Oui, ce fut une grande surprise. Je pressentais cette popularité mais je n’imaginais pas qu’elle prendrait de telles proportions. Il y a toujours autour d’une disparition brutale une émotion mais là, c’était vraiment inattendu. Je gardais en mémoire la campagne cauchemar des municipales à Paris en 2001 marquée par une forte hostilité vis-à-vis de lui. Neuf ans plus tard, j’ai ressenti une ferveur populaire inversement proportionnelle. Quand son cercueil a été conduit dans la cour des Invalides sous les applaudissements, c’était extrêmement poignant.
Je crois qu’il n’a jamais caché aux Français ce qui faisait sa force et ses faiblesses. Il avait des fragilités qu’il ne dissimulait pas. Pour ces raisons, liées à l’homme, ajoutées à la force de ses convictions et de son engagement (il abhorrait les compromissions – souvenez-vous de sa posture face au FN), il était à la fois attachant, accessible et, même depuis la Cour des comptes, indissociable de la scène politique française. Après le choc, sa disparition a laissé place à un grand vide, et beaucoup ont, semble-t-il, découvert qu’il manquait dans le paysage politique de notre pays. Je pense aussi qu’il était profondément respectueux de l’Etat et de ses institutions. Cela compte dans l’esprit des gens, et ce n’est pas la qualité la mieux partagée chez les politiques actuels…
Aucunement. De l’ambition, il en avait certainement. Mais de plan de carrière, je ne lui en connaissais aucun. Ce n’était pas son genre. Sa popularité était peut-être liée au fait qu’il n’a pas fait tout ce qu’il fallait pour atteindre ces fonctions, et qu’il s’est toujours refusé à prendre des raccourcis et à renoncer à ses convictions pour accéder au sommet du pouvoir.
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