TOUT EST DIT

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lundi 3 mai 2010

EXPATRIÉS - Faut-il apprendre la langue du pays ?

Les étrangers raillent souvent l'inaptitude des Français à parler correctement les langues étrangères. Mais lorsque l'on vit et travaille à l'étranger, parler la langue du pays pourrait bien être un facteur déterminant d'intégration. Apprendre la langue du pays, le secret d'une expatriation réussie ?
“C’est du chinois !” Combien d'expatriés débarquant à l'étranger se sentent privés de repères. Après l'euphorie de la découverte et de la nouveauté, tous les expatriés souffrent plus ou moins d'un choc culturel en arrivant dans une nouvelle contrée. Celui-ci est encore plus fort lorsqu'ils sont incapables de s'exprimer dans la langue du pays qui les accueille. Certes, d'autres facteurs, comme le manque afffectif, l'environnement ou le climat sont déterminants dans la perte de repères, mais l'incomprehension et l'inaptitude à communiquer peut accroitre la sensation de frustration, d'isolement et de spleen. Ce phénomène, tout-à-fait normal, n'est heureusement souvent qu'une étape avant de profiter avec plaisir de l'aventure de l'expatriation.

Prendre le temps d'apprendre la langue
Face au choc culturel,quoi de mieux que d'apprendre la langue du pays ? Un objectif qui peut s'averer ludique et utile. Ainsi, Isa qui a vécu en Autriche, raconte : “J'ai appris l'allemand de façon intensive à l'école. C'est indispensable pour s'intégrer, cela m'a permis d'avoir des amis autrichiens, de mieux les comprendre, de sortir de la surface des choses. Certaines de mes amies ne l'ont pas fait et ne se sont pas aussi bien intégrées ; elles sont reparties plus vite en France. Cela crée aussi un attachement au pays. On a plaisir à reparler cette langue même dans d'autres contextes”. Pour Cécile à Casablanca : “Partout où je me suis expatriée, j'ai fait l'effort de prendre des cours de langue. C'est utile mais aussi un vrai plaisir. J'ai ainsi des notions d'italien, de turc et de chinois. C'est souvent en cours de langue que j'ai rencontré celles qui sont devenues mes amies par la suite. Au Maroc, où le français est largement parlé, surtout en ville, c'est difficile de se motiver. Mais cela permet de faciliter les échanges, et le professeur de langue est souvent celui qui nous aide à décrypter les différences culturelles.”

Sortir du communautarisme
On trouve d'importantes communautés d'expatriés dans toutes les grandes villes du monde. L'accueil francophone par exemple, présent dans 60 pays et 127 villes du monde aide à entrer en contact avec des compatriotes, pour partager ses expériences et de rencontrer des amis. Mais s'ouvrir aux autres habitants du pays est extrêmenent enrichissant. Louis-Arnaud Savary qui réside en Irlande, explique : “D'une manière générale, quand on vit dans un pays étranger, à moins que l'on soit égoïste et peu ouvert d'esprit au point de rester constamment entre soi, entre Français, pour ne parler que français, il faut apprendre la langue du pays. Dans le cas de l'Irlande, tout ce qui est supervisé par l'État (musées, panneaux routiers, nom des rues, etc.) est en affichage bilingue irlandais-anglais. Donc à moins d'avoir l'esprit à demi aveugle pour ne voir que l'anglais, je pense que l'on ne peut pas se permettre d'ignorer la langue irlandaise en Irlande. Et puis il y a de nombreux avantages à connaitre ne fût-ce que "merci", et "salutations distinguées" pour les courriels, pour voir le visage des Irlandais s'illuminer de bonheur quand on le leur dit dans leur langue, avec notre accent bien franchouillard !” Les résidents locaux apprécient l'effort que vous faites pour communiquer avec eux dans leur langue, même si vous ne connaissez que quelques phrases simples, et cela facilite la vie.

Un plus....
En apprenant une langue, on perçoit différemment les sons, la manière d'être et le langage des habitants. Cela permet un enrichissement certain, mais aussi une forme d'apaisement et de motivation qui signalent que le processus d'intégration est en cours. On se sent “autochtone”. Pour Daniel, de Ventiane, “parler la langue du pays permet d'être considéré comme un habitant et non plus comme un touriste de passage. Parler lao permet de ne pas s'exclure du reste de la société et de ne pas se cantoner à la communauté française. Au retour, c'est un plus sur le CV, cela différencie, montre qu'on est capable de s'ouvrir aux autres.” Chloé, à Hanoï renchérit : “Moi je me sers du vietnamien pour pas me faire avoir dans les taxis, pour faire mes courses à la recherche permanente des bonnes affaires, et bien sûr, pour aller à la rencontre de la population.Quand on retourne dans ce pays apres plusieurs années, on retrouve le plaisir de communiquer, on se sent chez soi.”

...Mais pas un facteur déterminant
Apprendre une langue, ne résout pas tout, ce serait trop simple. D'abord parce qu'on est pas tous doués pour cela, et qu'il n'est pas toujours possible d'y consacrer du temps. Christophe a jeté l'éponge après deux cours de chinois, incapable de distinguer les tons qui modifient le sens d'un mot. Ensuite parce qu'on a beau faire des efforts, l'intégration ne se décrète pas. Pour Louis-Arnaud : “Quand on apprend la langue locale, on va à des cours donc on rencontre des autochtones locuteurs natifs et d'autres étrangers qui veulent comme nous s'intégrer à la culture locale. Donc on se fait des amis. Ainsi, je répondrais que la maitrise de la langue locale est un plus, indirectement. Après, la culture irlandaise est encore très influencée (hélas) par la culture anglo-saxonne, qui est telle que pour s'intégrer, il faut d'abord être ami avec l'un des leurs, et c'est cette personne qui va nous intégrer à son réseau. Aborder un inconnu pour s'en faire un ami, que l'on parle l'irlandais couramment ou non, s'est toujours révélé sans résultat. En revanche, la participation régulière à une activité pendant longtemps peut à la longue permettre de se faire un ami du pays. Ensuite, le reste vient à son rythme. Donc la maitrise de la langue locale n'est pas un facteur d'intégration déterminant.” Enfin, parfois, la confusion et l'incompréhension vont au delà du manque de maitrise de la langue étrangère.Les questions linguistiques sont une chose, mais chaque pays a son histoire et des codes culturels qui lui sont propre.

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