TOUT EST DIT

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samedi 22 juin 2013

Toujours les prisons...


Voici de nouveau les prisons, problème posé depuis des dizaines d'années. Avec beaucoup d'autres organisations, nous demandons depuis longtemps que tout soit fait pour améliorer la condition pénitentiaire, mais le drame continue pour le déshonneur de notre pays. C'est en effet un drame, non seulement pour les détenus mais aussi pour le personnel de cette administration délaissée.
Aujourd'hui, ce sont les gardiens qui protestent. La semaine dernière, 15 surveillants bloquaient la maison d'arrêt de Caen qui compte 440 détenus pour 280 places. Protestation également à Saint-Brieuc où la prison héberge 170 détenus pour 85 places. On pourrait énumérer toutes les prisons de France : 4 000 surveillants se sont ainsi rassemblés devant 110 prisons pour protester.
C'est la surpopulation carcérale maintes fois dénoncée qui fait des prisons une poudrière et « pourrit » la vie des personnels pénitentiaires. Ainsi, à la maison d'arrêt de La Roche-sur-Yon, la plus surpeuplée de France, où l'on compte 100 détenus pour 40 places, un surveillant déclarait : « On vit avec les détenus. Leur situation et nos conditions de travail sont liées. »
La solution pour les gouvernements successifs est de construire de nouvelles prisons, mais celles-ci sont aussitôt remplies et de nouveau surpeuplées. Pour 57 000 places, on compte aujourd'hui 68 000 détenus dont 17 000 prévenus. C'est sans doute le nombre des placements en détention avant jugement qui est une cause de cette surpopulation. Mme Taubira, garde des Sceaux, a attiré l'attention sur ce point mais, semble-t-il, rien ne change.
Tout le monde est concerné
Le projet de construction et d'amélioration relancé par Mme Taubira est poursuivi, mais on est malgré tout loin du compte : pour l'année 2018, le nombre de places devrait être de l'ordre de 63 500. Or le nombre des détenus actuels est déjà de 67 800, bien supérieur donc. M. Delarue, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, sonne régulièrement l'alarme. Il demande qu'on recoure le moins possible à la détention provisoire. Il déplore l'évolution permanente vers plus de condamnations. « Si l'on jugeait aujourd'hui comme il y a 40 ans, environ moitié moins de détenus se trouveraient dans les prisons. »
Autre conséquence désastreuse, les suicides en prison. Ils sont plus nombreux en France avec 15,5 suicides pour 10 000 détenus, contre 6,7 pour l'ensemble des pays membres du Conseil de l'Europe.
Une évolution cependant apparaît légèrement positive : le progrès des peines aménagées et de la surveillance électronique qu'il faudrait véritablement promouvoir, comme le recommande Mme Taubira.
Les personnels pénitentiaires ont fait connaître une nouvelle fois leurs revendications. Elles sont justifiées, mais tout doit se faire dans le respect des personnes et c'est possible si l'on traite la question dans son ensemble. C'est à quoi s'attachera Mme Taubira, lors de l'examen du projet de loi pénal qui ne saurait tarder. On sait désormais que, ou bien on avance enfin vers l'arrêt de la surpopulation, ou bien ce sera l'explosion.
Tout cela nécessite de la part du gouvernement et du Parlement une attention extrême. Or, trop souvent, gouvernement et Parlement se sont réfugiés derrière l'opinion publique qui ne juge pas ce problème prioritaire. Pourtant, chacun devrait réfléchir à ce qu'est la réalité dans les prisons car chacun d'entre nous est concerné comme citoyen et pourrait l'être un jour directement ou indirectement par l'un de ses proches.

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