TOUT EST DIT

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lundi 21 juin 2010

Présidentielle : la balle au centre


Sauf si les sondages deviennent exécrables, Nicolas Sarkozy sera candidat à sa succession. Pour gagner, deux options divisent la majorité : la sienne ¯ construire une large union au premier tour pour créer une dynamique gagnante ¯ et celle de ses compétiteurs de droite et du centre, pour qui la diversité fait la force.

L'Élysée tire deux constats des élections régionales. D'une part, les centristes ont grappillé des voix et des sièges à leur allié UMP, sans lui en rapporter. D'autre part, les électeurs Front national déçus du sarkozysme ne se laisseront pas amadouer deux fois.

L'UMP doit donc trouver, au centre et au centre gauche, de quoi compenser l'électorat défaillant d'extrême droite, si elle veut échapper au sort de Lionel Jospin, en 2002. Cette grille de lecture, cette « cuisine électorale » diront ceux qui ont d'autres soucis, permet de décrypter les premières grandes manoeuvres.

Elle explique pourquoi Nicolas Sarkozy ne veut pas d'une candidature d'Hervé Morin, réélu président du Nouveau Centre, il y a une semaine. Elle éclaire la consolation empoisonnée offerte à Christine Boutin dont l'amertume reste vive, un an après son éviction du gouvernement. Elle justifie les pressions sur des députés pour saboter l'entreprise Villepin, très proche, sur le fond de celle de Bayrou. Elle éclaire l'entente affichée avec l'ambitieux patron des députés UMP, Jean-François Copé.

Premier objectif, donc, dissuader les initiatives qui peuvent faire perdre. Second objectif, contrôler les candidatures qui peuvent aider à gagner.

C'est ainsi qu'il faut comprendre les attentions diaboliques que Nicolas Sarkozy, qui sera demain dans sa circonscription, porte à François Bayrou. Cette fausse réhabilitation du président d'un MoDem en perdition lui fait espérer un minimum d'indulgence et un maximum de reports de voix. L'estime ostensible portée à Jean-Louis Borloo, dont la verte popularité peut élargir le socle majoritaire, ne s'explique pas autrement.

Cette grille de lecture permet aussi de décrypter des décisions de fond.

Pendant que Brice Hortefeux « soigne » l'extrême droite en multipliant les sorties sécuritaires, Nicolas Sarkozy tend des mains.

La réforme des retraites, gros affrontement à retentissement présidentiel, favorise plutôt les agriculteurs, préserve les retraités actuels, épargne les entreprises. La suppression du juge d'instruction ne verra pas le jour durant ce quinquennat. Les excès de la finance internationale, sources de tous nos maux, garantissent une présidence française du G20 aussi médiatique que fut celle de l'Union européenne. L'encadrement des déficits va passer par l'inscription, dans la Constitution, d'une règle d'or très chère aux centristes. On va veiller à éviter les signes ostentatoires de richesse de l'État. On va se montrer plus protecteur pour les classes moyennes, par exemple en réformant l'accession à la propriété...

Cela dit, il reste deux ans. On ne peut prévoir les soubresauts de la crise, ni le climat social autour des retraites. On ignore ce que sera l'autorité de Martine Aubry ou l'envie de Dominique Strauss-Kahn. Mais pour Nicolas Sarkozy, une chose est certaine : sa réélection dépend largement de la capacité des centristes et de Dominique de Villepin, à jouer les faiseurs de roi. La balle de la victoire de 2012 est au centre.

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