TOUT EST DIT

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lundi 22 février 2010

François Fillon sur tous les fronts

En campagne pour les régionales, le premier ministre s'aventure aussi sur la scène internationale. Il revient du Proche-Orient.

L'omnipremier ministre serait-il en train de faire de l'ombre à l'hyperprésident ? François Fillon est sur tous les fronts à la veille des élections régionales. Premier ministre en campagne la semaine, vice-président le week-end à l'étranger ! On ne voit que lui, ces jours-ci. Même les journalistes sont revenus dans son sillage. Les candidats aux régionales se l'arrachent. Le chef de la majorité sera mardi au Mans, son fief électoral, pour animer une réunion aux côtés de Christophe Béchu, qui tente de reconquérir la région des Pays de la Loire. Il a prévu un déplacement jeudi et sera lundi prochain à Metz avec Laurent Hénart, chef de file en Lorraine. Avant d'enchaîner les meetings, le chef du gouvernement a mis sa casquette de diplomate. Pendant deux jours et demi, le gaulliste Fillon s'est frotté à «l'Orient compliqué», en Syrie et en Jordanie.

Une mission périlleuse, dans cette région de la planète, car le moindre mot mal calibré peut vite tourner à la gaffe diplomatique. À Damas, il s'en est plutôt bien sorti. Le premier ministre a calé ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy, qui a spectaculairement relancé les relations diplomatiques avec la Syrie. Premier chef de gouvernement français à se rendre à Damas depuis 1977, François Fillon s'est réjoui du choix du chef de l'État en rappelant que les États-Unis s'apprêtaient à l'imiter. Un virage diplomatique qui n'empêche pas les désaccords avec le régime de Bachar al-Assad. Vigilant, le numéro deux français a fermement remis à sa place son homologue syrien lorsque celui-ci a publiquement défendu «l'utilisation par l'Iran du nucléaire à des fins pacifiques». «Le gouvernement iranien viole clairement les réglementations internationales», lui a signifié Fillon en pleine conférence de presse.

Un contrat jordanien pour Areva

À Amman, il a nuancé les propos de son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui s'est prononcé dimanche pour la «proclamation d'un État palestinien avant même les négociations sur les frontières». Le premier ministre s'est montré beaucoup plus prudent, en liant la création de cet État palestinien à la négociation sur les frontières. C'est aussi à l'occasion de sa visite dans le royaume hachémite qu'un accord minier a été signé entre le gouvernement jordanien et le groupe français Areva pour l'exploitation des gisements d'uranium dans le centre de la Jordanie.

Depuis son arrivée à Matignon, François Fillon s'est révélé plutôt à l'aise sur la scène internationale. De Pékin à Bagdad ou encore plus récemment à Kaboul. Son style moins enflammé que le président séduit les chancelleries. Il est d'ailleurs le premier ministre qui s'est le plus déplacé à l'étranger. «Je reconnais que, là comme ailleurs, François Fillon sait y faire», constate le ministre délégué Henri de Raincourt, qui l'accompagnait ce week-end en Syrie et en Jordanie. En deux ans et demi, Fillon le globe-trotter a peaufiné sa stature internationale. «Il est au four et au moulin. En campagne et à l'étranger, où il est bon. Le pouvoir crée l'homme. Personne n'aurait imaginé il y a quelques années que Fillon pouvait faire un bon premier ministre», estime le député Claude Goasguen, autre membre de la délégation ce week-end. Très élégante dans son abaya noire, Christine Lagarde ne quitte pas d'une semelle le premier ministre pendant la visite de la mosquée des Omeyyades, à Damas : «Il est vraiment très relax, notre premier ministre», glisse, admirative, la ministre de l'Économie, présentée comme un futur premier ministre. En attendant, elle se contente de prendre son patron en photo avec son iPhone.

Si sa popularité marque le pas dans le dernier baromètre du JDD (- 3), François Fillon distance le chef de l'État de 14 points (50% contre 36%). Des sondages que ni l'Élysée ni Matignon ne veulent officiellement commenter. Une popularité que le patron des députés UMP, Jean-François Copé, attribue à la nouvelle donne de l'exécutif : «Sous Sarkozy, c'est le président qui prend tous les coups. Le premier ministre est devenu une sorte de vice-président qui fait de la représentation.»

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