Après la censure du projet de loi permettant de céder les monuments nationaux aux collectivités territoriales par le Conseil constitutionnel, le ministre de la Culture sort de son silence dans L'Express. Pour lui, l'objectif essentiel reste la valorisation du patrimoine, mais il ne laissera pas faire n'importe quoi.
Il semble que vous ayez été peu concerné par l'élaboration de l'article 52, très contesté, sur la cession des monuments nationaux aux collectivités locales.
Je suis surpris que vous disiez cela. J'ai été, au contraire, très présent. J'ai rapidement fait savoir aux parlementaires ma position, qui est très simple. Le patrimoine est un ensemble vivant : il doit être mis en valeur et l'Etat n'est pas toujours le mieux placé pour le faire. Il doit conserver les éléments les plus emblématiques, ceux qui sont essentiels à la valorisation de l'histoire de la nation. Mais il n'est pas question de transformer l'Arc de triomphe en parc Astérix ! Dans bien des cas, les collectivités territoriales, lorsqu'elles présentent un projet qui garantit la pérennité du patrimoine, sont mieux à même d'en assurer la mise en valeur. Le souhait de valoriser ce secteur me semble légitime quand il s'agit de créer des emplois ou d'améliorer la vie économique. Au ministère de la Culture de veiller à ce que ces transferts se fassent dans la transparence et dans le respect du patrimoine commun.
Tout cela va à rebours de ce que prévoyait initialement l'article 52, conçu à Matignon, qui se passait de l'avis de votre ministère !
Ne vous méprenez pas sur les intentions du gouvernement. Le Premier ministre a souhaité donner la possibilité et la liberté aux collectivités locales qui le souhaitent de prendre la responsabilité d'un monument qui est partie intégrante de l'identité d'une région, d'un département ou d'une commune. Rien n'est automatique, tout doit se faire en concertation. L'Etat pourra dire non lorsque les projets ne sont pas au niveau. Mais les élus locaux qui, depuis vingt ans, ont souhaité valoriser la richesse de leur patrimoine l'ont fait de façon responsable.
Que va-t-il se passer maintenant ?
Je souhaite que l'on continue de discuter dans le cadre parlementaire. Et si, comme cela ne va pas tarder, un nouveau projet de loi est présenté, j'espère obtenir un texte conforme aux grands axes que je vous ai exposés, qui ont été approuvés par le gouvernement, et avec lesquels de plus en plus de députés et sénateurs semblent d'accord. Ma méthode n'est pas une méthode people, comme le sous-entendent certains journaux. Je vais à la rencontre des Français dialoguer dans le calme. Mon autre principe est de me rendre sur le terrain pour juger par moi-même.
Selon quels critères les transferts doivent-ils être opérés ?
Chaque cas doit être étudié par les services du ministère, qui s'entourera de tous les avis nécessaires, et je consulterai également les organisations syndicales chargées de défendre les agents travaillant dans ces monuments.
L'Etat a-t-il encore les moyens d'entretenir son patrimoine ?
Oui, à condition qu'il le fasse avec rigueur sans méconnaître une gestion économique moderne. On dispose chaque année de 400 millions d'euros pour le patrimoine et le plan de relance a bénéficié également à mon ministère. On peut trouver des solutions économiques pour certains bâtiments, qui n'ont plus vocation à se trouver dans le périmètre de l'Etat. Nous avons un patrimoine énorme en France, et pas seulement à la Culture, mais aussi à la Défense, à la Justice ou à l'Agriculture : des tribunaux, des casernes, des châteaux...
L'Etat doit-il céder ses monuments gratuitement ?
S'il n'a pas les moyens d'entretenir tel ou tel bâtiment non "stratégique" et si une collectivité locale propose de s'en charger avec un vrai projet culturel, pourquoi pas ? A condition que ce bien reste dans le domaine public.
vendredi 5 février 2010
Frédéric Mitterrand: "On ne transformera pas l'Arc de triomphe en parc Astérix"
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