TOUT EST DIT

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samedi 5 juillet 2014

Mise en examen de Nicolas Sarkozy - Tesson : "Le mal est fait avant la preuve"

On impute trop de crimes à Nicolas Sarkozy pour qu'on ne soupçonne pas ses adversaires d'un excès de zè le. Il est devenu une cible, déplore Philippe Tesson.
Il y a l'intime conviction. Vous êtes l'esclave de vos engagements, de vos amitiés, de votre passion politique, de vos intérêts. Cela vous conduit à pré-juger, et parfois même à aller contre l'évidence, avant même que celle-ci ne soit avérée. C'est une tentation qu'il faut absolument combattre. La présomption d'innocence est le rempart qu'on a inventé pour conjurer cette tentation. La présomption d'innocence est malheureusement polluée par des formes judiciaires insupportables : ces conditions indignes qu'on inflige au prévenu, ce réveil au petit matin, cette garde à vue interminable, et puis ce mot de mise en examen, bref, tout un cérémonial qui signale déjà le soupçon et un vocabulaire qui suggère le déshonneur. Pour un simple citoyen, c'est déjà beaucoup. Pour un simple citoyen qui fut président de la République, c'est pire. Qu'au moins on respecte a minima la fonction tant que la chose n'est pas jugée.
Alors, qu'on s'en tienne au doute. Il n'est pas juste que ces procédures sèment le doute sur l'accusé avec un temps d'avance au profit de l'accusateur. Le mal est fait avant la preuve du crime ou de l'innocence. En la circonstance, il est vrai que Nicolas Sarkozy, par tempérament, par bravade, par maladresse, n'a jamais été avare de défis. Il appelle le soupçon. Parmi tous les crimes qu'on lui impute, il se peut qu'il y en ait de réels. On verra bien. Mais on lui en impute trop pour qu'on ne soupçonne pas ses adversaires d'un excès de zèle, sachant que leur nombre est à lui seul suspect. Il est une cible de choix. Ne parlons pas de ceux qui sont de sa famille, parmi laquelle des amis dont il contrarie les ambitions. Parlons de ses ennemis politiques qui, sous la houlette du président de la République, ne cessent depuis deux ans de jurer sa perte et le poursuivent d'une haine revancharde. Puisque ce serait injurieux et diffamatoire, on ne les accusera pas de manipuler la justice qui, selon les termes de la Constitution, est indépendante. Mais manipuler l'opinion, ils s'y entendent, offensivement ou matoisement, jusqu'au mensonge (le fameux "je n'étais pas au courant" de Taubira).

Accusation de corruption : la plus infamante des sanctions

Pour ce qui est de la justice et de son acharnement, observons simplement qu'elle emploie des moyens singulièrement détournés pour parvenir à son but. C'est par le biais d'une procédure relative à des écoutes téléphoniques, méthode dont la légalité est pour le moins douteuse, qu'elle ouvre un chemin qui pourrait lui permettre de piéger la bête sur des terrains où on soupçonne celle-ci d'avoir commis des crimes. Alors, pour l'affaiblir, on n'hésite pas à lui infliger la plus infamante des sanctions : l'accusation de corruption. En toute indépendance. La juge en charge de l'affaire est en effet membre d'un syndicat qui avait appelé à voter contre lui au second tour de l'élection présidentielle.


Si d'aventure la culpabilité de Nicolas Sarkozy dans les crimes que la justice lui imputerait était avérée, on respecterait sa décision avec loyauté. Une loyauté qui ne nous interdit pas aujourd'hui de dénoncer son acharnement sournois, dont le pouvoir politique a toutes les raisons de profiter dans l'état où il est.
 

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