TOUT EST DIT

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vendredi 28 février 2014

Rheims : la démocratie pour les nuls !

La démocratie pour les nuls !


Un vent de renouveau souffle sur la télévision et sur la politique. Une nouvelle génération est en train de s'installer. Nathalie Rheims l'encourage...

Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'ambiance dans laquelle le pays aborde la dernière ligne droite des élections municipales n'est pas d'une grande sérénité. Certains spécialistes des médias se demandent même si on ne devrait pas supprimer les caméras dans l'hémicycle lors des questions au gouvernement. Selon eux, les médias et la démocratie ne font pas toujours bon ménage dans le cadre de "la société du spectacle". Le boycott de cette séance à la suite d'un nouveau clash entre les députés de l'UMP et les membres du gouvernement a fourni l'occasion à de nombreux journalistes des chaînes d'information continue d'interpeller les personnalités sur le délabrement de l'image qu'ils donnent de la démocratie politique. Nous sommes pourtant particulièrement fiers, en France, d'être un des principaux berceaux de la démocratie moderne et d'avoir atteint, dans ce domaine, un degré de maturité qui suscite l'envie de bien d'autres nations où les révolutions démocratiques ont tant de peine à s'affirmer et à s'établir.
La démocratie, dans l'exercice que je pratique pour Le Point.fr, consistant à humer, à travers ce que montre la télévision, l'air du temps et de la politique, j'ai l'impression de baigner dedans en permanence. Je ne me suis jamais sentie engagée dans un combat quelconque entre la gauche et la droite. J'ai pu exprimer aussi bien mon admiration pour le courage de Ségolène Royal que pour celui d'Henri Guaino ; j'ai pu applaudir à certaines performances du tribun et grand historien qu'est Jean-Luc Mélenchon, et appeler à ne pas laisser sombrer dans la ruine un grand parti comme l'UMP. Bref, on peut, au Point.fr, en tant qu'invité, s'exprimer dans la plus grande liberté, sans avoir à participer à telle ou telle "opération" ou grande manoeuvre.

La télévision, cette démocratie du quotidien

Déjà, en tant que téléspectatrice, je pointe ma "démocratie quotidienne", à chaque instant, au bout de ma télécommande. Lorsque je zappe, j'ai le sentiment de participer à un vote collectif, portant sur un programme ou sur un présentateur. L'audimat fait partie de cet "habitus" qui relève d'une démocratie intime et directe, où nous savons tous que le pouvoir est nôtre, celui de porter au pinacle ou de faire disparaître des supports idéologiques. C'est ce qui m'avait beaucoup plu en regardant la première de L'Émission pour tous de Ruquier en access prime time. Je trouvais cela "génial" d'offrir à chacun la possibilité de voter sur tout et n'importe quoi. Mais voilà, par la suite, on a vu se refermer les choses sur une sorte de manipulation de l'opinion, via ses chroniqueurs habituels et sa façon biaisée d'interroger le public. La réponse "démocratique", elle, ne s'est pas fait attendre et un audimat décevant confirma que l'opinion n'était pas aussi facilement manipulable. Même avec le plus charmant, le plus sympathique et le plus populaire des animateurs. Depuis Un homme dans la foule, le chef-d'oeuvre d'Elia Kazan de 1957, nous savons qu'aucun animateur, aussi vénéré soit-il par le public, n'est à l'abri de ce genre de déconvenue.
En tant que consommatrice, je baigne aussi dans cette autre démocratie du quotidien. Je le sais lorsque je parviens à "acheter français" ou que je me laisse aller à la mondialisation pour avoir, moi aussi, ma tablette ou mon smartphone ou, pire encore, ma voiture, sans me préoccuper de l'inversion de la courbe du chômage ou du déficit de notre balance commerciale. Ou encore en achetant bio, en pensant constamment aux menaces qui pèsent sur l'environnement et le réchauffement de la planète. Mais je suis toujours dans la démocratie active et souterraine en tant que contribuable. Là, pas d'état d'âme, la démocratie solidaire est sans appel.

La nouvelle génération Y de la politique

C'est dans la complexité de toutes ces micro-implications démocratiques que naît la maturité de mon statut de "citoyen politique" qui surplombe l'ensemble. Sur ce plan, face à l'enjeu des élections locales où cette complexité s'exerce tout particulièrement, puisqu'on y vote autant pour un parti que pour une personne, j'aurais tendance à privilégier les candidats qui acceptent de me traiter comme un citoyen adulte et ne cherchent pas à m'embobiner dans leur "savoir-faire-populaire". Ainsi, j'aime bien ceux qui acceptent de se soumettre aux primaires et n'attendent pas d'un simple jeu d'appareil qu'il les désigne. Je préfère ceux qui, justement, ne sont pas trop facilement populaires, sous prétexte qu'ils savent faire de la politique politicienne, qu'ils ont su obtenir la maîtrise de leur parti, de ses alliés, des dissidents de la vieille garde ou des nouveaux, qui ont envie d'en "croquer" ; des groupes d'influence, des comités de soutien, qui se forgent à coups de subvention ; des complicités médiatiques, qui se construisent au fil des ans à coups de relations publiques... ; toute cette vieille quincaillerie de la cuisine municipale dont on finit par être saturé et que l'on regarde comme une émission de variété ringarde. J'observe avec beaucoup d'espoir toute cette nouvelle génération Y de la politique qui semble vouloir s'éloigner de ces recettes de la popularité démagogique et permettre au peuple d'apprendre, sérieusement, sans y mettre toujours de l'habileté, à maîtriser son destin.

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