TOUT EST DIT

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mercredi 23 mars 2011

Les trois solidarités de notre temps

En temps de crise et de catastrophes, un mot revient comme un rappel aux consciences : solidarité. Le terme, dans son usage politique, remonte à la révolution de 1848, révolution sociale après la révolution bourgeoise de 1789. Mais le rappel de ce devoir des individus à l'égard des autres trouve sa source dans la tradition chrétienne d'une part, dans la tradition des socialistes non marxistes d'autre part. Depuis, il a souvent été la référence de tous les discours justifiant que l'État intervienne dans le social, aux lieu et place des individus, des familles ou des institutions privées.

Mais, aujourd'hui, la signification de la solidarité s'est considérablement élargie. Au départ, il s'agissait de faire face à la misère des classes pauvres, qualifiées aussi, au XIXe siècle, de « classes dangereuses ». La charité ne suffisant plus à faire face à l'ampleur du problème, des mécanismes collectifs de solidarité durent être mis en place sous l'égide de l'État (assurances sociales, retraites, etc.).

Progressivement, ce filet protecteur fut étendu. En bénéficièrent d'abord les plus démunis ou les plus revendicatifs (mineurs, ouvriers du Livre, etc.). L'Allemagne de Bismarck fut une pionnière en la matière. Bismarck n'était pourtant pas un philanthrope et la protection offerte aux prolétaires allemands était moins un effet de sa bonté d'âme que d'une appréciation réaliste de la situation. Il fallait éviter la révolution !

Le cœur et... l'intérêt

Plus d'un siècle plus tard, la réédition du même mécanisme se réalise au niveau européen. Et l'Allemagne est de nouveau en première ligne. À sa demande expresse, le traité de Maastricht avait exclu toute forme de solidarité au sein de la zone euro en cas de défaillance financière d'un État. L'Allemagne, qui avait jusque-là financé largement l'intégration européenne, refusait d'éponger les dettes des cigales grecques ou autres, afin de les contraindre à la discipline.

On connaît la suite : contraints et forcés, les Allemands et les autres Européens ont dû manifester leur solidarité financière, non seulement aux Grecs, mais aussi aux Irlandais et demain, peut-être, au Portugal et à l'Espagne. L'Allemagne aurait-elle eu des remords ? Pas du tout, mais son intérêt lui commandait d'arrêter un jeu de massacre qui pouvait mettre toute l'économie de l'Europe, y compris la sienne, en péril. Dans le futur, un mécanisme de solidarité financière européenne sera mis en place. L'histoire démontre à nouveau que la solidarité n'est pas seulement affaire de coeur, mais aussi d'intérêt bien compris.

Un troisième événement vient illustrer une autre exigence de solidarité. Les émeutes en Tunisie, en Égypte, en Libye, mais plus généralement la situation économique et sociale en Afrique sont autant d'appels à la solidarité des Européens. Certains rétorqueront : « Qu'on les rejette à la mer ! » Soit, on ne peut forcer personne à être généreux. Mais alors, entendons au moins le discours réaliste et égoïste de l'intérêt. Ne pas venir en aide à nos voisins du Sud signifie une immigration massive, incontrôlée et ingérable et/ou des troubles politiques et sociaux à nos portes.

Dans le monde global d'aujourd'hui, l'interdépendance mutuelle est incontestable, pour le meilleur ou pour le pire, et cela a un nom : solidarité. Que ceux qui ne veulent pas y mettre de la générosité aient au moins la conscience que « charité bien ordonnée ne commence PAS par soi-même ».



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