Les espoirs des gérants, qui, fin 2009, misaient sur une remontée spectaculaire des marchés boursiers, seraient-ils en train de s'évanouir ? Une chose est sûre, la nervosité est plus que palpable sur les marchés financiers. En Asie comme en Europe ou aux Etats-Unis, les places boursières ont ainsi entamé le mois de février sur des reculs significatifs. En cinq séances, entre le 1er et le 5 février, le CAC 40 à Paris a cédé 4,70 %, le Footsie de Londres 2,46 %, tandis que l'Ibex à Madrid a perdu 7,71 % sur la période. Aux Etats-Unis ou à Tokyo, les baisses des indices ont été moins spectaculaires (- 0,55 % pour le Dow Jones et - 1,38 % pour le Nikkei) mais la tendance est là: les investisseurs ont à nouveau peur.
La faute à qui ? Aux déficits publics colossaux de la Grèce, de l'Espagne, du Portugal ou de l'Italie, surnommés d'une façon pas très sympathique les "pays du Club Med" de l'Europe, ou, plus méchamment, encore les "PIGS" (cochons) ? Au risque d'un éclatement de la zone euro lié aux difficultés de ces pays ? A la situation de l'emploi américain qui peine à se redresser ? Ou à la prise de conscience que l'économie mondiale est encore loin d'avoir surmonté toutes ses difficultés ? Sans doute un mélange de tout cela. "Les inquiétudes sur la dynamique de croissance pour 2010-2011 préoccupaient déjà les marchés. Ces derniers jours, les questions budgétaires des deux côtés de l'Atlantique ont été un élément déclencheur. Surtout en Europe, où l'accord de la Commission sur le budget grec a été perçu davantage comme un accord politique qu'économique", résume Philippe Waechter, responsable de la recherche chez Natixis AM.
Après celle de la Grèce, la situation budgétaire de l'Espagne et du Portugal ont également été jugées préoccupantes par les marchés. Et ces craintes ont été l'étincelle qui a fait vaciller les marchés en Europe à partir de jeudi 4 février. La dégradation des comptes publics, en créant des tensions sur le marché de la dette, a particulièrement affecté les cours des sociétés qui ont beaucoup emprunté. Ces dernières pourraient en effet être parmi les principales victimes de ces turbulences en ayant de plus en plus de mal à se refinancer. Le titre du groupe de BTP espagnol Ferrovial, dont le cours a plongé de plus de 11 % sur la seule séance de jeudi à Madrid, en fait partie.
Les valeurs bancaires ont aussi subi sévèrement ce mouvement de panique. En Italie, les cours d'Intesa Sanpaolo ou d'UniCredit ont perdu plus de 4 % en fin de semaine. En Espagne, le cours de la banque Santander a lui dégringolé de près de 10 % jeudi, le marché ignorant totalement les résultats annuels pourtant solides publiés le même jour par l'établissement.
Outre-Atlantique aussi, les investisseurs ne sont pas franchement rassurés. Si les Etats-Unis se sont toujours plus ou moins accommodés d'un déficit public colossal, le discours du président Barack Obama, faisant savoir que des mesures de soutien à l'économie étaient encore nécessaires, a démontré, à qui l'ignorait encore, que la situation du pays n'est pas encore totalement satisfaisante.
Les derniers chiffres de l'emploi ont illustré la convalescence difficile de la première économie mondiale. Les investisseurs ont ainsi appris, jeudi, que les inscriptions hebdomadaires au chômage étaient remontées à 480 000, contre 455 000 attendues. Et vendredi, le ministère du travail a fait état de nouvelles destructions d'emplois (20000) en janvier, alors que les investisseurs espéraient que l'économie serait à même d'en créer à nouveau.
Une consolation, toutefois, le taux de chômage a reculé à fin janvier, passant de 10 % à 9,7 %. Une baisse paradoxale qui peut s'expliquer par le fait que les Américains sont moins nombreux à cumuler désormais deux emplois. En prenant acte de cette reprise globalement mollassonne, les marchés ont sanctionné les valeurs cycliques, plus sensibles à la conjoncture économique, sur toutes les places boursières: industrie, automobile, sidérurgie… Les seules bonnes surprises de ces derniers jours sont venues de l'Asie et du secteur du luxe. Dans la foulée d'autres grands noms du luxe mondial, les français LVMH et Hermès ont annoncé jeudi et vendredi des ventes en hausse au quatrième trimestre, laissant entendre que le gros de la crise pourrait être passé pour le secteur. L'appétit grandissant des Chinois pour les produits haut de gamme étant l'une des principales raisons de cette embellie.
Claire Gatinois
samedi 6 février 2010
L’angoisse gagne les marchés boursiers
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