TOUT EST DIT

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mardi 20 juillet 2010

Énergies vertes : leçon de Californie

À l'heure où le puits fou de BP déverse son pétrole dans le golfe du Mexique et où la France adopte une loi Grenelle 2 minimaliste, tandis que le prix du gaz domestique augmente, il est temps de prendre la mesure du double défi énergétique et climatique de l'avenir. Nous ne pouvons plus continuer à vivre comme si les ressources en énergies fossiles ¯ pétrole et gaz ¯ étaient infinies. Or, la crise, qui devrait être l'occasion de remettre à plat un système qui encourage le gaspillage, semble, au contraire, avoir renforcé crispations et conservatismes. J'ai ramené, d'une enquête de deux ans en Californie, un message d'espoir (1). Celui de bâtir le capitalisme vert, imaginé dans la Silicon Valley.

La vallée, qui a successivement signé la révolution des semi-conducteurs, de la micro-informatique, puis de l'Internet, se lance avec enthousiasme dans les nouvelles technologies appliquées aux énergies de demain : biocarburants avancés, panneaux solaires sophistiqués, voitures électriques de nouvelle génération, matériaux de construction écologiques, géothermie profonde, cerfs-volants éoliens, réseaux électriques intelligents...

Il a suffi qu'une demi-douzaine de stars des technologies numériques, comme Larry Page, le cofondateur de Google, ou Vinod Khosla, l'un des créateurs de Sun Microsystems, se passionnent pour cette cause pour que le business vert devienne une « nouvelle frontière » de l'aventure. Pour ceux dont le mot d'ordre a toujours été « la meilleure manière de prédire le futur est de l'inventer », il s'agit d'un cocktail irrésistible : l'excitation des grands défis technologiques, l'espoir de sauver la planète et... la séduction d'un nouvel Eldorado ! Le défi principal de ce secteur balbutiant est de populariser des produits verts jusqu'ici réservés à quelques privilégiés.

Bien sûr, ces jeunes pousses ne sauveront pas, à elles seules, la planète. Mais elles sont les aiguillons qui forcent déjà les géants du pétrole, de l'industrie automobile ou de la grande consommation à épouser le nouveau modèle vert. Ainsi, Renault a noué un partenariat avec Better Place (Palo Alto) qui construit des réseaux de recharge de voitures électriques. Et Total travaille avec Amyris (Emeryville), qui conçoit des agrocarburants de nouvelle génération. Car ces grands groupes savent que, s'ils mettent leur tête dans le sable, ils disparaîtront. Qui se souvient des géants informatiques d'hier ¯ Honeywell, NCR ou Wang ¯ balayés par la vague de l'ordinateur personnel ?

Bien sûr, la France n'est pas la Californie. Mais nous pouvons en tirer des leçons. Ne serait-ce que pour nous départir de notre légendaire arrogance. Jusqu'ici, nous pensions que nous n'avions pas besoin des énergies renouvelables parce que nous avions... le nucléaire, qui fournit 80 % de notre électricité (en émettant peu de gaz à effet de serre). Mais ne reproduit-on pas, avec ce raisonnement, ce que j'appelle le « syndrôme du Minitel » ? Certains n'affirmaient-ils pas encore sérieusement, il y a quinze ans, que l'Internet ne viendrait jamais en France puisque nous avions inventé la télématique !

Mobilisons, au contraire, nos avantages comparatifs ¯ excellents ingénieurs, culture de politique industrielle, expérience des partenariats public-privé ¯ pour suivre les Californiens dans la mise en place d'un environnement favorable à l'entrepreneuriat vert. Il y va de la croissance et des emplois de demain.

(*) Auteur de Les pionniers de l'or vert, Grasset, 2009.

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