La commission a été créée suite aux évaluations négatives des recommandations de la troïka, censées faire sortir l’économie et les finances des dits Etats de la crise. Or d’après les déclarations de plusieurs politiques et experts, ces recommandations ont empiré davantage leur situation. Tous les analystes, il est vrai, ne partagent pas de telles assertions.
En juin dernier la presse européenne est allée jusqu’à évoquer une crise de la troïka elle-même. El Pais espagnol, en particulier, a cité les propos d’un haut fonctionnaire de l’UE tenus après son voyage au Portugal et en Grèce : « On peut considérer la troïka comme morte ». Les paroles du chef de la Commission Européenne José Manuel Barroso, suivant lesquelles il était temps que l’Europe renonce aux services du FMI, dont les recommandations rencontrent une opposition particulièrement âpre, ont mis de l’huile sur le feu. Aussi le comité pour l’économie et les finances du Parlement européen a-t-il proposé en octobre dernier de mener une enquête sur les résultats des activités de la troïka.
 D’ailleurs, les contradicteurs prétendent à leur tour qu’en absence de cette triple structure de contrôle les pays à problèmes de la zone euro auraient déjà connu une faillite. Le professeur de l’Ecole supérieure russe de l’économie Ivan Rodionov estime qu’en dépit de la critique de la part des parlementaires, les recommandations de la troïka, y compris du FMI, sont justifiées.
« En général, toute activité peut être critiquée, - dit le professeur. – D’autre part, les députés représentent une population et défendent ses intérêts, liés au taux des revenus, au taux du chômage. Et même si l’Europe sort de la crise, celle-ci continue, et dans certains pays la situation est assez compliquée. On comprend donc pourquoi le FMI est tout le temps critiqué. Mais en son absence la situation serait devenue tout simplement incontrôlable. »
Quoi qu’il en soit, le député européen de la gauche Jürgen Klute croit possible d’apporter des changements aux activités prioritaires de la troïka.
« Les réformes, comment doivent-elles finalement être appliquées ? – s’interrogea-t-il lors d’une interview à la radio. – C’est en fait le grand objectif que nous nous fixons. C’est-à-dire que si un jour nous avons à nouveau besoin de former une telle structure, elle devra alors fonctionner sur une base parlementaire – légalement, sous contrôle et de façon responsable. »
Comme on l’apprend, les membres de la commission parlementaire n’ont pas pu se rendre de Lisbonne à Athènes, la Grèce ayant demandé d’ajourner ce voyage. Soit dit à propos, ce pays a pris ce janvier la présidence tournante de l’UE. On ignore les motifs pour lesquels la Grèce a refusé de rencontrer les « inspecteurs » parlementaires.