TOUT EST DIT

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mardi 3 juin 2008

LUXE


La maison Hermès se porte bien Dieu merci. Le luxe est un secteur qui ne souffre pas du pouvoir d'achat.
Pourquoi ? Parce qu'en fait cela revient moins cher d'acheter une paire de John Lob qui durera plus de dix ans sans se démoder,
plutôt que d'acheter une paire de chaussures dans n'importe quel autre magasin.

La maison indépendante réunit son assemblée générale ce mardi alors que son action est au plus haut.

Il n'avait pas fallu moins de deux Boeing spécialement affrétés pour emmener, le 7 avril dernier, une bonne partie des descendants de la famille Hermès (ainsi que de nombreux journalistes du monde entier) dans les jardins d'un improbable palais de maharadjah posé au fin fond de la campagne anglaise, fêter le lancement du thème annuel de la maison de luxe, consacré à l'Inde. Un rituel immuable. Demain, les descendants d'Émile Hermès seront encore là, fidèles, pour voter les résolutions présentées lors de l'assemblée générale des actionnaires.

Chez Hermès, la famille, ça compte. Beaucoup. Une soixantaine de membres des cinquième et sixième générations portant, après une série d'alliances, les patronymes de Dumas, Puech et Guerrand se partagent 74 % du capital de l'entreprise. Jusqu'à quand ? C'est la question qui agite les marchés financiers de façon chronique depuis l'annonce de son départ, voici bientôt trois ans, par le patron emblématique, Jean-Louis Dumas, malade. Son successeur, Patrick Thomas, premier gérant extérieur à la famille, s'efforce depuis lors de maintenir la cohésion, malgré ces poussées de fièvre spéculative récurrentes.

Après près d'un an de calme, la spéculation est repartie de plus belle au printemps. Hier, l'action Hermès clôturait encore proche de son niveau historique, à 107,45 euros. Un gain de 38 % en trois mois. En Bourse, la société est valorisée 11,4 milliards d'euros, 38 fois ses bénéfices. Elle vaut plus que l'ensemble du groupe PPR (Fnac, Conforama, Gucci, Saint Laurent), dix fois plus gros en chiffre d'affaires !

Le lundi de Pentecôte, l'action avait fait un bond de 12 % en séance sur des rumeurs d'intérêt de Bernard Arnault et de son allié belge Albert Frère. Le patron de LVMH, qui rêve certes de mettre un jour la main sur la pépite de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, a eu beau affirmer publiquement depuis ne pas avoir acheté d'action Hermès et eu de contact avec la famille, la spéculation n'en est pas pour autant retombée. Techniquement, cette fébrilité s'expliquerait par des prises de position de hedge funds sur la valeur, avec des mouvements de yo-yo amplifiés par la faiblesse du flottant (26 % du capital en Bourse).
Unité familiale
« Ces rumeurs sont sans aucun fondement. L'unité de la famille reste totale », martèle une nouvelle fois Patrick Thomas. Le statut en commandite et l'obligation de déclarer tout franchissement de seuil de 0,5 % empêche sur le papier toute prise de contrôle. Mais la spéculation s'autoentretient, dans l'attente éventuelle d'une déstabilisation de la cohésion familiale, à l'image de ce que vécut le groupe Taittinger.

Cet intérêt des investisseurs cautionne aussi, il est vrai, la belle santé d'Hermès face aux turbulences économiques, alors que la marque est souvent à la traîne de ses pairs en période d'euphorie. « Nous avons fait la meilleure performance du secteur au premier trimestre. Hermès garde son rythme propre quand les autres ralentissent », se félicite Patrick Thomas. C'est aussi le luxe d'une maison familliale de vivre selon son propre tempo.

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