TOUT EST DIT

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samedi 19 décembre 2009

L'autre fracture numérique : celle des 16-25 ans

Des chercheurs de la Fondation travail et technologies de Namur, en Belgique, se sont penchés sur une "fracture numérique" méconnue : celle qui touche les jeunes de 16 à 25 ans. Si leur étude montre que peu de jeunes sont totalement "offline", elle révèle aussi qu'en moyenne les jeunes Belges ne sont pas aussi à l'aise avec les nouvelles technologies qu'on pourrait l'imaginer. Entretien avec Gérard Valenduc, codirecteur du centre d'étude de la FTU et coauteur de l'étude.
Les conclusions de votre étude mettent à mal certaines idées reçues sur la génération des "digital natives", dont on imagine généralement qu'elle maîtrise très bien les nouvelles technologies de l'information et de la communication.

Ce n'est pas tout à fait le cas. Nous avons voulu nous pencher sur le cas des jeunes dits "off-line", qui n'ont quasiment aucune utilisation d'Internet et des outils informatiques. En réalité, seule une minorité de 16-25 ans est coupée de ces outils. Mais pour une partie d'entre eux, il est très difficile de franchir la passerelle qui sépare "leur" monde Internet, le chat, le téléchargement ou l'écoute de musique et de vidéos en ligne… de l'utilisation que la société attend d'eux, à commencer par leurs employeurs.

Il s'agirait donc d'une deuxième "fracture numérique" ?

Oui, mais elle ne sépare pas ceux qui ont accès au Web de ceux qui n'y ont pas accès. C'est un décalage entre un univers de divertissement et un univers plus large. Les compétences mobilisées dans les deux univers ne sont pas les mêmes : chatter et mettre en page un document ne font pas appel aux même compétences, par exemple. Au cours de l'étude, des animateurs de maisons de l'emploi nous ont expliqué que certains jeunes prenaient peur face à un formulaire électronique d'inscription, alors qu'ils passent peut-être dix heures par jour sur le Web à écouter de la musique ou à discuter avec leurs amis.

La clé pour réduire cette fracture serait donc une meilleure éducation à ces technologies ?

C'est l'une de nos recommandations. Nous estimons qu'il faut faire davantage converger, notamment à la fin du secondaire, l'éducation aux médias et aux technologies. L'enseignement des NTIC est encore trop tourné vers l'informatique pure : il faut également y intégrer davantage d'éducation aux médias, pour développer les compétences et les réflexes, comme le sens critique.

Vous relevez également que les 16-25 ans ne sont comparativement pas beaucoup plus à l'aise avec les NTIC que les générations suivantes.

La différence n'est finalement pas très marquée. Elle est plus importante en ce qui concerne les 16-19 ans, et en ce qui concerne les applications de divertissement, que l'on pratique moins après 25 ans, comme le téléchargement.

Quel rôle joue l'environnement familial dans l'appropriation de ces technologies ?

Au final, ce ne sont pas tant les critères économiques qui font qu'un jeune s'approprie ou non ces technologies. La culture numérique des parents et les relations entre les parents et les enfants jouent le rôle le plus important. Par exemple, alors que les jeunes filles sont en moyenne aussi à l'aise que les garçons avec les nouvelles technologies, nous avons observé plusieurs cas de jeunes filles, y compris majeures, qui sont "off-line" parce que leurs parents leur interdisent de sortir pour aller au cybercafé, alors que les garçons y ont droit.
Propos recueillis par Damien Leloup

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