TOUT EST DIT

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mercredi 7 juillet 2010

Affaire Bettencourt : Woerth prend les Français à témoin

Le ministre du Travail et trésorier de l'UMP est intervenu hier soir sur TF1. Il a réfuté tout financement illégal de la campagne de Nicolas Sarkozy par la famille Bettencourt et a exclu de quitter le gouvernement.
S'expliquer devant les Français pour tenter de sauver ce qui peut l'être, avant que le chef de l'Etat ne prenne lui-même la parole. C'est le choix fait par Eric Woerth, invité hier soir au « 20 Heures » de TF1 au moment où, pour la première fois, Nicolas Sarkozy est personnellement mis en cause dans l'affaire Bettencourt et où, selon un sondage Ifop, deux Français sur trois (69 %) souhaitent un remaniement gouvernemental rapide. Le ministre du Travail et trésorier de l'UMP a réfuté les accusations de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, selon lesquelles il aurait reçu, en 2007, 150.000 euros en espèces pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. « Jamais, jamais, je n'ai reçu le moindre euro illégal », a-t-il martelé, excluant de quitter le gouvernement sous la pression politique et médiatique : « Je suis cloué au pilori par une forme de presse et le PS. Si je démissionne, je leur donne raison. » Eric Woerth a jugé que sa situation « n'a rien à voir » avec celle de Dominique Strauss-Kahn qui, mis en cause dans l'affaire de la MNEF, démissionna avant d'être relaxé. Il s'est estimé victime d'une « cabale politique orchestrée par le PS ».
« Tenir bon »

« J'essaie de garder mon calme, mais j'ai envie de les étrangler », avait-il lâché hier matin lors de la réunion à huis clos du groupe UMP. Remerciant les élus pour leur soutien depuis « trois semaines », Eric Woerth leur a assuré : « Je tiens bon. »

« Tenir bon » au moins jusqu'aux conclusions de l'Inspection générale des finances attendues pour vendredi et dénoncer « une tentative de déstabilisation sans preuve » afin de discréditer les accusations… Tels sont les deux mots d'ordre donnés dès hier matin par Nicolas Sarkozy lors du petit déjeuner des dirigeants de la majorité. Toute la défense de l'exécutif a dreposé hier sur le respect de la « présomption d'innocence » (Michèle Alliot-Marie) face à une « chasse à l'homme » (François Fillon) fondée, selon le chef de l'Etat, sur la « calomnie ». Lors d'une séance de questions d'actualité houleuse hier à l'Assemblée, les socialistes ont, eux, demandé la saisine d'un « juge indépendant » qui puisse enquêter à la place du parquet, par nature subordonné au ministre de la Justice. Ils ont surtout voulu prouver qu'au-delà d'Eric Woerth c'est « un système » tout entier qui est mis en cause. « En quelques jours, nous sommes passés de la crise morale à la crise politique », a lancé Jean-Marc Ayrault. Excédés et déboussolés, des députés UMP ont renvoyé au PS ses ennuis judiciaires à Marseille avant d'applaudir debout François Baroin lorsqu'il a lancé à l'opposition : « Je vous en conjure, au nom d'une certaine idée que nous avons en partage de la démocratie, de la République, ne faites pas le jeu de l'extrême droite ! » Les élus socialistes ont alors quitté l'hémicycle laissant Jean Glavany répondre seul au ministre du Budget : « Le populisme ne se nourrit pas de certaines dénonciations mais de certaines pratiques. »

Au sein de la majorité, rares sont les élus qui demandent ouvertement un remaniement rapide à l'instar de Lionnel Luca ou de la villepiniste Marie-Anne Montchamp. Tous attendent, en revanche que le chef de l'Etat prenne la parole - ce sera mardi -ainsi que Jean-François Copé et Jean-Pierre Raffarin le lui ont demandé hier matin. « On ne peut pas continuer avec un climat délétère comme ça », soupire le chef de file des députés Nouveau Centre François Sauvadet. Sous couvert d'anonymat, certains font part de leur inquiétude, n'imaginant pas qu'Eric Woerth, devenu « une cible permanente », puisse encore défendre la réforme des retraites au Parlement mais craignant qu'une éventuelle démission du ministre et trésorier de l'UMP prive Nicolas Sarkozy de protection. « Si Woerth saute, c'est le président qui est en première ligne », glisse un élu UMP. « Si le président lâche Woerth maintenant, il se lâche lui-même », explique un dirigeant de la majorité, qui souhaiterait un remaniement avant l'été dans lequel Eric Woerth ne quitterait pas le gouvernement mais changerait de poste. Un responsable de Bercy spécialiste des procédures de contrôle fiscal - Philippe Parini, directeur des Finances publiques -doit être auditionné aujourd'hui en commission des Finances à l'Assemblée nationale.

ELSA FREYSSENET

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