TOUT EST DIT

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mercredi 1 juillet 2009

Pourquoi la conquête de l'espace profite à tous

La conquête spatiale a déjà fait rêver de nombreuses générations d'hommes et de femmes. Et petit à petit, les humains colonisent l'espace. Il y a quarante ans, des hommes marchaient sur la Lune. Aujourd'hui, ils habitent en permanence une station spatiale et font des allers-retours sur la Terre. Des centaines de satellites tournent autour de notre planète et des dizaines de sondes sophistiquées explorent notre Système solaire. Certains petits robots roulent sur Mars et analysent son sol. Des télescopes scrutent les profondeurs du cosmos pour débusquer les secrets de l'Univers et, pourquoi pas, pour repérer des traces de vie lointaine. Il y a là une volonté de découverte et de compréhension. Et les acquis sont en la ­matière déjà considérables. Mais l'apport de cet élan vers l'espace a des côtés moins connus alors qu'ils sont omniprésents dans notre vie quotidienne.

Ainsi, les avancées technologiques réalisées pour conquérir l'espace ont envahi notre quotidien. Le domaine médical a bénéficié de ces «innovations tombées du ciel», comme dit le titre du numéro de juin du magazine Industries et technologies. Une minuscule ­pompe d'assistance ventriculaire, utilisée dans les cœurs artificiels, est dérivée des pompes à carburant de la navette spatiale. Les pompes à insuline sont, elles, issues du programme Viking. Les machines de dialyse sont, elles, des retombées techniques du programme Apollo. Certaines prothèses sont réalisées avec des matériaux conçus pour les fusées. Rien que pour la Nasa, on estime que les technologies spatiales ont donné lieu à 1 600 innovations dans d'autres domaines, du détecteur de fumée à l'airbag en passant par les perceuses sans fil ou les panneaux solaires.

Et ce n'est pas fini. Ainsi des matériaux à mémoire de forme en alliage de nickel et de titane. Ce type de matériau est capable de revenir à un état initial sous l'action de la température après avoir été déformé. On peut donc fabriquer des «stents», ces petits tubes que l'on glisse dans les artères pour les «déboucher». On réduit leur diamètre avant la pose et ils se «déploient» dans l'artère sous l'action de la chaleur du corps. De même avec certains types d'agrafes chirurgicales. Bien d'autres applications sont en préparation dans différents domaines, comme les vêtements.

Il y a un mois et demi, la fusée Ariane mettait en orbite les ­télescopes européens Herschel et Planck. Les astrophysiciens ne devraient pas être les seuls à bénéficier de leur sophistication. Car si leurs instruments sont dix fois plus sensibles dans le domaine infrarouge et dans celui des rayons gamma que ceux lancés avant eux, il est envisagé de les faire travailler aussi sur la terre ferme. En particulier, ils pourraient être utilisés pour la surveillance des forêts et la détection précoce des incendies. Ou encore dans les aéroports pour repérer les gens fiévreux.

Une démarche devenue une référence mondiale

Un autre grand domaine ayant bénéficié des retombées du spatial est celui des matériaux. La chasse au poids a fait que les ingénieurs ont développé l'utilisation de métaux assez rares, magnésium, titane ou tantale par exemple. Et qu'ils ont fortement «boosté» le monde des matériaux composites, plus légers et plus résistants aux chocs et à la chaleur, à base de fibre de verre ou de carbone. Ces matériaux sont aujourd'hui courants dans l'aéronautique, mais aussi dans l'automobile, dans la construction navale ou ferroviaire.

Mais l'une des retombées les plus spectaculaires de la conquête de l'espace, et la moins connue, est celle de l'alimentation. On cite bien sûr souvent, à tort, la lyophilisation, qui est une déshydratation des aliments par le froid. Découvert par deux Français en 1906, le procédé fut appliqué aux aliments au milieu du XXe siècle. Et les voyages dans l'espace lui firent une bonne publicité.

Mais c'est ailleurs que l'influence des programmes spatiaux a joué. Pour les premiers vols habités, les experts de la Nasa voulaient être sûrs que la nourriture des astronautes soit totalement saine et sans danger. Avec l'aide d'une grande société du secteur, ils ont établi un système de règles appelé HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point, soit analyse des risques et des points critiques pour leur maîtrise) pour garantir l'hygiène de fabrication et la qualité des produits. De fil en aiguille, cette démarche HACCP est devenue une référence mondiale. Elle a même été adoptée par les organismes internationaux (la FAO et l'OMS) pour le Codex alimentarius, la «bible», créée en 1963, des normes, codes d'usages, directives, etc. pour les industries agroalimentaires. La 32e session de la commission du Codex ­alimentarius s'est d'ailleurs ouverte mardi à Rome et se tiendra jusqu'au 4 juillet. Nul doute qu'elle aura à traiter des sujets bien plus terre à terre que la conquête de l'espace. Pourtant, on peut avoir les pieds sur terre, mais la tête dans les étoiles…

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