Pas de diagnostic partagé sur l’état calamiteux du pays, pas de consensus républicain autour d’une refondation du « modèle » français, pas d’unité nationale pour voter un corpus de lois à même d’éviter la désintégration sociale… Un mois après le traumatisme des attentats et l’extraordinaire sursaut des Français, l’« esprit du 11 janvier » a vécu. L’élan s’est arrêté net, terrassé par l’autisme de la classe politique, étouffé par le retour des corporatismes, trahi par une passion des formules qui n’a d’égal que la foi dans le statu quo, écrasé par un étatisme sourd à la société civile.
Depuis le 12 janvier, c’est politics as usual. L’UMP se déchire à défaut de se choisir une ligne. La très attendue conférence de presse du chef de l’Etat accouche d’une souris – le service civique volontaire. Rien n’entrave la dynamique d’un Front national « aux portes du pouvoir ». Au bond de popularité du couple exécutif succède un reflux marqué dans les sondages. Les annonces de réformes cosmétiques sur le chômage ou sur l’éducation suivent les incantations couvertes par le bruit des kalachnikovs. L’électrochoc a fait pschitt !
Bien sûr, personne n’imaginait que le gouvernement inverserait en 31 jours des décennies de gabegies, de lâchetés et de mensonges. Et que n’aurait-on dit s’il avait multiplié les lois de circonstance, sans concertation, ni préparation ? Mais voilà. Il est clair que François Hollande va se contenter de reposer le couvercle sur le chaudron. Son programme : un Premier ministre au front pour mieux se réserver les sommets, des mesures techniques pour donner l’illusion de l’action, un pari sur la croissance pour maquiller les échecs. Et au final, une occasion manquée.