Les parlementaires méritent mieux. Mieux que ce qu’ils gagnent. Ils méritent plus de moyens financiers, y compris via une revalorisation de leurs émoluments. Ils méritent aussi plus de moyens humains, afin de mieux légiférer, de mieux contrôler. Ils méritent enfin autre chose qu’un procès permanent en corruption. Or l’opacité est mère du soupçon, du discrédit et, par ricochet, de l’inefficacité.
N’écoutez donc pas ces élus prompts à dénoncer la tyrannie de la transparence. C’est du corporatisme de bas étage ! Ne les croyez pas davantage lorsqu’ils estiment inutile d’intégrer dans le code pénal la notion de « conflit d’intérêts ». C’est un droit à l’impunité qu’ils défendent !

Ne leur donnez surtout pas crédit quand ils traitent de populistes ou de démagogues ceux qui dénoncent les cumulards, les pantouflards et autres combinards. Ils contribuent à alimenter la crise de légitimité des élites, le cercle vicieux de la défiance.
La publication des déclarations d’intérêts laisserait libre cours au voyeurisme ? Peut-être. Mais tel est le prix – très marginal – à payer pour une démocratie apaisée. Car cette mise à nu est légitime, mieux : elle est vraiment nécessaire. Au nom de quelle exception française refuser ce que d’autres pays européens pratiquent depuis quarante ans au moins ?
De quel droit jeter un voile sur 1,6 milliard d’euros d’indemnités versés chaque année aux élus par l’Etat ? Et comment réclamer aux dirigeants des groupes privés, aux professions réglementées, aux distributeurs d’essence ou aux assureurs une opération vérité que l’on se refuse pour soi-même ?
A être plus transparents, députés et sénateurs gagneront en pouvoir. Alors, encore un effort !