la France et pourtant, en dépit des tensions sociales, les Britanniques sont infiniment moins moroses que peuvent l'être les Français. Il serait certes exagéré de considérer que la monarchie, que l'on peut voir comme une « machine à fabriquer du rêve », suffit à expliquer la différence entre les deux nations. Mais la mariée, Kate Middleton, parce qu'elle n'appartient pas à la noblesse et plus encore parce que sa famille, en l'espace de quatre générations, est passée de la mine à la couronne, est l'exemple rêvé de l'ascension sociale dans une société peut-être plus ouverte que la nôtre.

Les Français peuvent regarder avec un mélange d'amusement, de fascination et de nostalgie les rituels monarchiques de leurs voisins. Les Américains, dont le Président est entouré d'une pompe toute monarchique, regardent, eux aussi, avec révérence la couronne britannique. Les deux films anglais qui ont eu le plus de succès aux États-Unis récemment - The Queen et Le Discours du Roi - ne sont-ils pas deux célébrations du système monarchique ?

Aujourd'hui, à Londres, ce n'est pas seulement le rêve romantique ou une romance médiatisée à outrance qui sont célébrés, mais une certaine forme de sagesse politique ancestrale. Moderne d'une certaine façon.



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