TOUT EST DIT

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samedi 13 février 2010

Une croissance française flatteuse mais en trompe-l'oeil

Avec une croissance de 0,6% au quatrième trimestre 2009, la France se distingue au sein de la zone euro mais sa performance est bien plus mitigée qu'il n'y paraît en première lecture.

La croissance française, la plus forte depuis le troisième trimestre 2007, contraste avec les chiffres moins bons que prévu annoncés par ses partenaires de la zone euro : 0,0% pour l'Allemagne, -0,1% en Espagne, -0,2% en Italie et au total +0,1% seulement pour les 16 pays de la zone alors que les économistes anticipaient en moyenne +0,3%.

En France, les économistes prévoyaient en moyenne +0,5% mais une consommation des ménages en hausse de 0,9% et une contribution positive de 0,9 point des variations de stocks ont permis de dépasser le consensus.

Or la consommation des ménages reflète surtout le succès de la "prime à la casse", dispositif appelé à disparaître par étapes en 2010, tandis que l'effet stocks tient seulement à un moindre déstockage des entreprises.

"Au-delà du marketing, la magie s'arrête. Hors stocks, il faut malheureusement souligner que le PIB français a reculé de 0,3% au quatrième trimestre", calcule Marc Touati, économiste chez Global Equities.

La statistique confirme en revanche une décélération des exportations au quatrième trimestre (+0,5% après +1,8% au troisième) et montre que l'investissement des entreprises non financières, essentiel pour la croissance future, a baissé pour le septième trimestre consécutif.

Sur l'ensemble de 2009, les dépenses d'équipement ont ainsi chuté de 7,7%, un chiffre à mettre au regard d'un taux d'utilisation des capacités industrielles tombé à 73%.

"C'est là que réside le point faible de la reprise", observe Marc Touati. "Car tant que l'investissement des entreprises restera aussi déplorable, le cercle vertueux investissement-emploi-consommation ne pourra pas se mettre en place".


"Il n'existe aucun moteur autonome de croissance pour l'économie française", renchérit Nicolas Bouzou, chez Asterès.

"Relâchez la politique économique - ce qu'il faudra bien faire compte tenu du coût de ces politiques pour les finances publiques - et l'activité s'effondre de nouveau", ajoute cet économiste pour qui la croissance ne dépassera pas 1% en 2010.

Même avec un effet stocks encore favorable, la croissance de 0,6% sera difficile à rééditer au premier trimestre.

Les ventes automobiles qui ont dopé la consommation des ménages retomberont avec la prime à la casse qui est passée de 1.000 euros à 700 euros le 1er janvier, et les composantes avancées des enquêtes de conjoncture montrent que les perspectives d'activité se dégradent tant dans l'industrie que dans les services.

Le moral des ménages s'est stabilisé mais il restera bas, sous la pression d'un chômage en hausse, et le retrait progressif des aides publiques pèsera sur la demande tout comme la remontée, certes timide, de l'inflation et la stagnation des salaires.

Le manque de dynamisme des économies européennes ne laisse pas attendre non plus beaucoup du commerce extérieur.

"Nous prévoyons une hausse limitée du PIB au premier trimestre, de l'ordre de 0,1-0,2%", écrivent les économistes du Crédit agricole dans une note diffusée vendredi.

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