TOUT EST DIT

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vendredi 26 mars 2010

Sauver Athènes, c'est sauver l'euro

Beaucoup d'efforts grecs. Un peu d'Europe. Un zeste de FMI (Fonds monétaire international). Depuis des semaines, les Européens cherchent la formule magique censée sauver la Grèce et rassurer les marchés sans pour autant effrayer les électeurs allemands. Tout le monde est d'accord au moins sur un point. Sauver Athènes, c'est sauver l'euro. Sur la manière, en revanche, on vient d'assister à un authentique bras de fer, imposé essentiellement par une Allemagne qui cède de plus en plus à la tentation du repli sur soi.

Ce repli, on peut le mesurer à l'humeur qui règne outre-Rhin depuis que le cas grec a explosé sur la scène internationale. Le mois dernier, la presse allemande a donné libre cours aux pires amalgames nationalistes. Dénoncer les opérations frauduleuses répétées de la classe dirigeante grecque en matière de comptes publics est une chose ; en faire l'atavisme de tout un peuple en est une autre. On parle beaucoup de l'échec des politiques de convergence économique dans la zone euro. Sur le plan culturel aussi, le travail reste à faire.

Dans la rue, dans la presse, dans les palais du pouvoir, un même refrain parcourt l'Allemagne tout entière. Le pays a effectué d'énormes efforts en matière salariale pour maintenir ses exportations. Les promesses de baisses des impôts avancées par les libéraux sont renvoyées à plus tard pour faire sortir les comptes du rouge. Dans ce contexte, nul ne veut voir l'argent allemand renflouer les poches de l'État grec.

Certes, tous les indicateurs économiques l'attestent, l'Allemagne a de bonnes raisons de se sentir plus vertueuse que certains de ses partenaires. Le raisonnement n'en est pas moins simpliste. De nombreux économistes s'alarment du risque d'étouffement de la relance qu'une cure trop brutale peut faire courir aux économies les plus fragiles. Surtout, la chancelière semble davantage guidée par ses propres soucis intérieurs, à la veille d'une élection délicate dans le land le plus peuplé, que par une vision de ce que devrait être la gouvernance économique de l'Union.

On aurait tort, cependant, de se focaliser sur ce repli allemand, annoncé par plusieurs signes depuis au moins un an. Les autres pays européens ne sont pas en reste. Lorsqu'il se dit prêt à une « crise en Europe », plutôt que d'accepter le démantèlement de la politique agricole commune, Nicolas Sarkozy n'actionne-t-il pas le même levier ? Lorsque, aux Pays-Bas ou en Hongrie, les formations populistes d'extrême droite gagnent du terrain, n'est-ce pas, là aussi, au nom d'un rejet de tous les travers de la mondialisation ?

L'effet était amplement prévisible, mais c'est maintenant qu'il se manifeste. La crise provoque d'énormes tensions et menace plus directement toute structure qui présente la moindre faiblesse. Après Athènes, Lisbonne se sent déjà dans le viseur des spéculateurs. Plus généralement, la maison européenne étant, il faut bien le dire, un ovni institutionnel, elle fait tout naturellement partie des cibles du « marché ».

En voulant imposer le recours au FMI, malgré l'opposition de la Banque centrale européenne, Berlin entend contraindre ses partenaires à déléguer en partie la gestion de la crise. À commencer par Paris, initialement hostile. Politiquement, c'est un point marqué par l'Allemagne, mais un aveu de faiblesse pour l'Europe. On a souvent dit que le traité de Lisbonne consacrait une Europe des nations, à l'heure anglaise. Et si c'était l'heure allemande ?

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