TOUT EST DIT

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samedi 23 mai 2009

Pourquoi l'euro vaut à nouveau 1,40 dollar

L'euro a franchi vendredi le cap de 1,40 dollar, pour la première fois depuis le 2 janvier. Une appréciation de près de 4% en une semaine en fait surtout liée à la chute du billet vert. Pourquoi? Le mouvement sera-t-il durable? Quelles conséquences pour la zone euro?


L'euro a repassé la barre symbolique de 1,40 dollar pour la première fois depuis le 2 janvier. A 18 heures, vendredi, la monnaie européenne s'échangeait à 1,4000 dollar, après avoir touché 1,4030 en séance, contre moins d'1,39 dollar jeudi soir et moins d'1,35 en début de semaine. Une appréciation rapide moins liée à des facteurs européens qu'à la dépréciation du billet vert.
Quelles sont les causes de la chute brutale du dollar ?

C'est la conséquences de plusieurs éléments. D'abord, la publication, mercredi, des minutes du comité de politique monétaire de la banque centrale américaine, pas très optimiste sur l'activité économique aux Etats-Unis. D'après ce document, une augmentation des achats de titres, notamment de bons du Trésor, « pourrait être justifiée afin d'impulser une reprise plus rapide ». Or cette technique pèse sur le cours du dollar d'au moins 3 façons :

* En achetant ces titres, la Fed fait baisser leurs rendements et prive les investisseurs d'une raison d'acheter des dollars pour les acquérir.
* Elle traduit l'intensification du recours à des moyens « non conventionnels », dits d' « assouplissement quantitatifs », qui retardent d'autant la normalisation de la politique monétaire. En clair, toute hausse des taux, par nature favorable au billet vert, se trouve repoussée d'autant.
* Enfin, elle est interprétée par les marchés comme synonyme d'utilisation de la planche à billets, avec toutes les conséquences à terme en matière d'inflation.

Autre facteur négatif pour le dollar : la situation de la dette américaine. La crise et les mesures de lutte contre la crise accroissent le déficit budgétaire qui atteindra 1841 milliards de dollars pour l'exercice en cours, soit 13% du PIB américain. Ce qui oblige le gouvernement à émettre massivement de la dette pour le financer.

Problème, l'annonce jeudi par l'agence de notation Standard & Poor's de la mise sous surveillance négative de la dette anglaise, inquiète les investisseurs. Le Royaume-Uni n'est que menacé de perdre sa note « triple A », qui lui garantit l'accès aux financement les moins chers, mais le simple fait que cette menace touche pour la première fois un grand pays laisse penser à certains cambistes que les Etats-Unis pourraient aussi être frappés.

Tout le monde ne partage toutefois pas cette crainte. Pour Jean-Louis Mourrier, économiste chez Aurel BGC, cette hypothèse reste encore très théorique. "Tant que le dollar conserve son statut de monnaie de réserve, j'ai des doutes quant à la possibilité de voir le pays perdre sa note AAA. Il y aura toujours des acheteurs pour les titres d'Etat. D'autant qu'il y a toujours la possibilité de faire appel à la banque centrale pour en acheter. Mais l'hyptohèse fait partie des raisonnements à très court terme des marchés qui engendrent des sur-réactions".
La baisse du dollar sera-t-elle durable ?

Il est en fait difficile d'y voir clair dans une période marquée par une forte volatilité sur tous les marchés, y compris sur le marché des changes. Celle-ci étant nourrie par "des statistiques dans tous les sens", selon Jean-Louis Mourrier qui "ne croit pas" à une chute durable et continue du dollar. A condition, bien sûr, que la reprise annoncée dans quelques mois se confirme.

En attendant, selon lui, les banques centrales ne devraient plus agir sur les taux d'intérêt. Et il y aurait un consensus pour estimer que ce sont les Etats-Unis qui bénéficieront les premiers d'une amélioration de la situation économique. La Banque centrale américaine serait donc probablement la première à normaliser sa politique monétaire, boostant le dollar avant les autres monnaies.
Quelles conséquences pour les exportations de la zone euro?

"L'impact du taux de change n'est jamais immédiat, tente de rassurer Jean-Louis Mourrier. Il est rarement prépondérant par rapport à l'état de la demande. Or celle-ci est très mal en point. Si la hausse brutale de l'euro n'améliore pas la situation de la zone euro, elle ne la dégrade donc pas à court terme. Il faudrait que le mouvement se poursuive". Autrement dit, "il faudrait que la baisse du dollar de 5 cents observée cette semaine se répète pour qu'il y ait un impact".

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