TOUT EST DIT

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vendredi 16 août 2013

Hollande face à une majorité de plus en plus déboussolée


La querelle entre Valls et Taubira sur la réforme pénale montre les divisions qui traversent la gauche.
Elle gronde, elle menace, elle tempête. Au point d'exploser? Avec l'orientation sociale-démocrate de la politique de François Hollande, la majorité présidentielle n'en finit plus de se noyer dans ses atermoiements. Du traité européen au pacte de compétitivité et à l'assouplissement du marché du travail, en passant par les restrictions budgé­taires, la hausse annoncée de la TVA ou, pire encore, la réforme des retraites à venir, la gauche est mise à rude épreuve.
Le grand flou du fou
D'autant que le différend entre Manuel Valls et Christiane Taubira sur la réforme pénale ravive l'éternelle querelle entre tenants de l'autorité et adversaires du «tout-répressif». Les deux ministres seront très attendus, en fin de semaine prochaine, aux universités d'été du PS à La Rochelle où chacun pourra compter ses soutiens.
Avant les législatives de 2012, François Hollande avait appelé les Français à lui donner une majorité «large, solide, cohérente». Elle est aujourd'hui étriquée, friable et décousue.
À lui seul, le groupe PS n'est plus majoritaire à l'Assemblée nationale que de trois voix. Ses alliés écologistes menacent à échéance régulière de quitter le gouvernement et, au Sénat, il leur est déjà arrivé de voter contre le gouvernement. Quant à la ligne politique, elle est l'objet de débats récurrents, entre partisans d'une rigueur assumée et militants d'un assouplissement de la politique budgétaire. Parmi ces derniers, Arnaud Montebourg et Claude Bartolone. Ce n'est donc pas un hasard si, dimanche, pour la Fête de la rose de Frangy-en-Bresse, le président de l'Assemblée nationale sera l'invité d'honneur du ministre du Redressement productif. Et ce n'est pas non plus un hasard si, aux universités d'été du PS à La Rochelle, les partisans de François Hollande, comme Manuel Valls ou Stéphane Le Foll, se préparent à résister aux assauts de la gauche du PS.
Face à ces interminables querelles de ligne politique, assez traditionnelles au PS et plus largement au sein de la gauche, François Hollande ne s'inquiète pas. Et se dit persuadé que pour turbulente qu'elle soit, sa majorité passera sans encombre l'épreuve de la rentrée. «J'espère même qu'elle tiendra encore plus longtemps. Au moins jusqu'en 2017», confiait-il lors de l'un de ses déplacements estivaux.
Au PS, si l'on reconnaît une certaine tension dans la majorité, on se montre tout aussi optimiste. «La majorité est entamée mais elle est encore solide», assure un dirigeant du parti. «Le pro­blème, c'est qu'elle est fragilisée par l'exercice du pouvoir, concède-t-il. Mais le point positif, c'est qu'elle n'est pas entrée en guerre. Il n'y a pas aujourd'hui une hostilité telle qu'elle se traduise par une offre politique alternative à gauche, comme cela a été par exemple le cas en Italie avec Beppe Grillo

Le scénario Beppe Grillo

Pour l'heure, c'est surtout la menace de candidatures dissidentes aux municipales de mars 2014 qui inquiète le pouvoir. Après avoir reçu les chefs de parti majoritaires à l'Élysée début juillet, François Hollande a renouvelé l'invitation pour la fin de l'année. Histoire de prendre la mesure de sa majorité à l'issue de la séquence compliquée de la rentrée, avec la réforme des retraites et le vote du budget, et avant l'entrée dans la séquence municipale. «La gauche est très unie à la base, dans les municipalités, et très divisée à son sommet, commente un expert électoral du PS. On travaille à l'union aux municipales. Mais si elle venait à se casser, c'est tout l'édifice qui serait bloqué.» Ainsi, la principale menace qui pèserait sur la majorité de François Hollande ne viendrait pas des dossiers de la rentrée mais plutôt des élections à venir.
Car en mai viendront les européennes, scrutin proportionnel à un tour, mécaniquement favorable au Front national et qui se résume souvent à un vote défouloir. C'est sur ce type de scrutin que le risque Beppe Grillo pèse sur la majorité. Candidat aux européennes pour Europe Écologie-Les Verts en 2009, l'humoriste Marc ­Jolivet assurait récemment sur Europe 1 réfléchir à présenter une liste autonome en 2014. François Hollande n'en a pas fini avec les tourments de sa majorité.

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