TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 28 avril 2010

Dialogue renoué avec Pékin


Le ton est prudent. La confiance mesurée. Mais l'avis est général, à Pékin comme à Paris. La relation franco-chinoise est enfin sortie du climat extrêmement tendu qui la caractérisait depuis deux ans. La visite que Nicolas Sarkozy entreprend, à partir d'aujourd'hui, à Xian, Pékin et Shanghai, est censée clore la brouille déclenchée par la question tibétaine en 2008. C'est sa quatrième visite depuis son élection, sa deuxième visite d'État en trois ans. Inédit pour un président français. Inhabituel pour le protocole. C'est dire combien un surplus de diplomatie était nécessaire.

Certes, la Chine a tout intérêt à convier les principaux leaders du monde à l'exposition universelle de Shanghai. Les Jeux olympiques de Pékin, il y a deux ans, étaient avant tout une remarquable vitrine de respectabilité qu'aucun désagrément ne devait perturber. L'expo de Shanghai est plus encore. Une vitrine de puissance. La présence du monde lui est nécessaire.

Néanmoins, c'est surtout la France qui a dû oeuvrer à la réconciliation. Plusieurs missions officieuses ont été menées avant la visite remarquée, et décisive, en décembre, de François Fillon. Sans que, pour autant, la Chine ne recule le moins du monde sur le Tibet ni sur ce qu'elle considère, sans concession possible, comme ses intérêts vitaux.

Trois sujets vont dominer la visite du président français. D'abord, le rôle de Pékin dans le jeu politique international, notamment vis-à-vis de l'Iran. Membre du Conseil de sécurité, la Chine est décisive pour faire adopter une résolution. Elle a, jusqu'ici, freiné l'adoption de nouvelles sanctions contre Téhéran. Les récents signaux d'ouverture, fruits de l'irritation des responsables chinois (et russes) face à l'intransigeance iranienne, ne doivent pas faire oublier l'essentiel. Pékin peut donner son accord, mais ne franchira pas le pas de sanctions contre les intérêts pétroliers iraniens, pour la bonne raison qu'elle lui achète une partie du brut nécessaire à sa croissance.

Plus globalement, l'espoir de la délégation française, c'est que ce voyage contribue à faire de la Chine un partenaire assumant son nouveau rôle mondial au moment où Paris s'apprête à présider le G 20, à la fin de l'année. Finies les diatribes contre la monnaie chinoise, pourtant bien pénalisante pour les exportateurs européens. L'heure est au dialogue sur l'architecture monétaire mondiale.

Le troisième volet concernera l'environnement. Un comble, à première vue, compte tenu de la responsabilité de la Chine dans l'échec du sommet de Copenhague. Une coopération franco-chinoise est pourtant en route dans le domaine du développement durable. L' enjeu des nouvelles énergies n'échappe pas aux stratèges de l'Empire du Milieu. Encore ivre de sa première révolution industrielle, la Chine prépare déjà la seconde d'arrache-pied. Un chiffre en atteste : Pékin vient de dépasser les États-Unis en matière d'investissements dans les énergies propres.

Sur le plan commercial, si les négociations vont être poursuivies, l'annonce de contrats est renvoyée à l'automne, lors de la visite en France de Hu Jintao. L'enjeu d'aujourd'hui est plus politique. Comment impliquer la Chine dans la nouvelle gouvernance mondiale sans se soumettre à ses raideurs de puissance émergée ? Comment commercer avec elle (nucléaire, TGV, aviation) sans y laisser son propre savoir-faire ? C'est la mission difficile qui attend le président français.

0 commentaires: