TOUT EST DIT

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samedi 28 septembre 2013

François Hollande, le magicien fiscal

Le rideau de fumée des déclarations officielles ne peut dissimuler la réalité : les impôts, les déficits et les dépenses publiques continueront d'augmenter.

François Hollande a peut-être raté sa vocation. On l'imagine sur une scène de music-hall vêtu en magicien, redingote et chapeau haut de forme, maniant avec dextérité une baguette étoilée et faisant surgir une colombe tout en escamotant un lapin. Tout l'art du prestidigitateur consiste en effet à faire diversion, à capter l'attention du spectateur sur un espace éclairé pendant que les choses sérieuses se passent ailleurs, dans la pénombre. C'est à peu près la méthode employée ces jours-ci pour faire avaler quelques bons gros mensonges en matière budgétaire et fiscale.
"Oyez, oyez, bonnes gens. L'an de grâce 2014 - le troisième du règne de la hollandie - verra vos impôts sinon fondre comme neige au soleil du moins se figer telle l'huile un soir d'hiver", proclament en ce début d'automne les hérauts du gouvernement (qui sont aussi parfois des Ayrault...). Ils assènent au bon peuple médusé et avec un culot d'acier que les dépenses publiques vont diminuer, que le pays est dans la juste voix qui va le conduire à la vertu financière.
Un simple coup d'oeil sur le projet de budget 2014 suffit à pulvériser ce hasardeux montage de com. Hausse de la TVA, des droits de mutation dans l'immobilier, baisse du plafond du quotient familial, fiscalisation de la majoration des pensions de retraite pour les retraités ayant eu trois enfants : l'addition est plutôt salée. Côté entreprises, on a même inventé un nouveau et inquiétant monstre fiscal : l'impôt sur l'excédent brut d'exploitation, censé remplacer deux autres taxes supprimées. Les dépenses de l'État, elles, continueront de croître d'environ cinq milliards.

La course vers l'abîme

"Mais, rétorquent les ministres concernés, si nous n'avions rien fait, elles auraient augmenté de 20 milliards". Hosanna ! On n'arrête pas la course vers l'abîme, on la ralentit. Imaginez un citoyen lambda déjà lourdement endetté gagnant, par exemple, 50 000 euros par an et qui en dépense 70 000. La bouche en coeur, il va expliquer à son banquier que, l'an prochain, il sera raisonnable et ne dilapidera "que" 60 000 euros et que, par conséquent, il sollicite un prêt pour financer ses dépenses courantes. Dans un tel scénario, le malheureux se retrouverait rapidement avec les huissiers aux trousses, des saisies-arrêts sur salaire et peut-être en faillite personnelle.
Heureusement, les États ne sont pas soumis aux mêmes règles contraignantes. La dette de la France continuera, par conséquent, d'augmenter pour atteindre un niveau record : 95,1 % du PIB. On a bien taillé à la serpe dans les budgets de certains ministères, réduit les dotations des agences de l'État, rogné celles des communes. Mais l'on refuse de s'attaquer au coeur du problème : une fonction publique pléthorique et mal répartie protégée par un statut anachronique. Un peu plus de 2 000 postes de fonctionnaire seront, paraît-il, tout de même supprimés... sur 5 millions. Bel effort. Rappelons que nos malheureux voisins allemands - de toute évidence sous-administrés - ne disposent que de 50 fonctionnaires pour 1 000 habitants contre... 90 en France. Quant à la Suède, elle a, en vingt ans, diminué de 38 % le nombre d'agents publics...

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