TOUT EST DIT

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mardi 20 juillet 2010

Des eaux trop profondes

Trois mois après la mort d'onze personnes sur la plate-forme Deepwater incendiée, les habitants de Louisiane, du Mississippi, d'Alabama et de Floride ont toujours sous les yeux la gigantesque tache qui défigure le golfe du Mexique, asphyxie les bayous, tue la faune et met au chômage des milliers de pêcheurs et d'hôteliers. La marée noire reste angoissante avec ses brefs espoirs et ses déceptions quand une nouvelle brèche dément les calculs des ingénieurs. Ces incertitudes sont une immense leçon d'humilité face aux défis techniques que constituent les plates-formes pétrolières en eaux très profondes.
Une fois de plus, une compagnie, ne voyant que les bénéfices escomptés si tout va bien, a joué avec le feu et minimisé les risques. Mais attendre la fermeture des plates-formes maritimes au nom de la sécurité est un vœu pieux. Notre dépendance aux énergies fossiles est énorme et la plate-forme en mer est décisive : quelque 20 000 plates-formes maritimes assurent plus de 20 % de l'approvisionnement mondial en pétrole.
Il est sûr en revanche que cette catastrophe doit conduire à renforcer la réglementation. Dans un premier temps, il faut aller au-delà du simple moratoire adopté sous la contrainte mais susceptible d'être oublié dès que les images des pélicans léchant leurs plumes huilées de noir auront quitté la une des médias. Le moratoire instauré aux États-Unis court jusqu'au 30 novembre, ce qui est le minimum. L'une des nouvelles règles pourrait être l'obligation de forer un puits de secours pour chaque puits foré en mer.
Avec environ 360 plates-formes pétrolières maritimes, l'Union européenne n'est pas à l'abri. L'avantage est que la moitié d'entre elles sont à moins de 250 mètres de fond. Des plongeurs peuvent donc intervenir alors qu'au large de la Louisiane il faut tripatouiller à plus de 4 km sous la croûte terrestre, ce qui explique qu'on en soit encore à tâtonner avec des robots téléguidés dans un noir d'encre.
Mais au large de la Grande-Bretagne une vingtaine de plates-formes forent à plus de mille mètres. L'Union européenne, si prompte à encadrer des domaines pas forcément décisifs, a donc ici un vaste champ pour légiférer sur un sujet sensible qui concerne à la fois la sécurité des hommes envoyés sur les plates-formes et la sauvegarde de notre environnement maritime.

Dominique Jung

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