TOUT EST DIT

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samedi 23 janvier 2010

" La part des crédits renouvelables de gros montant est trop importante "

Alors que le débat sur le projet de réforme du crédit à la consommation s'ouvre mardi, la filiale de BNP Paribas, qui revendique la première place des distributeurs de prêts à la consommation, adresse aux sénateurs un document contradictoire sur les douze idées préconçues en la matière.

Pour Thierry Laborde, directeur général de BNP Paribas Personal Finance, la réforme comme la chute de la production impliquent désormais d'établir un nouveau modèle de distribution et de relation avec les consommateurs.
Interview de Thierry Laborde, directeur général de BNP Paribas Personal Finance.

Pourquoi sensibiliser les sénateurs sur les idées reçues du crédit ?

Thierry Laborde : Nous sommes favorables à toutes les mesures qui vont dans le sens de plus de clarté et d'accès, mais il ne faut pas se laisser perturber par des préjugés et donner une mauvaise image de notre métier. Le crédit à la consommation est souvent mal connu et fait l'objet de nombreuses critiques. Beaucoup confondent l'endettement sain, utile socialement et économiquement, et le surendettement, sa forme pathologique. Nombreux sont aussi ceux qui pensent, par exemple, que les taux d'intérêt sont en France parmi les plus élevés d'Europe. Or, ils sont parmi les plus compétitifs. En qualité de promoteur du crédit responsable depuis 2004, il est de notre responsabilité d'y sensibiliser nos élus.

Que craignez-vous exactement ?

Thierry Laborde : Simplement que des conclusions inadaptées soient tirées sur la base d'idées fausses sur le sujet. Ce qui n'est dans l'intérêt de personne. Oui, il faut faire bouger les choses, mais dans le bon sens, pour un crédit à la fois plus responsable et plus accessible.

Pourquoi vous opposer à la création d'un fichier positif ?

Thierry Laborde : Nous considérons que ce n'est pas le bon moyen pour améliorer le problème du surendettement, si c'est ce que vise le fichier positif. Il ne préviendrait en rien les accidents de la vie - perte d'emploi, décès-maladie, séparation-divorce - qui, selon la Banque de France, représentent 75 % des causes du surendettement. Ce type de fichier pose un problème en termes de confidentialité et la majorité des associations de consommateurs est du même avis. Le plus efficace est d'avoir un meilleur fichier préventif des incidents.

Allez-vous accorder plus de crédits classiques, plutôt que des réserves d'argent avec la réforme des taux de l'usure ?

Thierry Laborde : Le système qui remonte à 1966 n'est plus du tout adapté. Le seul produit accessible aux populations fragiles est le crédit renouvelable, et il faut reconnaître que la part des crédits renouvelables de gros montant est trop importante. Avec une seule catégorie de crédit, différenciée par montants, cela limitera fortement le crédit renouvelable au-dessus de 6.000 euros et favorisera le crédit amortissable.

Les taux d'intérêt ne vont-ils pas augmenter ?

Thierry Laborde : Non, ils seront plus équilibrés. La concurrence limite les excès en matière de taux pratiqués. Avec trois tranches de taux, nous retrouverons une distribution du crédit en fonction des besoins du consommateur : petits achats répétitifs (inférieurs à 3.000 euros), besoins d'équipement (de 3.000 à 6.000 euros) et besoins d'investissement (supérieurs à 6.000 euros) finançant les achats d'automobiles et l'amélioration de l'habitat.

Pourquoi vous opposer à la déliaison entre carte de fidélité et crédit ?

Thierry Laborde : Dans le modèle économique de nos enseignes partenaires, cela aurait un impact fort sur la consommation. On dit que les cartes de fidélité sont des pièges, mais elles sont modérément utilisées pour leur fonction crédit. 49 % des utilisateurs paient comptant, 32 % en fin de mois et 19 % à crédit.

Les politiques doivent-ils soutenir le crédit en chute drastique depuis un an ? On a notamment évoqué un projet de garantie des prêts.

Thierry Laborde : Les pouvoirs publics ont déjà fait beaucoup. C'est à nous de faire évoluer notre " business model ", qui sera durablement moins profitable s'il n'évolue pas. On peut y répondre par la maîtrise des coûts, se dégager des activités périphériques et commercialiser d'autres produits, dans l'assurance ou la prévoyance.

L'octroi de nouveaux crédits va-t-il continuer de chuter d'ici à la fin d'année ?

Thierry Laborde : La première chose qui va reprendre, avec la sortie de crise, est la consommation. En attendant, la production va baisser pour les acteurs spécialisés. Pour être prêts, il nous faut établir une autre relation avec les emprunteurs, dont la majorité réclame plus d'accompagnement. Nous lançons aujourd'hui à cet effet un service d'information sur le crédit, non commercial, destiné à tous les Français, clients ou non de Cetelem.
PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE DRIF

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