TOUT EST DIT

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mardi 9 juillet 2013

Sarkozy, la possibilité d’un retour

C’est devenu le grand jeu dans les conversations de ceux qui en rêvent comme de ceux qui le redoutent : va-t-il revenir ? Réponse : en dépit d’un discours très politique, il est prématuré de spéculer sur une candidature de Nicolas Sarkozy.

Premièrement, l’amertume n’est pas un tremplin. Nicolas Sarkozy a d’abord voulu mettre en scène une mobilisation pour effacer les effets financiers d’une sanction dont il porte la responsabilité. Quand on est le parti de l’ordre et que l’on a présidé la France, on assume et on ne se refait pas une santé sur le dos des institutions.
Alain Juppé le suggère à travers son respect de la chose jugée: ce serait un bien mauvais message que d’affaiblir la plus noble des juridictions. On a le droit de considérer que la loi, qui a aussi servi à invalider des députés de gauche, parfois pour des broutilles, est trop sévère. Mais il ne faut pas reprocher aux Sages, issus majoritairement de pouvoirs de droite (!), de l’appliquer.
Deuxièmement, si les sondages font de Nicolas Sarkozy le candidat plébiscité des militants UMP, ils signalent aussi qu'une majorité de Français souhaitent qu’il ne revienne pas. Ceux qui ont voté contre lui - plus que pour François Hollande - ne semblent pas tous prêts à se renier.
Les élections partielles l’ont montré : les malheurs de François Hollande, en nombre de voix, font davantage le bonheur des extrêmes et de l’abstention que de l’UMP.
Troisièmement, pour répondre aux préoccupations - chômage, impôts, sécurité - il faut un homme, un projet et une stratégie. L’homme sera choisi lors de la primaire de 2016, en ont décidé les militants. Le projet reste d’autant plus flou que le bilan du quinquennat n’a pas été dressé. La stratégie est source de désaccords majeurs, s’agissant notamment de la conduite à tenir vis-à-vis du Front national.
Enfin, cette affaire des 11 millions, qui s’ajoute à un passif de 44 millions, perturbe le calendrier de l’opposition. Mais alors que les Français souffrent, que le parti n’a pas le premier euro, et que les enquêtes judiciaires se multiplient, il y aurait quelque irresponsabilité à lancer la campagne quatre ans avant l’échéance.
Personne ne sait ce que sera la situation au moment de choisir les candidats. Ni ce que sera la situation financière et politique à l’UMP. L’idée d’un retour de l’ex-président ne fait pas que des heureux parmi les prétendants potentiels ou déclarés - Fillon, Copé, Bertrand, Le Maire, Juppé, NKM… - à la fonction suprême.
Les conditions d’un retour ne sont donc pas réunies et ce calendrier ne correspond pas aux plans des conseillers de Nicolas Sarkozy. Pour autant, l’invalidation des comptes de campagne lui fournit une occasion, imprévue mais intéressante, de tester la situation.
En se posant en patron d’un parti qu’il ne préside pas, il crée une occasion à la fois de s’ouvrir et de se serrer les coudes. Les meilleurs ennemis du monde UMP sont contraints d’afficher leur solidarité. Le « sarkothon », inventé par Jean-François Copé, médiatisé à l’extrême et facilité par un Parti socialiste aux abonnés absents, offre l’occasion aux militants de vibrer après tant de mois de déchirements.
Enfin, elle permet à l’ex-président d’occuper les exégètes et d’inoculer du désir, dont il évaluera plus tard l’ampleur. Même s’il bout d’envie d’en découdre, l’épisode d’hier est juste annonciateur de la possibilité d’un retour.

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